Bien que la Banque centrale dise prioriser l’importation des produits stratégiques, les opérateurs économiques concernés révèlent la diminution des stocks par rapport aux années passées.
Un commerçant de carburant qui a requis l’anonymat affirme recevoir des devises qui sont loin de couvrir la commande qu’il voudrait passer auprès de ses fournisseurs. Pire, même le peu de dollars que la banque centrale met sur le marché tarde à parvenir aux importateurs de carburant, déplore-t-il.
Pour ce vendeur de l’or noir, la perte est énorme. Les stocks s’épuisent avant que d’autres produits n’arrivent. «Vous imaginez un client qui vient chercher du carburant une fois ou deux fois sans succès ! La troisième, il ira ailleurs », lâche-t-il, désolé.
C’est cette pénurie de devises qui explique les ruptures d’approvisionnement des stations-services. Le ministère de tutelle a haussé le ton en juin, allant jusqu’à fermer une quinzaine de stations, 13 de Bujumbura et deux de l’intérieur. Mais des queues de véhicules restent toujours signalées devant les stations-services, surtout celles de l’intérieur du pays.
Pour l’Association des consommateurs du Burundi (Abuco-Ti), la pénurie des devises serait une des raisons qui expliquent la dernière hausse du prix de l’essence à la pompe. Le prix est passé de 1880 à 2000 Fbu à la mi-juin.
Une exception qui confirma la règle
Autre produit stratégique : les intrants industriels. La société AZAM par exemple affirme importer le blé en quantité inférieure à celle d’avant la crise. Impact immédiat : le prix de la farine a été revu à la hausse. Chez les détaillants le sac de 25kg du blé a augmenté de trois mille Fbu il y a quelques mois.
Si des plaintes sont signalées pour le carburant et les intrants industriels, force est de constater que le gouvernement a fait de son mieux pour rendre disponibles les intrants agricoles. Le 17 juin, le ministre de l’Agriculture et de l’élevage, Déo-Guide Rurema a annoncé que les saisons culturales 2016 A et B ont été caractérisées par une grande augmentation de la commande des engrais chimiques par les agriculteurs. La commande est passée de 19.804,98 T en 2015 à 29.185 T en 2016, soit environ 10.000 T.
Mais, d’une manière générale, les importateurs des produits stratégiques craignent que si rien n’est fait, ce peu de devises dont ils bénéficiaient ne disparaissent d’un moment à l’autre. Ils demandent au gouvernement de faire son possible pour renflouer ses caisses en devises.