Le gouvernement du Burundi à travers le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a lancé, ce 24 mai 2023, le projet Kugwiza mise en œuvre par l’Institut International de l’Agriculture Tropicale (IITA) sous financement de l’USAID. Ce projet vise la vulgarisation et l’adoption des innovations agricoles pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Le projet est exécuté dans les pays des Grands Lacs (Burundi, République démocratique du Congo et Rwanda) pour un montant de 20 millions de dollars américain.
Au Burundi, les innovations et les technologies à vulgariser à travers ce projet sont celles développées et validées par l’Institut des sciences agronomiques du Burundi (ISABU) sous l’assistance technique des institutions internationales membres du CGIAR (Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale) dont IITA, ILRI, IRRI, CIAT, CIP).
Le projet Kugwiza vient en aide aux agriculteurs pour améliorer leurs systèmes de production, de conservation de la récolte et de la transformation alimentaire afin de faire face à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Dans sa phase initiale, le projet vise à assister 500 mille ménages durant les deux ans de mise en œuvre dans 12 provinces d’intervention dont : Cibitoke, Bubanza, Kayanza, Ngozi, Kirundo, Muyinga, Karusi, Gitega, Muramvya, Ruyigi, Rutana, Makamba.
« Les avantages du projet Kugwiza résident dans le fait que des nouvelles variétés (haricot, maïs, patate douce, manioc, banane, riz) seront expérimentées dans les champs de démonstration et dans les champs individuels des producteurs afin de constater la différence des rendements obtenus et adopter les cultures sélectionnées et certifiées recommandées par les institutions de recherche agronomique. Pour améliorer les races bovines, les vaches seront inséminées et des nouvelles innovations sur l’alimentation de bétail et de la volaille seront introduites » a indiqué Matieyedou Abdou Kanlambigue, coordinateur régional du projet Kugwiza.
Selon lui, ce projet se base sur des partenariats existants dans le pays pour pouvoir accélérer la dissémination de ces innovations : « Au Burundi, on a des organisations étant déjà sur terrain, qui travaillent avec les producteurs et les connaissent mieux ».
Concernant la population ciblée, il a expliqué que ce projet va être plus inclusif pour que le maximum des producteurs agricoles dans les villages soit concerné, avec focus particulier sur les femmes et les jeunes.
Il a fait savoir qu’après la première phase de deux ans (2023-2024), on pourra concevoir une autre intervention pour accompagner ce processus déjà déclenché, en fonction des résultats atteints.
Kugwiza fait déjà une différence dans la vie des petits producteurs agricoles
« Kugwiza apporte une réponse rapide aux défis auxquels sont confrontés les petits exploitants agricoles au Burundi. Il connecte les agriculteurs aux outils innovants et aux informations dont ils ont besoin pour être plus productifs au cours des prochaines saisons culturales », a fait savoir Mike Michener, administrateur adjoint en charge de la résilience et sécurité alimentaire dans l’Agence américaine pour le développement international (USAID).
D’après lui, ce projet atteint les agriculteurs à travers des plateformes mobiles, de la radio et des démonstrations en personne : « De cette façon, nous recevons des commentaires réguliers sur les défis auxquels les agriculteurs font face et sur la manière dont l’initiative peut les soutenir ».
Selon lui, sans une action urgente pour appuyer les agriculteurs, la production agricole dans les zones vulnérables pourrait chuter au cours des deux prochaines années, et les familles et les communautés locales en souffriraient.
Mike Michener s’est réjoui des réalisations significatives déjà enregistrées par le projet Kugwiza : « Il fait déjà une différence dans la vie des petits exploitants agricoles. Au début de la saison culturale de novembre 2022, les agriculteurs ont reçu de meilleures semences ainsi que des informations et technologies pour contrer les effets des prix élevés des aliments, du carburant et des engrais ».
Grâce à Kugwiza, a-t-il souligné, les agriculteurs burundais peuvent être plus productifs au cours des prochaines saisons culturales et s’approvisionner dans les marchés locaux. Et d’apprécier que la priorité aux opportunités agricoles soit faite aux femmes et aux jeunes.
L’administrateur adjoint en charge de la résilience et la sécurité alimentaire dans l’USAID a apprécié que dans la saison culturale de février 2023 au Burundi, Kugwiza a touché plus de 130 mille agriculteurs avec des variétés et des pratiques améliorées pour la culture du maïs, des haricots et de la patate douce à chair orange, et pour l’élevage de poulets : « Les agriculteurs travaillent avec d’autres agriculteurs, des représentants de sociétés semencières et des partenaires locaux pour apprendre des techniques améliorées de l’agriculture ».
Pour lui, ce qui rend le projet différent des autres programmes de développement agricole, est qu’il fait des recherches avec d’autres instituts internationaux de recherche agricole pour promouvoir des innovations, des variétés de semences sélectionnées, de l’efficacité des engrais ainsi que des technologies agricoles avancées.
Il a rappelé que ce projet fait partie de Feed the Future, l’initiative mondiale du gouvernement américain contre la faim et pour la sécurité alimentaire.
Un projet qui cadre avec les initiatives du gouvernement
« Le gouvernement du Burundi à travers le ministre de l’Agriculture souscrit avec conviction à ce projet Kugwiza dont l’ambition est de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle par l’adoption rapide et à grande échelle des technologies validées et des innovations développées principalement par les institutions nationales de recherche agronomique sous l’assistance technique de l’IITA en adéquation avec les orientations exprimées par le gouvernement », a indiqué Emmanuel Ndorimana, assistant du ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage.
Il a remercié l’USAID et l’IITA pour avoir financé le projet Kugwiza dont les objectifs cadrent bien avec les actions entreprises par le Burundi.
En outre, il a rappelé que 9 sur 10 Burundais vivent en milieu rural et survivent presque exclusivement de l’agriculture et de l’élevage qui représente environ 40 % de produit intérieur brut (PIB) au Burundi.
Cependant, il a déploré que le secteur agricole reste confronté à nombreux défis notamment l’insuffisance des semences de qualité, les spéculations dans la chaîne de production des semences, les défis liés au traitement, au stockage et à la distribution des semences sélectionnées.
Selon lui, très peu d’agriculteurs burundais accèdent aux semences de qualité : « La disponibilité des semences sélectionnées constitue un casse-tête chez les agriculteurs burundais. Les statistiques montrent que moins de 10 % des agriculteurs ont accès aux semences sélectionnées ».
Des solutions pour relever ces défis
Emmanuel Ndorimana a martelé qu’il est important de prendre des mesures concrètes pour surmonter tous les défis qui hantent le secteur agricole à travers l’appui à la recherche pour la production et la multiplication des semences de qualité et à haut rendement afin de les distribuer aux producteurs agricoles dans les différentes communes du pays.
Il a précisé que différentes initiatives ont été faites par le gouvernement du Burundi pour relever les défis auxquels fait face le secteur agricole au Burundi. Et de souligner le plan national de développement (PND), les programmes nationaux de subvention des semences et des engrains ainsi que d’autres projets en cours de mise en œuvre sous l’appui des partenaires techniques et financiers.
Pour lui, il faut plus d’investissement dans les technologies de production, la multiplication, le stockage et la commercialisation des semences. Il a recommandé aussi l’amélioration de l’élevage par l’introduction des races améliorées et l’amélioration des systèmes d’encadrement agricole.
En outre, il a demandé l’augmentation des fonds et l’extension du projet Kugwiza afin de surmonter tous les défis.
Au Burundi, le projet Kugwiza est financé à hauteur de 4 millions de dollars. Il est mis en œuvre par deux partenariats. Le premier opère dans les provinces du nord-ouest et comprend l’ONG World Vision avec Welf Hunger Hilfe (WHH) et l’Agence de coopération et de recherche pour le développement (ACORD).
Le deuxième partenariat exerce dans la région de l’Est et comprend la Confédération des associations des producteurs agricoles pour le développement (CAPAD) et le Programme alimentaire mondial (PAM).