Mardi 05 novembre 2024

Économie

PROPA-O, un projet très salué

24/08/2017 1

Les activités du  projet PROPA-O connaissent une avancée significative. Des marais ont été aménagés et sont  exploités, des hangars de conservation des récoltes construits et fonctionnels et la diffusion des animaux se poursuit. Les bénéficiaires se disent satisfaits.

L’objectif du projet est d’éradiquer la malnutrition et arriver à la sécurité alimentaire. Les activités réalisées part de l’augmentation de la production, la valorisation et l’accès aux marchés  et ainsi améliorer la situation nutritionnelle des populations.

Marais de Mutimbuzi, ici les agriculteurs espèrent produire plus grâce au SRI

Les provinces visitées à savoir Bujumbura, Cankuzo et  Ruyigi ont enregistré des résultats significatifs. Les ménages qui ont reçu des vaches et des porcins, ceux qui ont cultivé le riz et qui exploitent les hangars de stockage, témoignent leur satisfaction.

En province Bujumbura, PROPA-O a aménagé le périmètre de Maramvya-Kirekura  sur 96ha en commune de Mutimbuzi en faveur de 246 riziculteurs.  La technique développée est le SRI (système de riziculture intensif).

Pour ce faire, le projet a réhabilité le barrage de Muzazi, construit des ouvrages d’irrigation et drainage, permettant de capter l’eau sur la rivière Muzazi afin d’irriguer les champs de riz : « Avant il n’y avait que des champs de haricot et de maïs. La culture de riz sur base de la technique SRI est nouvelle dans la région », confie Privat Baranjeguye, responsable de la composante agriculture et infrastructure.

Côté bénéficiaire, la joie est perceptible. Gabriel Ntampera (49 ans), père de 8 enfants, explique : « Ce projet nous a d’abord appris à partir de Décembre 2016 le SRI pendant 10 jours. La formation s’est faite à travers ce qu’on appelle champ école paysan (CEP)»

Grande joie chez les bénéficiaires

Après cet apprentissage, poursuit M. Ntampera, il a appliqué la leçon dans son champ de 27 ares. Il a utilisé les semences de deux variétés de riz  V1380 et Watt en appliquant la technique apprise : « Avec 2 kilogrammes de semences de riz plantés Watts plantés, j’ai récolté 950 kilogrammes et 1124 kilogrammes sur deux kilogrammes plantées de V1380. »

Pour lui, la technique dite SRI à plusieurs avantages. Tout d’abord, elle permet d’économiser les semences:« 2kg ont suffi alors qu’avant j’utilisais 20kg sur un champ de mêmes dimensions», d’augmenter les rendements de production, passant du simple au double, tout en réduisant de moitié les besoins en eau de la plante. « Une graine donne plusieurs plants. Ce qui fait qu’1 kilogramme peut produire entre 800 et 900 kilos de riz. La production ne prend que 140 jours y compris le temps des pépinières, ce qui me permet de pratiquer deux saisons rizicoles par an », confie-t-il.

Outre la culture du riz dans le marais, PROPA-O a distribué des vaches et porcins dans cette commune. Célestin Bizimana, habitant la transversale 14 de la colline Kirekura en zone Maramvya de la province Bujumbura, a reçu un porc en avril 2014. Ce père d’un  garçon de deux ans venait de passer des années sans emploi : « J’avais quitté les groupes rebelles et j’étais démobilisé mais je ne voyais pas comment j’allais vivre. »

 

Célestin a remboursé deux porcelets à deux autres ménages dans la chaine de solidarité comme recommandé par le projet puis il a acheté un champ de riz, une plaque solaire et des chèvres avec de l’argent provenant de la vente des porcelets.

« Plus d’estime grâce à ce projet… »

Reconnaissante, Estelle Ndayishimiye, son épouse confie que sa vie a changé grâce à ce porc : « Avant je vendais de la main d’œuvre, louais les champs des voisins pour cultiver le riz et pouvoir  faire vivre la famille. C’était dur»! Affirme-t-elle.

Actuellement, je cultive mon propre champ de riz que j’ai acheté. » Outre cet avantage, l’épouse de Bizimana affirme avec fierté qu’elle a plus d’estime dans son voisinage.

La même satisfaction s’observe chez Julien  Sindaharaye, père de sept enfants qui a reçu une vache. Il a déjà offert un veau à une autre famille. Depuis, il s’est acheté une autre vache d’une valeur de 550 mille Fbu grâce aux économies tirées de la vente du lait (9 litres le matin et 3 litres le soir). Il a, par après, acheté une plaque solaire pour l’éclairage. Il a ensuite acheté un champ où il cultive du riz. La bouse de vache l’aide énormément dans son champ.

Outre ses achats, il parvient à payer l’école privée pour trois de ses enfants. Selon lui, avant l’avènement de ce projet, il était dans la précarité totale car il n’avait pas assez de nourriture pour sa famille mais actuellement tout va bien : « Mes enfants boivent du lait régulièrement car les trois litres du soir sont réservés à ma famille. » Et de conclure avec fierté qu’il compte construire une maison en matériaux durables.

Interrogé, Daniel Mazarahisha, directeur provincial de l’agriculture et l’élevage à Bujumbura, salue les activités du PROPA-O à Mutimbuzi : « Outre l’aménagement du marais, ce projet a réhabilité une piste d’accès pour faciliter l’acheminement des récoltes vers un hangar qu’il a construit. C’est extraordinaire. »

Des magasins de stockage mis en valeur

De plus souligne M. Mazarahisha, la culture de riz et la distribution des bovins et porcins va non seulement rapporter des revenus aux populations bénéficiaires mais également contribue à lutter contre la malnutrition.

Le hangar construit par PROPA-O sur la colline Rabiro en commune Gisagara dans la province
Cankuzo.

La visite s’est poursuivie en province Cankuzo. En commune Cendajuru sur la colline Twinkwavu, PROPA-O a mis en valeur un magasin de stockage construit par PPCDR sur un financement de l’UE (9ème et 10ème FED) en le rendant opérationnel en renforçant les capacités des bénéficiaires sur le volet de la valorisation de la production et l’accès aux marchés.

Venantie Misago (36ans), présidente de la coopérative Abakoranabushake, indique  que le projet les a organisés en associations de 10 personnes chacune. Chaque groupe ayant son chef, un trésorier et un secrétaire. Les 105 groupements ont formé la coopérative de 1050 membres dont 503 hommes et 547 femmes : « Le PROPA-O nous a aidé dans cette organisation jusqu’au notaire. » Côté conservation, la coopérative a stocké plus de 58 tonnes de riz en 2016. Comme la commune est vaste, cette coopérative a dû louer 3 petits hangars : « Le 1er contenait 12 tonnes, le second 7 tonnes et le troisième 4 tonnes. » L’importance de ce hangar selon Venantie Misago c’est qu’il permet une conservation des récoltes pour plus de sécurité et plus de gain; ils vendent au moment où les prix sont élevés: « Cela nous évite le gaspillage. »

Pour éviter toute tricherie, chaque membre possède sa propre fiche sur laquelle est mentionnée sa récolte. Il retire et stocke comme il l’entend. En contrepartie, 4% de son stock est donné à la coopérative pour permettre à celle-ci d’assurer d’autres dépenses.

PROPA-O a également donné des vaches dans cette province. Léonidas Ndizeye de la sous-colline Nyabitsindu de la colline Kirambi en commune Gisagara, père de 5 enfants a eu une vache : « Même si elle a tardé à mettre bas, j’ai profité de sa bouse et cela m’a aidé dans la production de haricot et du maïs car le sol n’est plus fertile. » Après, souligne-t-il, il a vendu du lait et cela lui a permis d’acheter des tôles pour sa maison.

Des marais aménagés

PROPA-O a également aménagé dans la même commune le marais de Nyamuyumpu-Nyamwijima sur 82 hectares. Le projet a appuyé les riziculteurs en formation et en semences sélectionnées. Ils attendent les premières récoltes incessamment. Isaac Nsanzumwaka, président de ce marais indique qu’il est d’une importance capitale car avant le riz n’avait jamais été planté sur ce marais. « Après la récolte nous comptons y planter le haricot et le maïs en attendant l’autre saison culturale pour le riz. » ajoute-t-il.

La visite s’est clôturée en province Ruyigi où PROPA-O, à l’instar de deux premières visites, a distribué des vaches et des porcins. Le projet est également actif sur le volet de lutte contre la malnutrition à travers  les Foyers d’Apprentissage et de Réhabilitation Nutritionnelle (FARN-FAN). Anastasie Kabura (20 ans) de la colline Nyabitaka en commune Gisuru de la province Ruyigi a bénéficié de ce volet. Son cadet de 3 ans était malade à cause de la malnutrition et n’avait que 7 kilogrammes : « Ils l’ont réhabilité et m’ont appris comment lui préparer un repas équilibré où il y a les lipides, les glucides et les protéines. Nous sommes sortis au bout de 12 jours. Il avait 8 kilos. » Le projet lui a offert un porc et des semences de légumes comme des choux, des carottes et des amarantes. Grâce à ce porc, elle a aménagé un potager qu’elle entretient grâce aux compostes.

 

Le PROPA-O est un projet du Gouvernement financé par la commission de l’Union Européenne pour une durée de 58 mois. Son objectif  est de contribuer à l’atteinte de l’OMD 1c qui vise à réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim. Ce projet couvre 8 provinces des régions de l’Imbo et du Moso à savoir Cibitoke, Bubanza, Bujumbura, Bururi, Makamba, Rutana, Ruyigi et Cankuzo. Il est sous la supervision du FIDA et son exécution implique le PRODEFI, les ONG ACORD et CAPAD ainsi que trois agences du système des nations unies: La FAO, le PAM et l’UNICEF.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Jandi Propa 0

    Merci cher Journaliste, MAIS… il est tres important de mentionnner que la distribution des  » ces vaches et porcelains »… suit plutot des criteres un peu flous tels que politiques et ethniques! JUSTICE AU BURUNDI???

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