Vendredi 08 décembre 2023, un atelier de présentation des réalisations du projet ‘’ renforcement de la paix durable à travers l’amélioration du bien-être psychosocial des femmes affectées par les traumas liés aux conflits et aux VBG et les Policiers œuvrant au niveau Communautaire’’, a été organisé, à Bujumbura. Des résultats encourageants ont été enregistrés et les bénéficiaires demandent sa pérennisation.
« Son objectif principal était de réduire la prévalence des conflits et de la violence dans les communautés et de renforcer la cohésion sociale en s’attaquant aux problèmes de santé mentale et du bien-être psychosocial des femmes impactées par les différentes crises et par les VBGs ainsi que de la police de proximité », a annoncé Mme Patricia Ntahorubuze, au nom du représentant résident du PNUD au Burundi. D’après elle, le projet s’est proposé d’allier la prise en charge des traumatismes et la résilience socio-économique afin de garantir un recouvrement complet et une implication effective dans les initiatives de capitalisation de la paix au niveau communautaire.
Elle a ensuite indiqué que ce projet a été mis en œuvre dans 11 communes des provinces de Rumonge, Makamba et Rutana qui ont été identifiés de commun accord avec le ministère de tutelle, celui de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique.
Les récipiendaires directs du projet étant le PNUD, CORD-Burundi avec le ministère de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique comme institution de coordination, a-t-elle précisé notant que les institutions de mise en œuvre sont la Fondation CAPAMI qui est spécialisée sur les questions de santé mentale et de prise en charge psychosociale et l’Association AFRABU qui a une expertise dans la réinsertion socio-économique durable des femmes rapatriées.
D’après elle, des résultats palpables ont été enregistrés. A titre illustratif, Mme Ntahorubuze a cité la mise en place des mécanismes de prise en charge des problèmes de santé psychosociale et mentale au niveau communautaire et au sein de la police ; la professionnalisation des structures déconcentrées en charge de la gestion ; un début d’institutionnalisation de la question de santé mentale au sein de la police nationale du Burundi ainsi que la mise en place de réseaux de groupes d’entraide qui ont impulsé la résilience socio-économique des femmes vulnérables. « Il ne fait aucun doute que ces résultats sont les fruits d’une bonne collaboration et d’un engagement pris par chacun de nous, d’œuvrer en faveur de l’amélioration des conditions de vie des populations », a-t-elle souligné.
Et de remercier l’Inspection générale de la police nationale du Burundi pour la coordination avec succès du projet, CORD pour la conduite avec succès du volet réintégration socio-économique et par sa bonne collaboration depuis l’élaboration du projet et la Fondation CAPAMI et l’association AFRABU pour leurs expertises mises à la disposition des centaines d’hommes et des femmes et qui sont aujourd’hui témoins oculaires de l’impact positif du projet sur leurs conditions de vie.
Elle a en outre remercié les bénéficiaires des formations au sein de la police et de la communauté qui ont pris les choses en main et qui ont su exploiter les formations.
« Ces résultats méritent d’être pérennisés et les populations concernées comptent sur vous. Nous ne doutons pas qu’avec l’encadrement de l’administration locale, qui elle-même a été renforcée à cet effet, les mécanismes communautaires mis en place vont tous continuer à fonctionner que les structures déconcentrées vont continuer à délivrer les services de prise en charge et que les réseaux d’entraide vont poursuivre les efforts d’inclusion financière », a-t-elle mentionné, tout en félicitant, au nom du représentant résident du PNUD au Burundi, la police nationale qui a déjà commencé à institutionnaliser la question de santé mentale en l’intégrant dans les causeries morales et en conduisant des activités similaires dans d’autres commissariats sur son budget propre : « La question de santé mentale est très cruciale pour le bon fonctionnement de votre corps et surtout pour la sécurité communautaire. »
Elle a tenu à souligner que la présentation de ces réalisations coïncide avec la période de 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Et de signaler qu’une étude menée dans le cadre de ce projet sur la corrélation entre les problèmes de santé psychosociale et de santé mentale et les conflits sociaux dans les 10 communes d’intervention est révélatrice.
D’après elle, elle a révélé que les violences basées sur le genre et les violences sexuelles surtout les violences faites aux femmes sont de loin la première cause de troubles psychosociaux et de santé mentale et que ces dernières constituent aussi la première cause des conflits au niveau communautaire, lesquels conflits peuvent aller jusqu’à des tueries ou à des suicides. Et d’interpeller : « Les résultats de cette étude nous interpellent tous. Nous devons tous conjuguer nos efforts pour éradiquer ce mal qui gangrène notre société. »
Satisfaction de la PNB
« Les policiers des 11 commissariats communaux ont bénéficié du savoir-faire des pairs éducateurs formés par l’ONG locale CAPAMI Foundation et ont vu leur bien-être psychosocial amélioré et jouent actuellement leur rôle d’acteurs de capitalisation de la paix », a indiqué Général Major Fréderic Budomo, inspecteur général de la police nationale du Burundi.
Procédant à l’ouverture de cet atelier, il a signalé qu’un espace de discussion et d’échanges sur les questions de santé mentale et bien-être psychosocial au sein de la PNB Région Est a été créé. « L’appui logistique par le PNUD d’un véhicule et de 14 motos et de 15 tablettes a joué un rôle très important dans l’atteinte de ces résultats », a-t-il révélé, notant néanmoins qu’il y a des activités qui restent toujours sur le programme et qu’on va bientôt réaliser. Il s’agit selon lui de la formation des pairs éducateurs sur le système de rapportage à l’aide de l’application KOBO CORRECT et l’octroi de 15 autres motos aux pairs éducateurs et points focaux de zones d’intervention.
Dans sa présentation, Colonel de Police, Fabien Nininahazwe, point focal du projet au sein de la PNB a reconnu que ces résultats ont été atteints grâce au renforcement des capacités opérationnelles et techniques du personnel du projet par le PNUD. Ainsi, a-t-il mentionné, 44 pairs éducateurs et 253 parrains collinaires ont été formés. Et de préciser que l’octroi de 14 motos aux trois provinces pilotes, la dotation à la PNB d’un véhicule de supervision ont facilité le travail de sensibilisation.
Il a, en outre, indiqué que le renforcement des capacités des 100 leaders et 100 gestionnaires des initiatives a permis d’acquérir les connaissances sur l’approche d’entraide « self-help group », du leadership, des notions de base de la gestion financière et la comptabilité, ainsi que l’archivage et le rapportage. « Ce qui leur permettra d’assurer efficacement la gestion des activités génératrices de revenus des groupements même après le projet. L’implication des autorités locales dans le suivi des activités des Self-Help Groups a contribué à l’appropriation du projet par les autorités administratives, et la plupart d’elles se sont engagées à continuer à soutenir les bénéficiaires et collaborer avec eux dans les initiatives de consolidation de la paix dans les communautés, après le projet », s’est-il réjoui.
Il a en outre indiqué que l’implication des chefs collinaires dans l’organisation des dialogues communautaires donne une possibilité de durabilité du fait que la majorité des chefs collinaires sont en même temps des pairs éducateurs.
D’après lui, des changements positifs ont été enregistrés. « Les bénéficiaires du projet témoignent d’une amélioration de leur état psychosocial et mental : le bon sommeil retrouvé) ; estime de soi, le courage de s’investir dans les activités génératrices de revenus ; l’entente familiale rétablie; et les bonnes relations avec les autres membres de la communauté », a-t-il énuméré, appréciant aussi qu’il y a un accroissement de la prise de conscience sur les questions de santé mentale au sein de la population, de l’administration locale et des autorités centrales.
Les défis
Malgré ce bilan largement positif, Général Major Fréderic Budomo, inspecteur général de la police nationale du Burundi a signalé que les défis n’ont pas manqué. Il a cité, entre autres, la persistance de la mentalité d’avoir peur de dénoncer des VBG subis chez certains. Ce qui nécessite toujours une sensibilisation, a-t-il relevé, citant aussi la persistance de la violence chez certains maris malgré la sensibilisation et la participation aux dialogues communautaires. « La non implication de leurs conjoints dans l’accompagnement psychologique, la stigmatisation de certaines femmes et l’absence des épouses et époux des policières dans l’accompagnement risque de limiter les effets de la formation », a-t-il aussi signalé.
Et pour faire face à ces défis, il a estimé que l’extension en termes de délais d’étendue de la zone d’intervention vers d’autres communes s’avère indispensable pour, d’’’une part consolider les acquis dans les zones d’intervention ayant déjà bénéficié de cette formation et d’autre part, étendre les activités dans d’autres circonscriptions pour appuyer d’autres activités de capitalisation de la paix déjà acquise’’.
Au cours de cet atelier, deux autres présentations ont eu lieu. La première s’est focalisée sur les résultats et changements induits par les cadres de dialogues intracommunautaires-Ibicaniro vy’imiryango et la seconde sur la résilience socio-économique comme support au bien-être mental pour la capitalisation de la paix effective : réalisations et résultats.
Via des témoignages, le constat est que le projet a été une réussite. En ce qui est par exemple de l’augmentation des revenus des bénéficiaires, Dismas Ndayikengurukiye, Country Programme Manager au sein de Cord Global a révélé que 95% des bénéficiaires qui ont participé au sondage mené en octobre 2023 (2305 sur un total de 2500 bénéficiaires) affirment que leurs revenus ont augmenté.
Des travaux en groupes ont aussi eu lieu pour dégager des recommandations en ce qui est de la stratégie de pérennisation du projet.
– Province Rumonge: Muhuta; Burambi,
Buyengero et Rumonge
– Province Makamba: Nyanza-lac, Kibago,
Makamba et Kayogoro
– Province Rutana: Bukemba, Rutana et Giharo
– Création des centres de prise en charge des personnes vivant avec handicap mental au corps de Police de proximité
-Doter des outils de pérennisation les pairs éducateurs,
-Veiller au suivi et encadrement par l’administration des groupements de solidarité déjà mis en place, comme c’est le cas des autres groupements entre autre les coopératives
-Les facilitateurs du projet doivent continuer l’encadrement des groupements
-Etendre la zone d’intervention
-Etendre le champ des bénéficiaires de la formation sur la santé mentale à l’appareil administratif et aux équipes de médiation collinaires (abahuza)
-Prévoir des recyclages des pairs éducateurs/FC
-Limiter les mutations des pairs éducateurs policiers
-Étendre le projet sur tout le territoire national (recommandation adressée au PNUD, PBF et autres partenaires financiers)
-le projet une fois reconduit, tenir compte des couples comme cibles principales
-le projet une fois reconduit, il faut que les responsables des organisations de mise en œuvre puissent être parmi les rédacteurs du prodoc.