Au 7 février 2020, 12 candidats se disputent le fauteuil présidentiel. « Chaque candidature aux élections présidentielles doit être parrainée par un groupe de deux cents personnes formé en tenant compte des composantes ethniques et du genre. Les membres du groupe de parrainage doivent eux-mêmes réunir les conditions de fond requises pour l’éligibilité aux élections législatives », dispose l’article 100 de la Constitution du 7 juin 2018. Ce libellé est repris à l’article 97 du Code électoral du 20 mai 2019. Avec un ajout : « Ce groupe doit revêtir un caractère national. » Croire qu’à l’évocation de cette formule – en renfort d’un seuil de signatures insignifiant par rapport au corps électoral (5 126 351) -, l’envergure nationale du candidat apparaîtra se ramène à recourir à la pensée magique.
« Le nombre de signatures exigées est de 1000. Une partie de ces parrainages devrait obligatoirement provenir de 3 régions sur les 5 que compte le Burundi. Et ce à raison de 200 au moins par région, le reste réparti, sans quota, partout dans le pays et à l’étranger. » Ainsi amendé, l’article 97 éloignerait le risque de voir la présidentielle virer à la foire aux candidats. Comment collecter les parrainages? Que prévoir en cas de signatures multiples d’un même électeur? Ces deux autres questions connexes devraient également être fixées par le Code électoral.
Cette multiplication des candidatures survient in tempore suspecto, la communauté internationale n’ayant de cesse d’appeler à l’ouverture de l’espace politique dans la perspective des élections de 2020. L’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, John Peter Pham, lors de sa visite de travail au Burundi, mercredi 11 septembre, a enfoncé le clou transformé en objet contondant sous l’effet du langage diplomatique : « Même si le pays est souverain, ces élections seront plus crédibles et plus transparentes, s’il y a des observateurs burundais de la société civile, des observateurs venus de la sous-région, de l’UA et même de la communauté internationale.»
La réponse du berger à la bergère. « On n’a besoin ni de Belges, ni de Français, ni d’Américains pour observer le déroulement des prochaines élections générales qui débutent par la présidentielle, en mai prochain », a tranché dans le vif, vendredi 10 janvier, le président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, sur les antennes de la RTNB. On donne d’une main pour mieux reprendre de l’autre.
Cinq ans plus tard, la crise politique a-t-elle eu raison du lien de confiance nécessaire entre les élites gouvernantes et les gouvernés ? Ou l’explication de cette fièvre créatrice de candidatures se niche-t-elle ailleurs ?
Début 2000, le terme « Imperekeza »(Accompagnateurs) est entré dans le jargon politique. Fait-il florès à la faveur de cette présidentielle ?
Guibert Mbonimpa