37 emplois sur 81 seront bientôt supprimés, à la Régie des Productions Pédagogiques (RPP). La terrible annonce est de Déo Rurimunzu, directeur général, au cours d’une réunion du conseil de cette entreprise tenue ce 24 avril. Pour lui, elle n’est plus compétitive et doit être privatisée. Le syndicat monte au créneau pour dénoncer le caractère inopportun de la décision.
<doc3744|left>« Le directeur général nous a informés qu’il va privilégier la polyvalence dans les différents postes. L’entreprise va vers une privatisation à la hâte et de toute allure », regrette Domine Niyonsaba, présidente du Syndicat des Travailleurs de la Régie des Productions Pédagogiques (STREPP).
Leur directeur général, indique-t-elle, leur a expliqué que c’est pour des raisons économiques et qu’il se base sur l’article 24 de la Convention collective Interprofessionnelle du Code de Travail pour procéder à cette privatisation : « Il a déjà supprimé les services de recouvrement et de marketing et 50 employés ont déjà été licenciés en 2008. »
Mme Niyonsaba rappelle qu’à un certain moment, le ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, des Métiers, de la Formation professionnelle et de l’Alphabétisation, Sévérin Buzingo, avait interdit qu’il y ait la suppression d’emplois.
Depuis que Ir. Déo Rurimunzu est à la tête de la RPP, accuse Domine Niyonsaba, il achète beaucoup de nouvelles machines, alors qu’il n’y a pas urgence : « Cela affecte la situation financière de l’entreprise », déplorent les syndicalistes qui dénoncent l’achat d’une machine plieuse à 200 millions Fbu : « Elle arrive en juin prochain, alors qu’il y a une autre toujours fonctionnelle. »
Les syndicalistes de la RPP ont aussi peur que les trois machines données par l’Unesco et l’Agence Française de Développement (constituant une chaine de production) soient accaparées par des privés.
Passation opaque des marchés
Mme Niyonsaba indique que des fois, la RPP attend six mois pour recevoir la matière première, notamment le papier. Selon elle, ce marché a été gagné par Compass Tradind, un fournisseur local, qui n’honore pas ses engagements : « En décembre 2011, nous avons perdu beaucoup de marchés à cause du manque de matières premières. Le 18 avril, nous n’avons pas pu gagner un marché de 66 millions Fbu et une autre entreprise l’a eu à plus de 140 millions Fbu. »
En outre, la présidente du STREPP affirme que les différents services de l’Etat doivent à la RPP plus d’un milliard de Fbu pour les différentes impressions comme les copies des concours. Elle mentionne que le directeur général fait seul la sous-traitance à l’Île Maurice, de façon totalement opaque : « Je ne comprends pas il agit de la sorte alors que nous avons un équipement complet, où on peut utiliser beaucoup de travailleurs », s’étonne-t-elle.
Pour elle, vaut mieux que M. Rurimunzu se concentre sur la recherche des marchés au profit de la RPP. Elle se rappelle qu’un jour, ce dernier leur avait dit de ne pas s’inquiéter quant à la santé financière de la RPP : « Il n’y a ni faillite, ni privatisation en perspective », leur avait-il tranquilisé.
« L’entreprise a toujours fonctionné à perte »
<doc3745|right>« Nous devons à tout prix restructuré, privatiser l’entreprise. Elle n’est plus compétitive sur le marché. L’entreprise doit se procurer de nouvelles machines pour son bon fonctionnement. Nous devons suivre la procédure normale », fait savoir Ir. Déo Rurimunzu. Il n’y a plus de commandes et l’activité doit décroitre, s’explique-t-il en mentionnant que les livres et la matière première ne sont (25% pour le papier, 10% pour l’ancre,..).
Il ajoute qu’après avoir fait une comptabilité analytique, ils ont trouvé que l’entreprise a toujours fonctionné à perte. Il réfute les accusations selon lesquelles il ne fait aucun effort dans la recherche des marchés : « Lors de l’ouverture des offres relatives au dossier n° DNCMP/100/F/2012, la commission a refusé notre offre (66 millions). Les membres ont dit que nous étions en retard. Alors que nous l’avions déposée à 10h, le 18 avril et que l’ouverture était à 11h. » Pour cela, la RPP attend la réponse d’une lettre de recours envoyée aux services des Marchés Publics.
M. Rurimunzu indique que la richesse d’une entreprise se mesure par sa valeur ajoutée. Ainsi, selon lui, à son arrivée à la direction générale, la RPP n’a fait qu’augmenter sa valeur ajoutée : 400 millions Fbu (2004), plus de 300 millions Fbu (2005) ; plus de cent millions Fbu (2006 et 2007) ; plus de 800 millions Fbu (2008) ; plus de 600 millions Fbu (2009) ; plus d’un milliard Fbu (2010) et plus de 500 millions Fbu (2011).
En ce qui concerne les critères de licenciement, il énumère la qualification professionnelle, l’ancienneté et la charge familiale. Le dossier disciplinaire n’est pas inclus.