La Commission électorale nationale indépendante a présenté devant les hautes autorités ce mardi 26 juin, le rapport général sur le récent référendum constitutionnel. Elle a occulté le côté sombre du décor.
C’est une Ceni triomphante qui s’est présentée à l’hémicycle de Kigobe. L’absence du président Nkurunziza, pourtant attendu n’altère pas pour autant l’enthousiasme du président de la Ceni, Pierre Claver Ndayicariye. Il dresse un tableau des plus élogieux du processus référendaire. « Une réussite, un succès ».
Il évoque un référendum déroulé dans un climat apaisé. La commission a respecté son deadline de 6 mois de préparation sans l’aide technique et financière des partenaires internationaux. Il vante une campagne du oui ou du non dans le calme, un référendum avec un taux de participation record.
Le rapport de la Ceni n’engagera qu’une petite page liée au contentieux électoral infractionnel. Juste 4 affaires traduites devant la justice à titre d’exemples, sans donner de bilan précis à ce sujet.
Pour la commission de Pierre Claver Ndayicariye, ce référendum relève aussi du miracle financier : aucun partenaire international traditionnel n’a mis la main à la poche. Le total du budget référendaire a été entièrement financé par le gouvernement. L’enveloppe s’est élevée à plus de 27 milliards de francs burundais.
« Nous allons faire pareille pour les élections de 2020, » annonce en sortant du Palais des Congrès de Kigobe, une haute autorité de l’Etat.
Les élections de 2020 arrivent à grand pas et le gouvernement a décidé que le Burundi allait autofinancer ces élections. « Les dépenses de souveraineté obligent. » Le ministre des Finances est récemment sorti de son silence et a annoncé combien ce prochain scrutin va coûter : 70 milliards de Fbu. Aux dernières nouvelles du 5 juin, la somme collectée déjà engrangée s’élevait à plus de 17 milliards, soit 24% de la somme requise.
Malgré que le pouvoir en place indique que le financement des prochaines élections sera opéré par le peuple burundais, le ministre Domitien Ndihokubwayo envisage néanmoins « d’autres stratégies pour atteindre l’objectif le plus tôt possible. »
Le côté sombre du tableau
Ce que la Ceni ne dit pas c’est que le référendaire constitutionnel a été contesté et par l’opposition et par la communauté internationale, jugé inopportun et dans un contexte de crise. Bujumbura a tout de même continué son projet malgré les protestations. L’opposition interne, avec pour chef de fil la coalition Amizero y’Abarundi, a choisi de ne pas boycotter et de rester dans la partie. Résultat des courses, elle dénoncera plusieurs cas d’arrestation arbitraire, d’actes d’intimidation et autres abus contre ceux qui ont décidé de protester ouvertement contre le projet de révision de la Constitution.
La commission va taire l’absence d’observateurs régionaux et internationaux. D’où un manque de témoins extérieurs pour attester de la crédibilité du scrutin.
Pierre Claver Ndayicariye ne dira pas non plus dans son rapport que la coalition Amizero y’Abarundi a introduit un recours auprès de la Cour constitutionnelle. Cela pour contester le verdict des urnes et demander l’invalidité des résultats. Le leader de cette coalition Agathon Rwasa les a qualifiés de « fantaisistes. »D’après lui, cela a été une élection entachée de manque de transparence, de peur et d’intimidation.