Samedi 23 novembre 2024

Opinions

Une place pour tous

A l’occasion du cinquante-deuxième anniversaire du recouvrement de notre souveraineté nationale, la place de l’Indépendance a été remise à neuf. Aujourd’hui le monument du prince Louis Rwagasore est illuminé de nuit, les allées du parc sont bien tracées et jalonnées de fleurs ; de jolies plantes égayent les quatre coins de la place et les pelouses sont coupées à l’anglaise.

Tout le lieu est désormais cerné d’une palissade métallique blanche élégante et l’entrée principale est désormais constituée d’un grand portique qui se veut sans doute majestueux avec une carte du Burundi accrochée à son fronton. L’aire alentour est organisée en places de stationnement bien pratiques avec des bancs publics fort confortables et propices à la contemplation du centre-ville. L’initiative est heureuse et mérite nos applaudissements car on nous a très souvent habitué à des monuments ou mausolées construits à grand frais et grand renfort de pompes qui sont vite oubliés et qui sont tombés ainsi en désaffection. Mais l’objectif a-t-il été pleinement atteint ?

L’enfer est pavé de bonnes intentions

Si l’aménagement de la place de l’Indépendance est sans nul doute une initiative louable, il reste que sa gestion et surtout sa symbolique sont, à mon sens, détournées de leur finalité profonde. Voulant traverser les lieux, il m’a été signifié que cela n’était possible que moyennant la somme modique de…50.000 Fbu (soit à peu près 30 U.S. $) à payer aux bureaux de la Mairie de Bujumbura. C’est-à-dire qu’il m’aurait fallu me rendre à quatre kilomètres du lieu où j’étais pour payer, revenir pour exhiber ma quittance me permettant de fouler du pied la place attestant de l’indépendance nationale !

Aujourd’hui, m’a-t-on confié sur les lieux, il n’y a plus que les mariés et quelques orchestres qui viennent se prendre en photo au tarif indiqué. Pas un touriste, vous imaginez bien, n’accepte de payer une telle somme et à fortiori de faire huit kilomètres pour obtenir le papier lui permettant la visite. Si le système vise des rentrées d’argent, il n’y en aura pas ou si peu qu’elles ne pourront même pas payer décemment les jardiniers qui entretiennent les lieux. S’il vise à éloigner le grand public de cet endroit, comme c’est du reste le cas au monument des Martyrs où repose le héros de la démocratie Melchior Ndadaye, alors le but est atteint. Les deux places sont à longueur de journée vides et tristes comme ce n’est pas permis.

Une place qui célèbre l’indépendance d’une nation devrait être accessible à tous et en tout temps. Réserver des lieux de mémoire aussi importants que la place de l’Indépendance, le mausolée de Rwagasore ou la place des Martyrs de la Démocratie à des cérémonies officielles occasionnelles et à des personnes choisies selon un critère censitaire est idéologiquement discutable.
Cela relève d’une gestion patrimoniale du bien public et cela est sujet à caution dans un système qui se veut démocratique.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. MAHORO

    Je crois que c’est un petit oublie de la part du maire de Bujumbura
    la place publique reste publique et non payante car en payant l’impôt,
    les citadins paient tous les services relatifs à l’entretien de ces lieux.

    Si non bientôt on nous ferra payer le passage dans les routes goudronnées

    « uwuramvye arabona »

  2. Nkurunziz Alias Kigwe

    @CHER Jean Marie, je suis pas sur que vous etes le Jean Marie, mari de Batumubwira car si c’est vraiement vous, vous connaissez plus qui conquenque les DDs pour ne pas perdre du temps a ecrire quoi que ce soit. Vous developer depuis le debut comme koi vous vouler raisonner nos chers dirigeants, leur donner des suggestions. Depuis quand toi qui les connait depuis le maquis ils connaissent la logique. Ils ont massacres des familles entieres tutsi et ils y compris vous nous disait que c’est pour défendre la democratie. Quand ils se sont tournes sur leurs compagnons et autres Hutu …. Depuis quand ces gens ont eu la logique, n’st pas qu’on est surpris a tout moment depuis je ne sais quand?
    Ensuite faut pas mélanger les choses, quand tu evoques Rwagasore, toi qui parait il tu es meme un Muganwa, tu devrais savoir plus que nous les simples citoyens, que ces hommes n’ont rien de commun.

  3. Terimbere

    Je trouve positive et valable votre critique!
    Ah oui bcp de choses doivent etre faites pour rentabiliser nos ressources et le tourisme est un de ces ressources negligees chez nous alors qu’il apporte bcp pour ‘autres pays!
    Le Rwanda a encaisse plus de 250 millions de dollars americain en 2013, ce qui est presqu’au Burundi la moitie de nos recettes fiscales!
    Je ne sais pas si chez nous on a pu encaisse 5 millions de dollars americains!
    Donc, la pauvrete, c’est … ou?!!!?? Ceci n’est pas DD, ca date de Mwezi!!
    On doit changer!
    Je vous dis en passant que certains touristes invites au Burundi preferent rester au Rwanda juste par le fait de 90$ de visa alors que le Rwanda exige la moitie!
    Pourtant, la vie coute de loin moins cher au Burundi qu’au Rwanda!
    Mais pour le sentir, il faut entrer dans le pays!
    Un certain Deo Ngendahayo etait jusqu’il y a quelques mois, le directeur general de l’office national du tourisme!
    Merci a Iwacu d’avoir donne l’opportunite a nos pauvres compatriotes l’espace pour pouvoir soulever ces questions importantes et esperons que les services habilites en prendront compte!

  4. Ceux qui ont l’argent à gaspiller n’ont qu’à payer. Mais pour le simple curieux qui n’a d’intérêt qu’à regarder le monument de l’indépendance, la pelouse et les jets d’eau du jardin, il ne suffira qu’à s’arrêter un moment autour des routes qui encadrent la place pour contemple ces merveilles; et ce sera suffisant pour sa curiosité.

  5. PCE

    Eh oui , si on ne peut plus visiter la place de l’indépendance , il ne nous reste plus que l’ autre monument aux morts mais à Mpanda cette fois ci .A part quelques litres d’ essence et probablement une gerbe de fleurs à la mémoire du citoyen connu ou inconnu , ca ne risque pas de couter plus. Contentons nous de ce qu’on a. Et je peux jurer que lorsque ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui seront là ou se trouvent nos martyrs et héros , on n’aura rien pour payer , ca coutera la peau des fesses . On dira de loin  » Salut les morts , les vivants vous saluent ».

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