Samedi 02 novembre 2024

Archives

Prise d’otages au Westgate Mall : l’incroyable témoignage d’un rescapé burundais

Il s’appelle Fred Ngoga Gateretse. Il était dans ce centre commercial quand les Shebabs ont lancé leur assaut. Il a vécu le calvaire de l’attaque des Shebabs de ce samedi à Nairobi. Il s’est confié à Iwacu depuis la capitale kényane.

Fred Ngoga (au centre) dans l'Art Cafe, avec l'ancien Premier Ministre Somalien Al Khalif Galayd et l'Honorable Buri Hamza :  "Nous étions tous les trois à la même table même si la photo date d'il y a un mois" ©Iwacu
Fred Ngoga (au centre) dans l’Art Cafe, avec l’ancien Premier Ministre Somalien Al Khalif Galayd et l’Honorable Buri Hamza : « Nous étions tous les trois à la même table même si la photo date d’il y a un mois » ©Iwacu

Selon son témoignage, depuis 10 heures, Fred Ngoga, chargé des questions politiques et militaire à l’African Mission in Somalia (Amisom) s’entretenait à l’intérieur d’Art Caffe avec Ali Khalif Galyd, ex-premier ministre somalien. Le dignitaire somalien était accompagné d’un concitoyen parlementaire.

« Il était midi et demi quand il a entendu une explosion. « C’était une première grenade, mais je croyais à une explosion de pneu de voiture « , dira-t-il. Aussitôt après, c’était une deuxième explosion. Fred Ngoga se souvient que les gens sur le balcon étaient projetés par l’explosion. « C’était le tohu-bohu général au restaurant », se souvient-il. Il a alors couru pour se cacher. A peine sorti, un crépitement d’armes automatiques s’est fait entendre. C’était un groupe de Shebabs qui tiraient depuis le parking du sous-sol pour tenter d’entrer, un autre groupe étant passé par le parking d’en haut où se déroulait une compétition de cuisine asiatique. Les assaillants tiraient sur tout ce qui bougeait. De l’avis du burundais, Ils étaient une vingtaine d’individus ; en tout cas plus nombreux que ceux annoncés par les autorités kényanes. « Je me suis couché derrière un mur avec sept femmes de toutes les couleurs et de plusieurs nationalités. Un couple d’européens avec une fillette de plus ou moins 7 ans tentait de se sauver aussi», indique-t-il.

Nez à nez avec les terroristes

Fred Ngoga raconte qu’une peur panique se lisait sur tous les visages. « Je me suis retrouvé nez à nez avec quatre assaillants. Ils m’ont demandé si j’étais musulman ou chrétien. J’ai laissé échapper : « Chrétien ! » Canon de fusil braqué sur mes tempes, Ils m’ont alors demandé de réciter quelques versets de la  Shahada, la prière du mourant ». Il raconte qu’il a malgré tout gardé son sang-froid au moment où les dames se trouvaient dans tous leurs états. Il se disait dans son for intérieur : « Je suis chrétien. Si je dois mourir, je ne dois pas trahir mon Dieu. »

Le deus ex machina

Fred Ngoga révèle que les Shebabs allaient lui tirer dessus quand tout à coup une grenade a explosé du côté du supermarché Nakumatt. Les terroristes ont couru dans la direction du supermarché pour affronter les forces kényanes. Avec les sept femmes, ils sont allés se cacher dans le local de stockage du magasin Identity. Il poursuit son récit : « J’ai intimé l’ordre aux femmes d’éteindre leurs portables. Du mien, j’ai envoyés des messages aux forces de défense kényane, à un des mes collègues chargé de la sécurité, un autre à mon beau-frère journaliste au Monde et un quatrième à un de mes collègues d’une des ambassades occidentales. Je leur ai filé un mot de passe en cas d’intervention pour nous secourir. »

Fred Ngoga, lors d'un briefing avec des militaires burundais de l'Amisom, en Somalie ©Iwacu
Fred Ngoga, lors d’un briefing avec des militaires burundais de l’Amisom, en Somalie ©Iwacu

Mauvais mot de passe

Fred Gateretse raconte que de temps en temps, les Shebabs criaient : « Sortez de vos cachettes, we are good guys » (nous sommes les gentils). Une des sept femmes a tenté de répondre. La réaction du Burundais fut spontanée : «  En une fraction de seconde, de ma main, j’ai bâillonné sa bouche ».
8 heures qu’ils étaient coincés à l’intérieur des stocks du magasin. De temps en temps, ils entendaient du fond de leur cachette des crépitements d’armes automatiques échangés entre l’armée kenyane et les preneurs d’otages. « Nos portables se sont déchargées, la lumière est allée décrescendo et une odeur acre de poudre est montée à nos narines. Le désespoir a gagné les femmes. Elles n’en pouvaient plus, la sueur perlait sur leur visage. Moi-même, je n’en menais pas large », confie Ngoga.

Enfin ils sont libres

Fred Ngoga se souvient que c’est vers 7h 45 que l’intervention est enfin arrivée. Les policiers ont lancé : « Fred?». Un silence : « Ngoga ». C’était le mot de passe qu’il leur avait donné. Chacun a poussé le soupir de soulagement. Les femmes exultaient en voyant qu’elles étaient désormais sous la protection de l’armée kényane. C’était la fin du cauchemar. »
M. Fred Ngoga Gateretse conseille : « Le Burundi se doit de renforcer ses capacités à répondre à ce genre d’attaque».

Forum des lecteurs d'Iwacu

73 réactions
  1. Histoires. Il n’est pas de Bururi. Il est de Buja et son pere ne vient pas de Bururi.
    Il n’a jamais combattu pour le FPR. Il est un proche de Buyoya par l’intermediaire de son fils Olivier( d’ou le boulot vient). Il etait dans le café mais le reste est une peripetie hollywoodienne inventee!
    Pret a parier avec quiconque veut perdre un pari d’argent.

    • Info

      Tu le connais? Comment est il?

  2. DIDI

    Uwo muntu ari muri iyo video (youtube) si Fred Ngoga Gateretse!!!
    Uwayishizeko ntamuzi.
    Ni umu polisi w umu kenya.

  3. Tiro

    Je pense que ce Fred ns prend pour des cons. Comment peut – on etre assis dans Art Cafe qui se trouve au Rez de chaussee avec vu sur le parking et du coup dans la panique se retrouver tout pres du Shop Identity qui lui est au 2e etage…Je reste perplexe! Et que sont devenues les gens qui étaient avec lui dans cette reunion/briefing?? Certaines personnes buryndaises vivant a Nairobi disent que Mr Fred est sorti sans egratignure kandi tres tot rugikubita….
    Alors le face a face avec un shebbab, le secours porter aux gens, tout ca nukugyosha inkuru….

    SVP arrete de nous prendre pour des cons…

    • umurundi

      Tiro l’attaque a commence a cote de Art Cafe, pourquoi cette famille s’est separee pourqou elle n’a pas fuit dans le parking?

      Clare in Oxford, England emailed:

      « My father and his family have been caught in the siege, they were in the Art Cafe having lunch. My father and his 5-year-old niece hid in a store room and finally got out, but my father’s wife was separated from them and is still missing. The anxiety is unbearable, such a horrible awful day. »
      http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-24189669

    • Burundi Bwacu

      Tito,
      C’est faux Identity store se trouve sur le premier etage. De deux, urabaza les journalistes bamubonye asohoka puisqu’il etait sur KTN a 20 hoo. Arrete donc de dire du n’importe quoi. Shima yuko il est encore en vie.

    • umurundi

      Tiro est un vrai menteur!

  4. Mubimbi

    Kuri bene wacu nubu mutaremere ubutwari n’ubuhizi bwa RAMBO, nimwirabire:
    https://www.youtube.com/watch?v=KpSPbbxvFMQ
    Il a sauvé « les femmes et les enfants ». Turasavye imana imuzigame, azoze gufasha iwacu mu Burundi, batarasafisha abasigaye.

  5. Biratangaje

    Erega noneho abarundi bamwe muriyerekanye ko mutazopfa muteye imbere!
    Aho vyari bikenewe ko mushiramwo polémique muri ibi bintu? Narengewe pe! Si mbona igituma abantu bategerezwa kurondera ivyo banegura ku kintu ico ari co cose! Fred ntawe nzi, iyo ava ntaho nzi kandi ntibikenewe ko turinda gushakashaka iyo abarundi bavuka, ni vyo vyadusubije inyuma kuva kera, va ibuzimu tuje ibuntu, niho tuzogira ico twimarira. Mu bihugu biteye imbere, ubwo budumbidumbi nta mwanya babufitiye, barwana n’ico cose coteza imbere igihugu cabo. Ingorane abarundi bafise ubu, ndibaza ko atati ayo macakubiri azaziheza. KANGUKA!

  6. Bizuru

    Ahubwo uyu muntu azoramba kabisa..guhura n’aba shabab bakamusiga amahoro kandi akorera AMISOM! Iyo babimenya ntibari kwirirwa baramubaza ko ari umu musulman, n’ibitangaza Imana yamugiriye pe, arakwiye gushima!
    Du reste, abo batemera iyi temoignage sinzi ikibibatera kuko siwe wenyene washoboye gufasha abantu kw’echappa..hari umwongereza bavuga ko yinjiye 12fois a l’interieur gufasha gusohokana abantu, qu’allez-vous dire donc! Abarundi turagoye cane vraiment!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 3 329 users online