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Production industrielle au Burundi : une évolution plutôt mitigée ces 20 dernières années

05/05/2013 Commentaires fermés sur Production industrielle au Burundi : une évolution plutôt mitigée ces 20 dernières années

La production industrielle devrait aider le Burundi à parvenir à l’autosuffisance alimentaire. Le chemin semble encore long.

Le thé n’a pas bu la tasse

Les statistiques de l’évolution des productions de nos quatre cultures d’exportation (sucre, thé, café et coton) montrent des signes timides de croissance. Sauf pour le coton. Mais les responsables de ces 4 filières sont confiants : « Toutes les usines affichent une croissance » déclare par exemple Alexis Nzohabonimana, directeur général de l’Office du thé du Burundi (OTB).

L’OTB a 5 usines à travers tout le pays, Rwegura, Teza, Tora, Ijenda, Buhoro. Dans un passé récent, l’entreprise a connu des moments difficiles, mais depuis 2006, elle se porte bien selon Alexis Nzohabonimana. Depuis cette année, selon lui, le rendement de toutes les usines va crescendo. 6334 tonnes en 2006 contre 8817 tonnes de thé sec en 2011. Les recettes engrangées en 2011 ont été de 10 milliards Fbu avant impôt, poursuit le directeur général.

Selon Alexis Nzohabonimana, l’OTB vise la croissance du secteur du thé. « Notre objectif est d’atteindre 12000 tonnes en 2015 » déclare-t-il. Selon lui, l’OTB est en train d’investir dans l’extension des plantations dans toutes les régions théicoles en vue d’accroître la production en quantité et en qualité. « Nous sommes sûr de la qualité de notre thé. Les devises vont augmenter. » déclare Alexis Nzohabonimana.

Le coton, le maillon faible

De 1960 jusqu’à en 1993, la production de la Compagnie de Gérance du Coton (Cogerco) variait entre 8900T et 4500T pour le coton graine. Depuis la crise de 1993, la production de coton-graine et coton fibre a beaucoup chuté. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production du coton fibre était de 3588T en 1993 contre 803T en 2011.
Les superficies productives ont aussi diminuées (11544 hectares en 1963 contre 2399 hectares en 2011). Le rendement par hectare pour le coton graine a aussi fléchi passant de 1038 en 1993 à 787 kg/Ha en 2011.

Selon Pierre Claver Nahimana, le patron de la société, la crise de 1993 à été en grande partie désastreuse pour la Cogerco. « Pendant la crise, la COGERCO ne pouvait plus encadrer les planteurs du coton. Beaucoup ont abandonné cette culture. » Selon le directeur général, après la crise, une grande partie de ces planteurs n’a pas repris la culture du coton.

Pour Pierre Claver Nahimana, le problème de la diminution des superficies cultivables a été aussi un handicap pour l’évolution de la production. Selon lui, avant la crise, la culture du coton était obligatoire dans les paysannats. Le gouvernement a décidé de céder ces terres à la population. Après, cette dernière « était libre de cultiver tout ce qu’elle veux. D’où la diminution des superficies cultivables. » précise Pierre Claver Nahimana.

Le directeur général affirme que la Cogerco a de bonnes perspectives pour améliorer la production du coton notamment la récupération des réserves cotonnières. Il explique que ces réserves étaient de 3000 hectares mais certains individus se sont octroyés une partie de ces terres. Nous sommes en train de faire toutes les tentatives possibles pour récupérer ces terres, poursuit le directeur général. La Cogerco va aussi essayer de renouveler les infrastructures de production, surtout les machines.

Pour le directeur général, de nouvelles variétés plus productives sont aussi nécessaires car les anciennes ne donnent plus beaucoup de rendements. « Aujourd’hui, nous avons une nouvelle variété originaire de la chine plus productive que nous distribuons aux producteurs. » précise Pierre Claver Nahimana.

Selon toujours ce responsable, la Cogerco entend poursuivre la relance de la production par la redynamisation de l’encadrement et l’augmentation du prix au producteur. Selon lui, depuis 2011, la Cogerco augmente chaque fois les prix. Avec tous ces projets, Pierre Claver Nahimana espère que la production sera élevée dans les années à venir.

Aujourd’hui, toute la production de la Cogerco est vendue à une nouvelle société burundaise appelée Afritextile (ancienne Cotebu). Selon le directeur général. « C’est pour aider à relever le niveau l’industrie textile burundaise » précise encore le directeur général de la Cogerco.

Le bon vieux café ne fait plus recette

Les statistiques de l’Autorité de régulation de la filière café du Burundi (ARFIC) alternent le bon et le mauvais. En effet, depuis la campagne de café 1991/1992 jusqu’à la campagne de café 2002/2003, les écarts de production vendue n’étaient pas énormes. Mais depuis 10 ans, un écart s’observe entre deux campagnes.

La campagne de café 2002/2003 a connu une production vendue de 36225,83T contre 5673,35T pour la campagne café suivante. En 2011, la production vendue a été de 24.014, 53T alors que en 2012, la production est de 14.091.

Pour Pascal Girukwishaka, directeur technique de l’Autorité de régulation de la filière café du Burundi (ARFIC), cette situation s’explique par beaucoup de facteurs. Le premier est le phénomène de cyclicité du rendement du caféier. Selon lui, cela est dû au vieillissement du caféier. Les plantations datent de la colonisation. « Au lieu de les remplacer, les agriculteurs préfèrent se contenter de ces plants. » déclare-t-il.

Pour Pascal Girukwishaka, beaucoup de défis restent à relever. Premièrement, la démographie galopante. Les terres s’amenuisent. La culture du café n’est plus une priorité. Certains caféiculteurs préfèrent abandonner cette culture. La paille pour les caféiers n’existe plus à cause de cette démographie. « Les jeunes qui devaient s’occuper de l’entretien vont tous en ville. » indique le directeur technique. Les caféiers se retrouvent entretenus par des personnes âgées qui n’ont plus beaucoup de force.

Pour lui, la problématique du prix aux caféiculteurs reste aussi un défi majeur. « Avant la réforme, l’Etat était le garant des prix pour les caféiculteurs. » indique-t-il. Même si les prix descendaient, les caféiculteurs étaient payé un prix fixe. Aujourd’hui, les prix dépendent des cours internationaux, poursuit Pascal Girukwishaka. »Ce qui fait que si les prix descendent, comme ces derniers temps, les agriculteurs reçoivent peu d’argent. Dans la foulée, ils se découragent et abandonnent cette culture. » déclare-t-il.

Le problème de financement des campagnes café reste posé, souligne le directeur technique de l’ARFIC. Selon lui, sur le terrain, les acheteurs n’ont pas d’argent. Avant, nous nous adressions au consortium des banques avec l’aval de l’Etat mais aujourd’hui ce consortium n’existe plus, indique toujours Pascal Girukwishaka. Selon lui, les banques hésitent aujourd’hui à financer les campagnes de café car certains opérateurs n’ont pas remboursé les prêts contractés. Même les investisseurs étrangers ont des problèmes de financement, indiquent-il. « Si le financement n’est pas disponible, même la qualité de notre café est compromise. » déclare Pascal Girukwishaka. Selon lui, la réforme de la filière café n’a pas réussi à résoudre le problème de financement.

A tous ces défis, des solutions en vue. Pascal Girukwishaka indique qu’ils sont en train de mettre en place une politique et des stratégies nationales pour garantir et stabiliser la production en quantité et en qualité. Selon lui, résoudre le problème des prix aux caféiculteurs ainsi que le problème de financement reste une priorité. Un code de conduite sera mis sur pied en vue du respect de la loi et pour la production du café de qualité pour viser les marchés les plus rémunérateurs et cela dans une filière privatisée et libéralisée, conclut Pascal Girukwishaka.

Recettes sucrées pour la Sosumo

La Société Sucrière du Moso (Sosumo) a connu une évolution fulgurante. En 1988, seulement 44 942 tonnes de cannes furent récoltées pour produire 4 657 tonnes de sucre. En 1998, le tonnage de cannes travaillé était de 183 164 tonnes et le sucre produit a été de 21.692 tonnes. En 2011, 20.501T ont été produites. Actuellement la production est en baisse suite au vieillissement de la canne et au manque d’irrigation des cannes sur collines.

Selon les chiffres de la Sosumo, cette société prévoit son extension. Cette extension permettra de produire 35000 à 40000 tonnes de sucre par an.

La société envisage l’implantation d’une distillerie afin de couvrir les besoins du pays en alcool, pharmaceutique, éthanol et autres. Elle prévoit aussi une augmentation des surfaces plantées. Cela pourra se faire par le développement des nouvelles plantations, l’amélioration des plantations existantes notamment par l’introduction de nouvelles variétés, l’irrigation et la maturation artificielle. Une recherche des voies et moyens est envisagée pour un meilleur encadrement de la canne paysanale.

Malgré cette évolution de la production du sucre, sa commercialisation reste problématique. A la Sosumo, le prix d’un kilo est de 1500 mais sur le marché, le prix varie entre 1600 et 1800 Fbu. Si on le trouve bien sûr.
L’histoire récente de la Sosumo montre que la bonne gestion est essentielle.Avant l’arrivée de l’actuel directeur général de la Sosumo, la société était mal en point. La faillite semblait inéluctable. Aujourd’hui, la société va bien, très bien même.

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