Depuis juin 2011, le gouvernement burundais a décidé de revoir à la hausse les prix de l’eau et de l’électricité en deux étapes. Au moment où la deuxième étape va être mise en application au 1er mars 2012, Parcem dénonce la mauvaise gestion de la Regideso à laquelle serait due cette hausse. Ce que les services de cette entreprise rejettent.
<doc2793|right>Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution (Parcem) trouve d’abord trop élevés ce que la Regideso engage comme frais du personnel : « Les frais du personnel raflent près de 60% des revenus de l’entreprise alors qu’en réalité les frais ne devraient pas dépasser 25%. Cela laisse présager l’existence d’une anarchie dans le recrutement du personnel. Elle emploie un personnel pléthorique», dénonce Faustin Ndikumana, représentant légal de la Parcem.
Et de souligner ici, que le coût de production de la Regideso n’est pas bien maitrisé, ce qui l’empêche même d’être très rentable : « Il y a une certaine opacité dans le calcul du coût de revient de la fourniture de l’eau et de l’électricité. Les outils de gestion ne permettent pas de calculer de manière plausible le coût réel de production. Il y a absence d’une comptabilité analytique.» Le président de la Parcem regrette aussi le fait que les créances envers les clients de la Regideso restent très élevées : « Elles sont actuellement estimées à 5 milliards de Fbu. Les dettes des personnes tierces envers la Regideso limitent la capacité d’investissement de cette entreprise.»
Pour M. Ndikumana, tous ces maux ci-haut évoqués relèvent de la mauvaise gestion de la Regideso, « ce qui pèse lourdement sur le consommateur final.» A ce sujet, Parcem recommande l’organisation, dans les plus brefs délais, d’un audit de la Regideso pour s’enquérir de sa santé financière et des effets de la récente hausse des prix : « Qu’on ne procède pas à une nouvelle augmentation des prix sans avoir les résultats de l’audit de la Regideso », interpelle-t-il.
Diminuer le quota des avantages
Pour ce qui est de la mauvaise gestion de la Regideso dénoncée par le président de Parcem, les services de communication de cette société ne sont pas de son avis : « Ce n’est pas la mauvaise gestion de la Regideso qui est la cause de la hausse des prix de l’eau et de l’électricité», explique Claudine Nininahazwe, chargée de communicatio. Elle indique que son entreprise ne cesse de faire des audits externes, sans toutefois préciser la date du dernier audit et le rapport des résultats.
<doc2792|left>A propos des avantages énormes-aux yeux de Parcem-octroyés au personnel, notamment l’eau et l’électricité, M. Nininahazwe parle d’une réduction prochaine. « Des études sont encours pour voir comment diminuer jusqu’à 50% les quotas par catégorie du personnel. Non seulement on va les réduire, mais aussi on compte les départager entre tout le personnel. Car ces avantages profitent à une partie des employés.» Selon la même porte-parole, il arrive même que des bénéficiaires de ces avantages dépassent le quota de consommation fixé. « La Regideso a fait payer et continue à faire payer les dépassements à son personnel. »
Pas seulement les avantages accordés au personnel
Pour M. Nininahazwe, la faible production des barrages locaux, les arriérés de l’Etat et de certains des clients de la Regideso sont les principaux facteurs expliquant la hausse du prix de ses. «Entre 1993 et 2010, l’Etat du Burundi ne payait pas toutes les consommations en eau et en électricité de ses différents ministères. C’est maintenant que l’Etat commence à payer ses arriérés. Sans oublier que la Regideso utilise 12 Mégawatt d’énergie importée. » Pour le moment, d’après toujours la chargée de communication, la société a une dette de 9 milliards de Fbu envers la Société nationale d’électricité du Congo(SNEL) et la Société internationale d’électricité des Grands Lacs(SINELAC). Et ce cumul de dettes est l’une des causes des hausses actuelles. « De toute les façons, même si les prix devaient être revus à la hausse, les tarifs seraient inférieurs à ceux établis aujourd’hui. »
D’après les données de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME), le prix de l’électricité connaît une augmentation de 124% et celui de l’eau de 226, 27%.