La privatisation de la filière café fait chuter la production de cette principale composante des exportations burundaises. Les caféiculteurs sont découragés, et se désengagent de plus en plus. Le président de la Parcem le précise lors d’une conférence de presse de ce 8 septembre.
« Malgré la position commune de tous les intervenants (caféiculteurs, Etat, Banque Mondiale et autres bailleurs) sur la pertinence des réformes de la filière café, les caféiculteurs s’inscrivent en faux contre le processus de la privatisation actuelle », déclare Faustin Ndikumana, président de la Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (Parcem).
Il indique que le Burundi garde sa dernière position au niveau des exportations au sein de la Communauté Est Africaine : « La stratégie de privatisation aurait été conçue sans la contribution des caféiculteurs », affirme-t-il. En 2008, le gouvernement a adopté une stratégie de mise en vente des stations de lavage et des usines de café qui sont actuellement des sociétés : « La part réservataire de 25% que les caféiculteurs ont dans ces sociétés, ne leur permet pas d’influencer les décisions. Cela porte atteinte à leur droit de propriété », se désole M. Faustin. Il fait appel à une déclaration de 2005 du Président de la République sur le droit de propriété (par les caféiculteurs) et la clé de répartition (72% de la valeur du café exporté confiée aux caféiculteurs)
En outre le patron de la Parcem déplore la non-mise en application de cette déclaration par les nouveaux investisseurs dans ce secteur : « Nos caféiculteurs ne sont plus encouragés pour accroître la production. C’est pourquoi celle-ci continue de chuter », annonce-t-il. Autre tare que M. Ndikumana reproche à ce processus de privatisation de la filière café est qu’elle exclue les nationaux : « L’appel d’offre pour la vente des stations de lavage, exige un chiffre d’affaire d’au moins un milliard de Fbu. Ce n’est pas facile pour un burundais de trouver ce montant », regrette-t-il.
Cela étant, la Parcem recommande au gouvernement du Burundi d’arrêter l’appel d’offre avant que les divergences d’opinion entre tous les acteurs de la filière ne soient vidées : « Qu’il respecte la clé de répartition de 72% déclarée par le Président de la République », demande-t-il. Il propose aussi l’augmentation de la part réservataire pour permettre aux caféiculteurs d’influencer les décisions : « Les conditions de soumission doivent mettre les investisseurs tant nationaux qu’internationaux sur un même pied d’égalité », clame-t-il.