Dans la récente interview accordée à Iwacu, j’ai montré la responsabilité de l’homme dans les inondations de février dernier. Voici quelques actions urgentes pour éviter d’autres catastrophes. – par le Professeur Sylvestre Ndayirukiye, géographe
Il faudrait découper le territoire en entités d’aménagements spécifiques compte tenu de leurs spécificités physiques. Distinguer des régions de montagnes, de plaine etc. Intervenir à la fois sur le plan local et régional.
Sur le plan local, des actions techniques au niveau des communes : recalibrage des cours d’eau, agrandissement des lits, les curages des chenaux, entretien des berges et détermination des zones interdites dans les villes et les centres, effectuer des déviations et des contournements des cours d’eau dans les zones habitées en aval, réaliser des barrages en amont, endiguements et construction des terrasses sur les pentes.
Sur le plan régional, des institutions de bassins hydrographiques. Ce sont des établissements publics d’aménagement constitués en partie de l’Etat, des sociétés d’aménagement, des entreprises privées, des communes et des collectivités locales dont l’objectif principal est la gestion de l’eau dans tous ses aspects dans les bassins hydrographiques définis.
Agence de l’Aménagement du territoire, également un établissement public de l’ensemble du territoire. Outre que ces établissements jouent un rôle majeur de développement, ils contribuent à la création d’emplois à haute intensité.
Le fait urbain est inéluctable
Il faut réglementer l’extension urbaine inévitable, à Bujumbura et dans les autres villes. Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme prévoit l’extension urbaine à court et à long terme. Il prévoit les espaces à construire, à interdire et à protéger.
Le Plan d’Occupation du Sol détermine la destination de chaque terrain grâce l’indice d’utilisation qui en est le règlement. Le code d’urbanisme réunit toutes les lois. L’absence de ces outils permet à Bujumbura de s’étendre en désordre : occupation des espaces agricoles, dégradation du littoral touristique et paysager, occupation des terrains à risque dévastés par les crues et les glissements de terrain. Plus la population augmente, plus les victimes seront nombreuses.
Agir avant et après la catastrophe
Le système d’alerte précoce. Une surveillance permanente permet de donner des alertes en métrologie, en risques sismiques. Mettre en place des observatoires équipés d’instruments d’enregistrement interprétés.
Plan d’Intervention, c’est le plan d’action lors de la survenue d’une catastrophe pour limiter les dégâts humains et matériels.
L’indemnisation lorsque survient la catastrophe, déterminer le bilan des pertes chiffrées, caractériser l’échelle de la catastrophe à base des textes légaux et indemniser. Avec la garantie de l’Etat, et les sociétés d’assurances, les communes vulnérables souscrivent et adhèrent par des primes et des actions de prévention.
Sur ce que vient de dire Monsieur le prof géographe que je soutiens aussi, je voudrais tout simplement ajouter ceci:
Au Burundi il y a un manque de données hydrologiques, pluviométriques(sur une longue période de au moins 50 ans), pédologiques etc..des bassins versants. Sans ces données il est impossible de constuire des ouvrages de drainage.
Sur le plan local, des actions techniques au niveau des communes, il faut que ces travaux soient encadrés pour éviter des déssechements irréversibles ep période d’étiage.
Les travaux de reprofilage par exemple dans les marais par une population non encadrée(j’en ai l’experience) peuvent conduire à un dessèchement irréversible. Il conseillé de tenir compte des vitesses d’écoulement ( rester entre la Vitesse érosive et la Vitesse de sedimentation).
Pour chaque catastrophe, il y a une période de retour ( en général de 50 ans) mais le problème est de savoir si au Burundi il ya des données hydrologiques de plus de 5 ans qui permetront de faire un bon dimensionnement es ouvrages de drainage?
Les crues et les inondations urbaines posent un problème majeur et croissant pour le développement. Sur fond de croissance démographique, de tendance à l’urbanisation et de changement climatique, les causes des inondations évoluent, et leurs impacts ne cessent de s’intensifier. Ce défi considérable et changeant impose aux décideurs d’acquérir une connaissance plus fine du problème afin de gérer plus efficacement les risques actuels et futurs.
Pour celà le Burundi devrait impérativement être en possession d’un guide de gestion intégrée du risque dʼinondation en zone urbaine. Ceci est mon point de vu n tant qu ingénieur en irrigation et drainage
Merci Professeur, et la gestion des catastrophes est possible!
Evidemment il y a une culture de la gestion des risques des catastrophes qui n’est pas vraiment enraciné dans la culture du développement du Burundi. dans les autres pays existent des plans de contingence au niveau local par exemple sur une colline on sait exactement ce qu’il faut faire pour prévoir et mitiger les catastrophes(les fameux community disasters preparedness plans) mais le concept est ignoré chez nous.
Egalement tous les projets de développement devrait normalement intégrer un axe transversal de comment ils comptent gérer les risques de catastrophes comme ils le font pour limiter l’exclusion des femmes par des axes transversaux surnommées « genre ». Et notons également que leur renforcement des capacités de résilience des communautés devrait également être aux entre des projets de développement car n remarque que ce sont toujours les plus pauvres i est donc plus vulnérables qui dégustent. Vous avez vu ce qui se passe quand la pluviosité décale de son rythme? C’est la disette. Un moindre coup de vent ou de grêle ? C’est la disette. Une mauvaise saison de café? Les caisses sont vides de devises. Je pense qu’il faut réellement essayer de rendre les gens plus résilients en augmentant leur capacités de tenir le choc( constitution des épargnes, constitution des stocks stratégiques de vivres, adhésion à des mutuelles et assurances de santé, etc..)
Pour avoir exerce dans la protection civile,specifiquement dans la prevention des catastrophes,je trouve que ce que le professeur propose est tres instructif.La prevention des riques et la gestion des catastrophes est une notion qui n’est pas encore enracinee dans notre mode de vie. Il n’y a pas de culture du risque.Je me souviens que nous avons parcouru tout le pays a installer des Plate Forme de Prevention des Risques et Gestion des Catastrophes aux niveaux province et commune et a batir des Plans de contingences provinciaux et communaux specifiques (on en etait a 25 sur 129 communes),bien sur après le Plan de Contingence National et le Comite National de Gestion des Urgences,……MAIS la responsabilisation et l’operationalisation restent derisoires.En temoignent les constructions anarchiques dans « les villes », les coupures irresponsables d’arbres de forets, les exploitations anarchiques des materiaux de constructions…C’est horrible.Il faut en plus de l’instruction qu’il ait l’equipement,la responsabilisation et l’operationalisation des organs en places mais encore et surtout leurs donner du poids. Qu’ils puissent faire arreter une activite de natures a provoquer une catastrophe sans interference de l’autorite superieur.
En qualité de géographe moi même , je ne peux que souscrire aux conseils prodigués par mon ancien professeur mais comme il dit que les instruments légaux sont déjà là le remède n’est pas de nous reproduire le livresque en généralisant mais de circonscrire et proposer du concret dans une région ou plusieurs.
Concrètement j’aurai aimé un exemple de découpage en entités d’aménagement spécifique compte tenu des spécificités physiques.
Mon intervention n’est pas de critiquer mais je reste sur ma soif en termes d’actions bien circonscrites.
Au professeur d’étayer davantage son idée