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Profanation au grand jour du cimetière de Nyabaranda

05/06/2013 Commentaires fermés sur Profanation au grand jour du cimetière de Nyabaranda

Le 2 novembre est le jour dédié à nos disparus. Une occasion de voir comment on traite nos morts. Et il n’y a pas de quoi être fier. Le cimetière de Nyabaranda fait honte. <doc1905|left>Sur la route Kanyosha, dans le quartier de Gisyo, des maisons, des écoles construites près des tombes. C’est le cimetière de Nyabaranda. Pour arriver dans certaines habitations, en quittant la route goudronnée, de petites routes passent même au milieu des tombes en ruine. « C’est ici que j’ai eu une parcelle pour construire ma maison, je ne pouvais pas refuser », explique un habitant de ce quartier. Il affirme qu’il n’est nullement gêné de vivre dans un ancien cimetière ; car il a eu une chance inouïe d’obtenir une parcelle. Pour un septuagénaire, habitant depuis plusieurs années la commune de Kanyosha, à quelques centaines de mètres du cimetière, ce qui se passe est purement et simplement une profanation. Un manque de respect pour les morts. Il estime que la responsabilité première incombe aux familles car elles ne se préoccupent pas des leurs qui y sont enterrés : « C’est vraiment déplorable quand tu regardes des tombes en ruine, en pleine dégradation et submergées par de mauvaises herbes. Elles sont complètement tombées dans l’oubli. » Pour ce vieillard, ce ne sont pas des inconnus qui y attacheraient de l’importance. Car avoir une parcelle dans la capitale est tellement difficile à cause de la rareté des terres. Il condamne aussi l’inaction de l’état : « Les autorités habilitées ne semblent s’en soucier, sinon elles auraient interdit ces constructions anarchiques. » <doc1906|right>Des constructions illégales… Evariste Nsabiyumva, secrétaire permanent du ministère de l’Intérieur, affirme que le cimetière de Nyabaranda n’a jamais été désaffecté bien qu’il soit temps. Normalement, c’est le ministère qui prend l’initiative de convoquer le comité national d’urbanisme afin de se réunir et prendre la décision de désaffecter un cimetière. Quand la décision est prise, avant que le site ne serve à d’autres activités d’intérêt général, le comité avise et donne aux familles le temps de venir déterrer les restes des leurs pour les enterrer ailleurs. « Ce qui signifie que toutes ces constructions sont une profanation des tombes ; c’est illégal et condamnable par la loi », précise le secrétaire permanent. Pour Jean Bosco Nsabumuremyi, directeur général du ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme, l’occupation de parcelles et les constructions dans le cimétière de Nyabaranda sont anarchiques. Il explique que l’occupation de cet endroit s’est faite progressivement durant la crise qu’a traversée le pays : « A cause de l’insécurité, certains habitants de Ruziba se sont regroupés dans les localités plus sécurisées et s’y sont installés.» Il précise que la construction date de plusieurs années ; toutefois, le gouvernement avait réagi : « Quand certains ont commencé à y construire, le gouvernement a décidé d’interdire la poursuite des travaux. » Dans l’immédiat, précise Jean Bosco Nsabumuremyi, le ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme va faire des investigations pour vérifier comment les occupants ont obtenu les autorisations de construire. Et par après, précise-t-il, ceux qui seront trouvés dans l’illégalité seront délogés. Les autres devront payer les frais de viabilisation. Un proverbe dit que « Les morts ne sont vraiment morts que lorsque les vivants les ont oubliés.» A Nyabaranda, c’est le cas.

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