Lundi 23 décembre 2024

Société

PRODEFI pour un élevage moderne et rentable

29/05/2017 4

Distribution des vaches et transformation du lait pour sa rentabilité, deux actions phare du ministère de l’Agriculture et de l’Elevage à travers son Programme de Développement des Filières (PRODEFI) financé par le FIDA. Les bénéficiaires ne cachent pas leur satisfaction.

Le centre de collecte du lait de Mubuga, commune et province Ngozi
Le centre de collecte du lait de Mubuga, commune et province Ngozi

Le programme est à son sixième année pour les provinces de Bubanza, Muramvya et Ngozi, à son cinquième pour Cibitoke et Kayanza, tandis qu’il est à son troisième année pour Gitega et Karuzi. Les filières prioritaires étant, selon le rapport annuel 2016, le lait et le riz, la banane, le maïs et le haricot constituent des filières secondaires.

En tout, 7030 vaches laitières distribuées dont 1672 dans la seule province de Ngozi. Ce rapport indique que l’organisation de la chaîne de solidarité communautaire bovine a déjà permis la remise de 2765 veaux ( dont 1314 en 2016) aux bénéficiaires de seconde génération.

Dans le but de permettre aux éleveurs d’avoir un écoulement sûr de leur lait et d’en tirer profit, PRODEFI a installé des centres de collecte. En tout, cinq existent déjà avec un équipement approprié et un personnel formé.

Là, l’hygiène est un principe sacro-saint selon Innocent Nyandwi, Chef du centre de collecte de lait de Mubuga, commune et province Ngozi. Il signale que pour rassembler le lait, chaque centre dispose des collecteurs.

Pour un meilleur stockage, des directives sont données : « Le lait doit être stocké à une température convenable. Si il est stocké à une mauvaise température pendant un long moment, les bactéries se multiplieront et le gâteront », raconte M. Nyandwi, ajoutant qu’un équipement sale contamine le lait.

Ainsi, recommande-t-il, tout équipement de conservation doit être nettoyé et désinfecté avant son utilisation. « Il doit être à une température de 4°c et le lait doit être refroidi à une température de 4°c pendant trois jours qui suivent le chargement», renseigne-t-il. Il précise par ailleurs que le lait doit être vidé de l’équipement de stockage et expédié au transformateur 36 h après sa réception.

Dans ces centres, le personnel a été formé à déterminer la qualité du lait. Etienne Bandyayera, Chef du centre de collecte de Gashikanwa, indique que cela est fait en effectuant un test à alcool et un test avec lactomètre. « Ces tests vérifient la stabilité du lait pour le traitement thermique », mentionne-t-il.

Il signale qu’en ce qui est de l’acheminement du lait vers Modern Dairy Burundi, l’entreprise qui le traite industriellement,  il doit vérifier la température de lait dans la cuve réfrigérée. Il ajoute qu’avant tout chargement dans de cruches ou camion-citerne, une inspection de la propreté doit être faite. Et les conditions hygiéniques doivent être remplies, c’est-à-dire, des cruches de lait en aluminium, précise-t-il.

Les bénéficiaires jubilent

 « Aujourd’hui, une affaire demandant 1 million de Fbu ne peut pas me conduire en prison », témoigne Adelin Nsanzuruvugo, un éleveur de la colline Camugani, commune Ngozi. 56 ans, ce père de sept enfants indique que malgré les débuts difficiles, la génisse a fini par mettre bas, trois mois après sa réception. Actuellement, il possède deux veaux et deux vaches. « Par jour, nous avons entre 15 et 16 litres », raconte-t-il. Et avec l’existence des centres de collecte, il parvient facilement  à avoir plus de 200 mille Fbu par mois alors qu’avant, les entrées familiales peinaient à atteindre 50 mille Fbu. Et d’insérer que ses enfants ont désormais la chance de goûter à une tasse de lait chaque soir.

Ferdinand Gahungu : « Je remercie beaucoup le PRODEFI parce qu’il est venu au secours de la population pauvre.»
Ferdinand Gahungu : « Je remercie beaucoup le PRODEFI parce qu’il est venu au secours de la population pauvre.»

Grâce au PRODEFI, M. Nsanzuruvugo se réjouit qu’en plus de ceux qui ont terminé les études, ses enfants font l’Université privée de Ngozi tandis que d’autres sont à l’école secondaire. Et là, pas de soucis de payer le minerval, note-t-il, annonçant qu’il projette améliorer son habitation et se procurer une moto pour ses déplacements quotidiens.

Ferdinand Gahungu, un autre éleveur de la colline Mugomera, commune et province Ngozi ne cache pas non plus sa joie. « Je n’oublierai jamais le jour où j’ai reçu ce don d’une vache. Depuis ce jour, ma vie et celle de ma famille n’a cessé de s’améliorer », affirme ce père de neuf enfants. Avant de déclarer : « Je remercie beaucoup le PRODEFI parce qu’il est venu au secours de la population pauvre.»

Il indique que depuis 2011, cette vache a déjà mis bas quatre fois. Par ailleurs, il fait savoir que c’est à l’aide de l’argent tiré de cet élevage que son fils vient de terminer l’université. « Aujourd’hui, je m’attends à un veau », jubile-t-il.

Dans sa famille, les maladies liées à la sous-alimentation ne sont plus une préoccupation. Car, justifie Christine Nahimana, son épouse, les enfants boivent du lait et la production agricole s’est améliorée grâce à l’usage du fumier. Et de préciser sur un espace qui donnait 70 kg de haricot ou de maïs, la production actuelle oscille autour de 200 kg.

Du côté administration, Yves Nshimirimana, médecin vétérinaire provincial de Ngozi, note une nette amélioration du niveau de vie de la population. Il indique qu’avant ce programme, Ngozi comptait 1508 têtes, et actuellement, elle est à 3307 têtes.

Par ailleurs, il trouve que l’installation des centres de collecte a permis aux éleveurs de rentabiliser leur élevage. « Avant, ils vendaient le lait chez les privés. Et ces derniers pouvaient leur dire que le lait est de mauvaise qualité sans aucune preuve et le paiement était difficile », argumente-t-il. Et à  Karimunyana Madeleine, rencontrée au centre de collecte de Mubuga, de préciser que le paiement se fait désormais à chaque quinzaine du mois au centre de collecte de lait.

Ce qui contribue même au trésor communal. Donnant un bilan de 1800 litres collectés par jour, Innocent Nyandwi, le Chef de ce centre indique qu’à chaque litre, il y a 3Fbu qui entre dans la caisse communale.

Quid de la transformation et de  la commercialisation ?

C’est à Bujumbura, zone Ngagara, commune Ntahangwa, dans l’entreprise Modern Dairy Burundi que tout le lait rassemblé dans les centres de collecte est acheminé pour être transformé et commercialisé.

Selon le chargé du marketing de l’usine Modern Dairy Burundi, l’objectif est de contribuer au développement pastoral
Selon le chargé du marketing de l’usine Modern Dairy Burundi, l’objectif est de contribuer au développement pastoral.

Selon le chargé du marketing, son objectif est de contribuer au développement pastoral et mettre à la disposition des Burundais du lait de qualité, industrielle et conservable pour une longue durée. Par jour, précise-t-il, la production est de 3 mille litres et cette usine vise à atteindre 40 mille litres par jour d’ici fin 2018.

Il précise par ailleurs que le lait transformé vient des éleveurs éparpillés ici et là dans le pays dont 99% de vaches ont été distribuées via les projets financés par le FIDA au Burundi.

D’ici fin 2018, ajoute-t-il, Modern Dairy Burundi transformera du lait venu de 20 centres de collecte.

En ce qui est du marché, le chargé de marketing affirme qu’il est vendu presque partout dans le pays. « Et nous projetons entrer sur le marché de la République démocratique du Congo (RDC) surtout à l’est, en Tanzanie, etc. Car, notre lait remplit toutes les conditions pour être vendu dans la Communauté est-africaine », assure-t-il.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Nitanga Innocent

    nous vous demmendons de nous faire appartenir parmis les membres du centre. merci

  2. Marie claire

    Un project formidable qui aide vraiment la population à l’autosuffisance. Bravo au ministère de l’Agriculture et de l’Elevage qui a initié ce programme louable.

  3. Ntakije Déo

    Correction: le PRODEFI n’est pas un programme du FIDA. C’est un programme du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage financé par le FIDA. Cette nuance est très important. Si le journal iwacu pourrait mettre cette petite correction ça serait bn. Merci au Journal IWACU pour cet article.

  4. kagabo

    Un bon projet et bons visionnaires faira un jour un Burundi fort.

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