C’est parti. La Commission électorale nationale indépendante, CENI, annonce qu’elle présente le calendrier électoral la semaine du 17 au 23 juin. « The die is cast », les carottes sont cuites pour la préparation des élections électorales de 2020. Cependant, cette activité se tiendra au moment où l’intolérance politique conduit à des violences dans certains coins du pays.
Nos reporters ont sillonné plusieurs communes du Nord du pays, surtout à Kirundo. Les journalistes ont pu constater que dans les communes Ntega, Busoni, Bugabira, les militants, surtout les jeunes, du parti au pouvoir et ceux du Congrès national pour la liberté, se regardent en chiens de faïence. Des provocations, des intimidations, des arrestations arbitraires, des passages à tabac, des biens saccagés sont signalés.
Certains jeunes ne passent plus la nuit chez eux de peur d’être surpris par leurs « bourreaux » la nuit. Les victimes dénoncent parfois le laxisme de la police, voire dans certains cas la complicité de certains administratifs. Mais aussi une justice du deux poids deux mesures. Des cas similaires se sont aussi observés dans certaines localités de la commune Mubimbi, où même des femmes ne sont pas épargnées.
On ne dénoncera jamais assez l’intolérance politique, les débordements. Même si certains condamnent Iwacu, à tort, d’exagérer les faits, ces derniers sont malheureusement têtus. La mission de la presse est aussi de prévenir, d’atténuer, d’alerter. Ne rien voir, ne rien entendre, serait trahir un des fondements d’une presse responsable.
Dans nos précédentes éditions, nous avons rappelé aux décideurs (gouvernement, police, administration, justice) le rôle qu’ils doivent jouer pour arrêter cet engrenage de la violence.
Les violences post-électorales qui ont endeuillé notre pays trouvaient leurs origines en amont, c’est-à-dire la mauvaise gestion de la période précédant les scrutins. Comme arbitre, le moment est crucial pour la CENI de jouer pleinement son rôle. Définir les règles du jeu, donner un message fort aux parties prenantes d’imposer à leurs membres un véritable programme d’éducation civique à la démocratie, à la paix et à la non-violence électorale. C’est aussi le moment d’instaurer la confiance entre toutes les parties prenantes, pour l’établissement des règles de la compétition, autrement dit un cadre légal, qui garantit l’intégrité et la crédibilité du processus électoral.