Ce novembre 2023, le président de la République, Evariste Ndayishimiye, a passé les rênes de la présidence du Sommet des Chefs d’Etat de l’East African Community (EAC) à son homologue du Soudan du Sud, Salva Kiir. Le mandat du chef de l’Etat burundais a été marqué essentiellement par le conflit au Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC). Nombre d’observateurs s’accordent à dire que c’est une réussite au niveau diplomatique vu que son prédécesseur ne participait plus aux rendez-vous de l’EAC arguant « un agenda chargé ».
De retour à Bujumbura après les travaux du 23ème Sommet ordinaire des chefs d’Etat de l’EAC, le président Evariste Ndayishimiye a dressé un bilan largement positif des réalisations dans plusieurs domaines notamment dans le commerce intra-régional, ’industriel, le domaine social, politique et sécuritaire, etc. Le chef de l’Etat burundais s’est réjoui des efforts consentis dans le renforcement de la paix et la sécurité au niveau de toute la région en général.
Il a également indiqué que le mandat des forces de l’EAC qui sont déployées à l’est de la RDC se termine en décembre de cette année, mais que les Chefs d’Etat ont recommandé aux chefs des forces des pays membres de l’EAC et de la SADC de se réunir en vue d’émettre des recommandations sur la voie à suivre.
Pour rappel, le président Evariste Ndayishimiye avait été élu à la présidence de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), le 22 juillet 2022, lors d’un sommet des chefs d’Etats membres qui se tenait à Arusha en République unie de Tanzanie. Il succédait à son homologue kenyan Uhuru Kenyatta.
Dans son discours, après son élection, le président burundais Evariste Ndayishimiye avait promis de travailler pour l’amélioration du niveau de vie des populations de la communauté à travers une compétitivité accrue, la croissance de la production, le commerce et la promotion des investissements.
Concernant la paix et de la sécurité dans la région, le président Ndayishimiye avait mis un accent sur la promotion de la paix et la stabilité en RDC : « Nous veillerons à ce que notre nouvel Etat membre se rétablisse et fasse un long chemin vers la stabilité et le développement, y compris la mise en œuvre des décisions prises lors du récent conclave de Nairobi ».
Des sommets en cascade
L’image qui revient dans la tête des Burundais est le défilé des chefs d’Etat lors du 20ème Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine (EAC) qui s’est tenu le 4 février 2023 à Bujumbura sous la présidence du chef de l’Etat Burundais et président en exercice de l’EAC. L’objectif était d’évaluer la situation sécuritaire qui prévaut à l’est de la RDC.
A part le président du Soudan du Sud qui s’était fait représenter, tous les autres Chefs d’Etat des pays membres de cette communauté avaient fait le déplacement pour prendre part à cette rencontre. « Ces derniers mois ont été marqués par la non-application des directives des Sommets des Chefs d’Etat, d’où la tenue urgente de ce sommet extraordinaire », avait indiqué le président Ndayishimiye.
L’autre fait marquant de ce sommet est la longue accolade entre les présidents Evariste Ndayishimiye et Paul Kagame du Rwanda. « Une accolade historique », s’étaient empressés de réagir les internautes.
Cela faisait en effet plus de 11 ans que le président rwandais n’avait plus foulé le sol burundais. Sa dernière visite remontait en juillet 2012, lors de la célébration des 50 ans de l’indépendance du Burundi. En marge de ce sommet, les deux chefs d’Etat se sont entretenus à huis clos.
Un autre sommet qui a marqué la présidence burundaise de l’EAC est le 11ème Sommet du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région qui s’est tenu à Bujumbura le 6 mai 2023.
Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernements signataires de cet Accord-cadre étaient présents à Bujumbura ainsi que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat et envoyé spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, Bernard Quintin.
Plusieurs autres sommets ont lieu à Bujumbura et à Nairobi sous la présidence du président Evariste Ndayishimiye. Le 21 avril 2022, les chefs d’Etat et de gouvernements se sont rencontrés à Nairobi. Deux décisions ont été prises.
Premièrement, la voie politique : Ils ont décidé de lancer un processus politique, dirigé par le président Kenyatta, afin de faciliter les consultations entre la RDC et les groupes armés locaux. Les présidents ont rappelé qu’un dialogue consultatif entre les deux parties doit avoir lieu dans les meilleurs délais. La deuxième voie était militaire.
Il a été décidé un déploiement urgent d’une force régionale pour aider à contenir et, si nécessaire, combattre les forces négatives. Pour la mise en œuvre de ces deux voies, les chefs d’Etat ont ordonné que tous les groupes armés en RDC participent inconditionnellement à ce processus.
« A défaut, ils seront considérés comme des forces négatives. » De plus, les groupes armés étrangers devaient être désarmés et rapatriés sans condition dans leurs pays d’origine.
Dans la foulée, la force régionale de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) a été déployée en RDC. Elle est composée des troupes venant de l’Ouganda, du Burundi, du Kenya et du Sud-Soudan. Sa mission : faire respecter le cessez-le-feu et de superviser le retrait du M23 des zones occupées.
Les accusations du M23, une épine dans le pied de Gitega
Depuis plusieurs jours, le Mouvement du 23 mars (M23) accuse la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB), déployée à l’est de la RDC de collaborer avec les Forces Armées de la RDC (FARDC) et les milices armées pour attaquer les positions du M23.
Contacté ce jeudi matin, le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, n’a pas voulu s’appesantir sur le sujet. Il s’est contenté d’envoyer un communiqué du M23 sorti ce jeudi matin 30 novembre 2023. Dans ce dernier, le M23 écrit : « La Direction du Movement du 23 mars (M23 en sigle) attire l’attention de la Région et de la Communauté tant Nationale qu’internationale sur les massacres en cours perpétrés contre la population civile et la crise humanitaire sans précédent à Masisi orchestrée par la Coalition des Forces du Gouvernement de Kinshasa notamment les FARDC, FDLR, MERCENAIRES, MILICES et les FORCES DE DÉFENSE NATIONALE DU BURUNDI. »
Interrogé sur ces accusations, le porte-parole de la FDNB, Colonel Floribert Biyereke, n’a pas répondu à notre message.
L’épineuse question des arriérés des cotisations du Burundi
C’est un autre talon d’Achille lors de cette présidence du Burundi. Avec des arriérés évalués autour de 9.430.352 USD et 29.416.634 USD, respectivement pour le Burundi et le Sud-Soudan.
Selon le dernier rapport de la conférence pré-budgétaire de l’EAC, tenue du 23 au 24 octobre 2023, ces deux pays sont classés mauvais payeurs de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est.
Des retards, visiblement qui commencent à agacer les élus du peuple de certains pays membres de cette communauté. En témoigne, la sortie très remarquée des députés kenyans.
Car, selon eux, ce défaut de payement commence à impacter négativement les finances de la communauté et mettre en difficulté les performances des institutions.
Ainsi, dans un article du 15 octobre paru dans le quotidien kenyan The Nation, dans un rapport adressé au parlement du Kenya, la commission parlementaire, chargée de l’intégration régionale, recommande une révision du traité régissant la CAE, afin de permettre aux Etats membres de contribuer selon leur capacité, et d’accorder le droit de veto aux Etats les plus contributeurs.
Très remontés, ces députés ont émis l’idée selon laquelle les Etats « bons contributeurs » aient un droit de veto. Graves, ces représentants du peuple kenyan appelaient les pays fondateurs de cette jeune communauté économique à payer pour les arriérés du Soudan et du Burundi selon le principe de « grand frère ».
Un scénario qui n’a pas été du goût des pays indexés. « Sachant que le traité instituant l’EAC garantit à tout Etat membre un droit de vote égal. Mais et surtout plus que, les décisions se prennent par consensus. Leur retirer le droit de veto suppose qu’ils perdent de facto les avantages et droits qu’ils tirent au sein de la communauté », laisse entendre un analyste de la sous-région.
Les autorités burundaises ont minimisé cette sortie. Thaddée Ntahondi, responsable de la communication au sein du ministère de tutelle, préférant la qualifier de « simple suggestion » puisque ceci n’était pas une décision émise par un Chef d’Etat lors d’un sommet ordinaire entre pairs, il n’y avait pas à s’alarmer.
Toutefois, plusieurs observateurs redoutent que la dette ne devienne abyssale les prochains jours, d’autant que dorénavant le Burundi ne sera plus sous le feu de projecteurs.
« S’il lui a été difficile d’apurer ne fut-ce que 50% des arriérés durant cette année de présidence, surtout que nous nous devions d’être exemplaire. Avec la problématique des devises à laquelle le pays fait face, pensez-vous vraiment que l’échéance de remboursement sera respectée ?», glisse sceptique un autre analyste.
Alors que M. Ntahondi assure que l’échéancier de remboursement ne sera en aucune manière perturbé. De son côté, Salva Kiir, président du Sud Soudan et nouveau président en exercice de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est, lorsqu’il prêtait serment, a promis de vite apurer les arriérés des cotisations.
Réactions
Kefa Nibizi : « Le bilan est relativement satisfaisant notamment dans le domaine diplomatique. »
D’après le président du parti Codebu « Iragi rya Ndadaye », le bilan du président Evariste Ndayishimiye est relativement satisfaisant notamment dans le domaine diplomatique et dans la résolution des conflits. « C’est là où c’est visible. Pour ce qui est de l’économie, des infrastructures, la santé, l’éducation et l’intégration régionale, il n’y a pas de nouveautés qu’on pourrait inscrire directement à l’actif de son mandat. »
Pour ce qui est de positif, Kefa Nibizi cite la réunion qui s’est tenue à Bujumbura et le Sommet du mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix et la sécurité en RDC qui s’est également tenu à Bujumbura. « Il faut aussi parler du réchauffement des relations entre le Burundi et le Rwanda concrétisé par la visite du chef de l’Etat rwandais au Burundi et la venue de la première dame rwandaise au Burundi et de celle de son homologue burundaise au Rwanda. »
Il espère que cette présidence de l’EAC a permis à renforcer les liens diplomatiques avec le Rwanda. « Nous regrettons que cette présidence se soit achevée alors que les relations sont encore très tendues entre le Rwanda et la RDC. Il n’y a pas de signes d’apaisement. »
Concernant le conflit en RDC, M. Nibizi trouve que le président Ndayishimiye a pu réussir de mettre en place le processus de Nairobi et celui d’Angola pour que ces deux processus soient cohérents. Selon M. Nibizi, il a aussi réussi la mise en place d’une force d’interposition entre le M23 et le gouvernement de la RDC, mais, poursuit-il, il est regrettable que la RDC commence à demander le retrait de ces troupes comme quoi elles ne contribuent à rien. « C’est vrai que les combats ont à un certain moment cessé, mais le rôle du Burundi dans ce conflit a été critiqué par certaines parties au conflit. Ce qui risque de ternir en quelque sorte l’image du pays. »
Concernant les arriérés au niveau des cotisations, Kefa Nibizi trouve que ça fait tache d’huile. « Il aurait été mieux que le Burundi ait contribué suffisamment dans l’EAC. Je pense que le gouvernement devrait fournir plus d’efforts, car nous avons plus de bénéfices dans cette communauté que dans d’autres auxquelles on appartient. »
Aloys Baricako : « Le bilan n’est pas positif »
D’après le président du parti RANAC, il est assez difficile de dresser un bilan d’autant plus que l’EAC n’a pas encore atteint ses objectifs. Parmi ces objectifs, poursuit-il, il y a la libre circulation des biens et des humains dans tous les pays de l’EAC. « Cet objectif n’est pas encore atteint. Mais aussi, au niveau du passeport, il n’y a pas des données biométriques de telle manière qu’un Burundais soit reconnu directement quand il entre en Tanzanie, un Rwandais ou un Sud-Soudanais. Il n’y a pas vraiment une biométrie telle que l’on peut croire que nous sommes dans une même communauté », fait savoir M. Baricako.
Selon ce politique burundais, la monnaie unique qui doit caractériser cette communauté n’est pas là. Chaque pays utilise toujours sa monnaie. « Vous comprenez que les objectifs de l’intégration régionale tels que définis ne sont pas encore atteints ».
M. Baricako indique que même les textes réglementaires qui régissent l’EAC ne sont pas non plus respectés par les Etats membres. Il donne l’exemple des jugements qui sont rendus par les Cours de l’EAC, mais qui sont négligés, méprisés, ou qui ne sont pas bien respectés par les Etats membres. « On apprécie un bilan par rapport aux objectifs qu’on s’est fixés. Le bilan n’est pas positif », constate M. Baricako
Pour le conflit au nord Kivu, le président du RANAC trouve que ce n’est pas une réussite, mais que quelque chose a été faite. « Certes, il y a eu un déploiement des forces de la communauté Est-Africaine pour s’interposer entre les différents belligérants, mais force est de constater que le conflit continu », charge-il. Et d’ajouter que « ce conflit continue à envenimer les relations entre la RDC et le Rwanda, mais il y a aussi le M23 qui accuse les militaires burundais comme quoi ils sont de connivence avec les FARDC alors qu’ils devraient s’interposer ».
Pour lui, il est difficile de parler de la réussite au moment où l’objectif essentiel qui est celui d’arrêter la guerre et de résoudre pacifiquement le conflit n’a pas atteint. M. Baricako voit que ce conflit devrait être résolu sur base d’un pacte comme ça s’est passé au Burundi.
Quant aux relations entre les pays de l’EAC, notamment le Burundi est le Rwanda, le président de RANAC précise qu’il faut apprécier le pas franchi par les chefs d’Etat de ces deux pays malgré quelques incompréhensions qui persistent. « Aujourd’hui, les Burundais circulent au Rwanda sans problème et les Rwandais viennent au Burundi sans aucun souci. On peut donc apprécier la diplomatie des deux pays », indique-t-il.
Entre le Rwanda et l’Ouganda, ce politique constate que c’est le statu quo. « Il n’y a pas de violence, mais les relations ne sont pas encore bien rétablies. Il y a d’ailleurs moyen que les deux chefs d’Etat puissent se rapprocher pour que les relations entre leurs pays s’améliorent », ajoute-t-il.
M. Baricako revient enfin sur l’épineuse question des cotisations du Burundi au niveau de l’EAC. « Nous avons des arriérés de cotisation. Et cela fait que le Burundi se retrouve dans une situation très précaire ». Il précise que cela a des conséquences sur la prise de décision, la considération et la prise de parole au niveau de la communauté. Le président du RANAC propose qu’il soit bon de voir dans le budget général de l’Etat quelques rubriques qu’il faut supprimer pour favoriser les cotisations à l’EAC. « Comme ça, si nous sommes en ordre, nous pourrons avoir une place comme les autres ».
Déo Hakizimana : « Il a fait ce qu’il pouvait faire »
« Le Burundi est au cœur d’un conflit où il doit jouer son rôle naturel, mais difficile », indique le Fondateur du Centre indépendant de recherches et d’initiatives pour le dialogue (CIRID) D’après lui, c’est à cause de sa position stratégique dans la région.
Pour lui, Evariste Ndayishimiye est président d’un pays pivot, clé qui aurait voulu jouer un rôle beaucoup plus important, mais qui est confronté avec les contraintes du terrain. « La guerre du Congo a éclaté depuis 20 ans et les protagonistes du conflit, qui sont des institutions, des États, des communautés …, parlent un langage différent, parfois biaisé », analyse Hakizimana. Il considère que le conflit du Congo est un conflit fabriqué qui existait déjà avant la présidence d’Evariste Ndayishimiye. Ndayishimiye. « Le président burundais a fait ce qu’il pouvait faire. »
Il juge que le Burundi a gagné, car ses forces armées qui font partie de la Force régionale de la Communauté Est-Africaine ont joué un rôle important, modèle, qui a fait que des résultats. « La zone est maîtrise sur le plan sécuritaire grâce au bon travail des soldats burundais présents. »
Il réitère que le président Ndayishimiye a fait tout ce qu’il pouvait faire surtout que dans une résolution des conflits, la volonté des parties doit être prouvée. « Si elles utilisent la mauvaise foi et un double langage, en promettant ceci ou cela et faisant le contraire sur terrain, n’importe quelle personnalité rencontrera des difficultés à résoudre le conflit. »
Au niveau diplomatique, M. Hakizimana trouve que c’est une success-story. « Au mois de mai 2023 il a organisé un sommet des chefs d’Etat, tout le monde a fait le déplacement. Cela montre surtout qu’il a des capacités et des chances. »
Hamza Venant Burikukiye : « Le président Ndayishimiye a fait preuve d’un chef d’Etat pacifiste et rassembleur. »
D’après le représentant légal de l’Association Capes+, le président burundais Evariste Ndayishimiye a fait preuve d’un chef d’Etat pacifiste, rassembleur et épris de haute qualité d’esprit du bon voisinage. En témoigne, poursuit-il, le réchauffement des bonnes relations entre les pays de la sous-région et son implication très significative à la réinstallation de la paix en RDC en prenant le devant dans le déploiement des contingents burundais dans l’est du Congo à travers la force de l’EAC.
D’après lui, même si les conflits persistent, le président Ndayishimiye a réussi à ralentir l’intensification des combats par des pourparlers entre différents antagonistes et a initié beaucoup de rencontres des Chefs d’Etats de la région et de la sous-région à la recherche d’une voie négociée pour arrêter les confrontations armées afin de soulager les calamités du peuple congolais.
Pour Hamza Venant Burikukiye, la question des arriérés des cotisations de l’Etat burundais ne peut être prise comme épine à l’intégration du Burundi dans l’EAC. « A part que cette question est discutée au sein des Etats membres, le Burundi a déjà affiché sa bonne volonté d’honorer ses engagements par des gestes faits régulièrement. »
Analyse
Guillaume Ndayikengurutse : « La réussite diplomatique est beaucoup plus symbolique »
Quel bilan faites-vous des actions du président Ndayishimiye au cours de cette année de présidence ?
Je dois d’ores et déjà vous dire que c’est un bilan à l’ombre du conflit à l’est de la RDC. Quand le président de la République a commencé, il avait annoncé des axes d’intervention pour son mandat. C’était notamment l’agenda régional pour la paix et la sécurité, le programme de solidarité africaine, l’accélération de l’intégration, le développement de l’industrialisation, l’amélioration de l’inclusion des femmes et des jeunes dans la Communauté Est-Africaine.
C’était des objectifs pertinents. Mais j’ai l’impression qu’en fin de compte, le conflit à l’est de la RDC a cristallisé la présidence burundaise de l’EAC.
Le président Evariste Ndayishimiye s’est beaucoup impliqué dans le conflit à l’est de la RDC. Peut-on parler d’une réussite ?
Par essence, les efforts pour la paix aboutissent à des résultats qui ne sont pas mesurables. Il faut dire que d’une part, la présidence burundaise de l’EAC a pu mettre sur l’agenda régional et international ce conflit.
D’autre part, il faut être réaliste et reconnaître que ce conflit à l’est de la RDC est complexe et multifactoriel. Il serait utopique de penser que ce conflit peut se résoudre en une année.
Le M23 accuse les soldats burundais de collaborer avec les FARDC et autres milices armées. Ce n’est pas une tache sur les actions entreprises au cours de cette année par le président Ndayishimiye ?
Jusqu’ à aujourd’hui, le rôle que les militaires burundais sont en train de jouer en RDC reste placé sous le signe du secret d’Etat. Il serait très difficile d’émettre un avis ou de faire une analyse à partir des déclarations du M23 quand on sait que ce conflit au-delà d’être une guerre militaire est aussi une guerre de communication. C’est une question hautement sensible.
Lorsque le président Ndayishimiye a pris les rênes, il y avait des frictions entre le Burundi et le Rwanda, l’Ouganda et le Rwanda, la RDC et le Rwanda. Pensez-vous que le président Ndayishimiye a contribué au réchauffement des relations entre ces pays ?
Dans les relations internationales, le conflit fait partie du processus politique. C’est une étape comme tant d’autres. Les différents Etats cherchent toujours à tirer chacun la couverture de son côté et à maximiser ses intérêts et sa puissance dans l’arène internationale.
Dans la Communauté Est-Africaine, les conflits sont là et ils existeront toujours. La différence sera la façon dont les différents Etats vont gérer.
Au cours de cette présidence, on a quand même remarqué des signes de rapprochement entre certains Etats par l’exemple entre le Burundi et le Rwanda. Par contre, on a constaté que le conflit s’approfondit davantage entre le Rwanda et la RDC autour de ce confit à l’est du Congo.
Le mérite de cette présidence aura été qu’à un certain moment, elle est parvenue à ramener sur une même table les chefs d’Etat à Bujumbura. C’est une réussite à voir que des acteurs qui ont à priori des intérêts divergents peuvent se retrouver sur une même table. Le Burundi ne pouvait faire que ça. Au final, l’EAC est une organisation d’intégration régionale, mais dont les Etats membres restent jaloux de leur souveraineté et attachés à leurs intérêts avant les intérêts communautaires.
Cette présidence est venue dans un contexte très complexe où les rivalités interétatiques, intracommunautaires n’étaient pas de nature à permettre à atteindre des résultats flamboyants.
On a vu beaucoup de sommets que présidait le président Ndayishimiye. On peut dire que diplomatiquement c’est une réussite ?
Beaucoup plus sur le plan symbolique. Il faut reconnaître que cet élan de retour du Burundi dans le concert des Nations a été renforcé par cette présidence de l’EAC. Il y a des cadres internationaux où le président Ndayishimiye a pu siéger parce qu’il est président de l’EAC. Cela aura été une opportunité, mais je souligne, mais cela reste sur le plan symbolique.
Le Burundi a des arriérés de cotisations dans la communauté, cela n’est pas une épine par rapport à l’intégration régionale ?
Il faut avouer que c’est gênant quand il y a des engagements internationaux qui sont préconisés par des textes qu’on a ratifiés et qu’on n’arrive pas à honorer. Mine de rien, cela a un impact.
On peut parler des intérêts communautaires, on peut parler de l’amitié entre les peuples, mais la main qui donne reste toujours plus importante, plus prégnante sur le processus que ces Etats qui ont des arriérés. Il pèse de tout son poids sur le processus. Il faut à priori démontrer ses capacités financières. Ce qui n’est pas le cas.
Oui …on a parler une ou deux fois du Burundi Président de l’ EAC
le SG de l ONU a passé quelques heures à Bujumbura
Concernant RDC/Rwanda/mM23
le Président de la RCA n a eu aucune envergure politique et diplomatique
il a mis la pagaille…..
Le général Neva n est pas parvenu à se faire entendre.
Aucune avancée…..
Et c’ est ici que le Burundi on tout cassé
En se mettant à part ….
En envoyant ses militaires à Goma et à Kinshasa
Sans avertir l’EAC
Défendre le Président Congolais
Quel aberration
Quelle faute politique
Surtout si un autre politicien prend la place de l actuel
le Burundi va t il rester dans cette communauté ?
En plus il paie pas ses cotisations et le Kenya en à marre
Pour qui connait l’histoire tourmentée de l’Afrique des grands lacs et n’est pas aveugle à ce qui s’y passe depuis les années 1959, le point de vue soutenu par Deo Hakizimana du CIRID selon lequel « le président Ndayishimiye a fait tout ce qu’il pouvait faire surtout que dans une résolution des conflits, la volonté des parties doit être prouvée » n’est pas du tout soutenable. Du tout alors.
ET LE GENOCIDE COLONIAL DES BAHIMA ALORS?
En manquant de vision et en ne prenant pas position sur la question de la politique coloniale et génocidaire de la dynastie des Bahima alors qu’elle lui a été démontrée au Burundi en date du 20 décembre 2021 quand le Parlement du Burundi a reconnu solennellement un génocide commis contre des Bahutu du Burundi par des Batutsi de même appartenance lignagère que le Président Paul Kagame du Rwanda (Abahima), le Président Ndayishimiye a la fois Président de l’EAC et du Burundi a manqué une occasion en or de marquer un tournant dans l’histoire génocidaire de la région des grands lacs africains.
RETOUR SUR ARUSHA 2000 :
Pour preuve le mémorandum de Franck Chalk, professeur d’histoire à l’université Concordia de Montréal (Canada) qui a participé aux négociations au processus de paix à Arusha en 2000, pour qui le génocide au Burundi d’avril 1972, les meurtres de 1965 qui l’ont précédé, et les meurtres au Burundi qui l’ont suivi, y compris ceux qui ont eu lieu après 1993, ont joué un rôle central en alimentant la paranoïa exprimée plus tard par les auteurs du génocide au Rwanda d’avril à juillet 1994, et en justifiant leurs actions auprès du public, tout comme le groupe qui a mis en œuvre le génocide de 1972 au Burundi (groupe de Bahima de Micombero) a invoqué la guerre de 1959 au Rwanda et l’expulsion des Tutsis rwandais pour justifier ses meurtres de Hutus au Burundi en 1972.
Et toujours selon le professeur Franck Chalk, l’impunité des auteurs du génocide de 1972 au Burundi a enhardi les auteurs du génocide de 1994 au Rwanda
Mais surtout, pour lui, l’instauration d’une paix durable dans la région des Grands Lacs aujourd’hui et à l’avenir dépendait de l’établissement de ce qui s’est réellement passé au Burundi de 1965 à aujourd’hui (2000).
Le Président Évariste Ndayishimiye n’a pas été à la hauteur de lire son propre passe pour en faire profiter à la région , alors qu’il était à la fois et Président du Burundi et Président de l’EAC. Tout une occasion manquée