S’aligner sur la ligne de départ de la course à la présidentielle pour mettre en œuvre quelles propositions de valeur? Sur base de quel diagnostic de la situation du pays, secteur par secteur? Un simple catalogue de pratiques de mauvaise gouvernance, de violations des droits de l’Homme, de restrictions de l’espace politique à mettre au passif du parti au pouvoir et de son nouveau candidat, lui aussi comptable? Cela conduirait à se contenter d’un cautère sur une jambe en bois en guise de proposition.
Déceler et oser s’attaquer à la véritable cause racine des symptômes – la qualité du leadership actuel est aussi un effet -, après avoir soulevé les strates des problèmes structurels et conjoncturels, c’est l’intelligence et le courage politiques en action.
Miser sur sa jeunesse ou sa virginité politique, nourrissant l’espoir de forger son destin présidentiel en renversant la table, serait le gage d’une vacuité de la pensée politique. Laquelle est l’antichambre de la politique du y’a qu’à, prétendant pouvoir réussir là où les autres ont échoué. Ainsi le périmètre du champ politique se circonscrirait aux effets d’annonce.
Lire, aller à la rencontre des compatriotes aux quatre coins du pays, multiplier les contacts, rechercher des connaissances… Pendant que d’autres se contentent de vivre. Ainsi se prépare un candidat qui se veut porteur de propositions de valeur. Pour propulser le pays sur les rails du décollage économique et du développement durable.
S’engager dans la course à la présidentielle, c’est aller à la rencontre de son peuple pour converser. C’est avoir à dire pour que son peuple retrouve la foi en la politique. C’est distiller l’espoir dans les esprits que le politique peut transformer le quotidien. Gagner l’attention de son peuple se travaille sur le long cours – pas à la vitesse du son -, se mérite. La réduire à un tremplin pour lancer sa carrière politique ou se muer en candidat-marionnette pour donner le change sur l’ouverture de l’espace politique, c’est dévaluer la fonction présidentielle.
Le culte de l’homme fort incarnant le changement est le ressort de la présidentielle, pour l’heure, au Burundi. Gagne la présidentielle – dans les conditions normales de température et de pression – celui qui est porté par une déferlante. En 1993, Melchior Ndadaye avec son parti Sahwanya-Frodebu restaure la démocratie. En 2005, Pierre Nkurunziza, leader du Cndd-Fdd, clôt le chapitre de la guerre civile en 2003. Le 20 mai 2020, à qui le tour?
Guibert Mbonimpa