Une cinquantaine d’anciens locataires de la prison de Rumonge originaires des provinces lointaines éprouvent d’énormes difficultés à retourner chez eux. Faute de frais de déplacement, ils préfèrent rester à Rumonge où ils ont du mal à se réinsérer dans la communauté.
Originaires pour la plupart des provinces du Nord et du Centre-Est, ces détenus avaient été condamnés dans les tribunaux de leurs provinces respectives mais se sont vus transférés à la prison de Rumonge dans le cadre du désengorgement des prisons de Ngozi, Gitega et Ruyigi.
La majorité d’entre eux viennent de purger une peine allant de 10 ans à 20 ans de prison et sont âgés aujourd’hui de plus de 50 ans. Libérés, ils ne retournent pas chez eux faute de frais de déplacement. Les associations de défense des droits humains, tels que l’APRODH et la ligue ITEKA à Bururi, organisaient leur transport ; mais elles n’ont plus de moyens, indiquent leurs responsables.
« Berger malgré lui »
Originaire de Busoni, province de Kirundo, Protais Muhizi indique qu’il n’a pas pu rentrer directement à Busoni faute de ticket de transport. Aujourd’hui, cet ancien détenu gagne sa vie en gardant les. Il demande à la direction générale des affaires pénitentiaires d’organiser le retour des détenus vers leurs communes d’origine. Car, dit-il, « certains détenus commettent d’autres infractions comme le vol pour gagner la vie. » Pour sa part, M. Nshimirimana, 55 ans, originaire de la commune de Bugenyuzi, province de Karusi est devenu porte-faix dans l’espoir pour survivre. Il espère aussi pourvoir réunir un jour le ticket qui lui permettra de retourner chez lui. Il indique que son travail est trop fatigant pour son âge.
Selon Paul Mirerekano, directeur de la prison de Rumonge, la prison de Rumonge est la moins peuplée du pays. Et c’est pourquoi elle accueille des détenus condamnés, provenant d’autres prisons dans le cadre du désengorgement. Il reconnaît aussi les difficultés éprouvées par certains détenus qui ne reçoivent de visite de leurs familles et n’ont pas d’argent pour rentrer chez eux à la fin de leur peine.
Les responsables des associations de défense des droits humains demande à la Direction générale des affaires pénitentiaires d’introduire des programmes de réinsertion sociale au sein des prisons afin de préparer une réinsertion communautaire des détenus libérés.
Il est à signaler que la prison de Rumonge engorge aujourd’hui 792 détenus dont 9 nourrissons incarcérés avec leurs mères et a une capacité d’accueil de 800 personnes.