Le gouvernement s’apprête à lancer la troisième phase de privatisation de la filière café. La Confédération nationale des associations des caféiculteurs du Burundi (CNAC Murima w’isangi) demande que le coût de production soit considérée dans la fixation du prix du café.
« Le travail des caféiculteurs n’est pas comptabilisé dans la fixation des prix. Or, pour arriver à la production, ces derniers investissent dans l’entretien, le paiement des ouvriers, l’achat des engrais », indique Joseph Ntirabampa, président de la CNAC Murima w’isangi. Un travail qui n’est pas récompensé, alors qu’il l’est pour d’autres interventions dans ce secteur : ainsi, le coût de dépulpage est fixé à 0,70 $/tonne, celui de dépulchage à 0,200$/tonne.
En plus, au nom des caféiculteurs, Joseph Ntirabampa demande que les coopératives aient la permission d’acheter des stations de lavage, même si elles n’ont pas les 500.000 $ exigés comme chiffre d’affaire durant les trois dernières années, ou encore les 50.000 $ de fonds propres durant les trois dernières années.
La privatisation a fait régresser la filière café
Revenant sur les résultats de la privatisation, Joseph Ntirabampa souligne que cette politique n’a rien apporté de positif aux caféiculteurs : « Elle a fait reculer ce secteur ». Selon lui, le caféiculteur ne participe pas dans la fixation du prix alors que c’est lui le propriétaire. La production n’a cessé de diminuer à cause du désengagement de l’Etat avec comme corollaire le découragement des caféiculteurs.
M. Ntirabampa précise par exemple qu’au cours de la campagne 2010-2011, les caféiculteurs ont enregistré une perte d’environ 709,2 millions de Fbu : « Désormais, la population a tendance à remplacer cette culture d’exportation par des cultures vivrières. »
Une tendance attestée par les chiffres : d’après les données de l’Autorité de régulation de la filière café (ARFIC), la production est passée de 41.000 tonnes en 1982 à 6.774,96 tonnes en 2010.
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* C’est la part réservée aux caféiculteurs dans les stations de lavage déjà vendues : lorsqu’un investisseur vient acheter une station de lavage, 75 % de la somme va au propriétaire de la station, 25 % aux caféiculteurs.
Une question qui me tient à coeur : pourquoi le caféiculteur qui est un maillon incontournable dans la filière café reste pauvre ? Une révision de la redistribution des profits pourrait peut-être corriger les inégalités.
Cafeiteurs, gira syndicat, hanyuma muze mwanke prix derisoire leta ibategeka kuvyanyu. Nimba mufise cafe de qualite, ironderere marche hanze, ivyo bica mu minwe ya leta muvyihoze.
C’est une conséquence de la mauvaise distribution des droits de propriété dans la filière café. Il existe un flou total savamment entretenu autour de la propriété des plantations du café ( ikawa ya leta). C’est pourquoi dans les rapports d' »experts » de la banque mondiale valiés par l’État les caféiculteurs ne sont encore que très timidement accepter comme des partenaires privés au vrai sens du terme. Les plantations de café, qui théoriquement sont le support de tout investissement matériel et financier, ne sont jamais considérées comme des actifs valorisables au même titre que les usines de café. Bref, il faut redistribuer correctement les droits de propriété et laisser les acteurs privés agricoles et acteurs privés caféiculteurs négociés. Bazokwimenya ngene bacanga ama actions mu ma usines et cela sans le partie pris de l’Etat et la banque mondiale.