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Père Désiré Yamuremye sur les propos du ministre Nduwimana : « Nous avons un Dieu d’Amour »

05/05/2013 Commentaires fermés sur Père Désiré Yamuremye sur les propos du ministre Nduwimana : « Nous avons un Dieu d’Amour »

Les propos du ministre de l’intérieur sur l’origine divine de l’incendie du marché central ont choqué. Père Désiré Yamuremye, Jésuite, théologien et politologue minimise mais trouve que c’était déplacé.

<doc7351|right>{On nous a toujours appris que "Dieu est amour". Le ministre de l’intérieur a déclaré que l’incendie du marché central serait une volonté divine afin que l’on se dote d’un nouveau marché. Difficile de croire à un tel acte d’amour?}

Père Désiré Yamuremye : Je vais répondre à votre question par deux aspects: le premier est théologique et le second est sociologique. Au point de vue théologique qui est une tentative de vouloir comprendre avec les yeux de la Foi et de la raison les mystères de la révélations, nous trouvons effectivement dans certaines religions des tentatives d’expliquer le mal ou la souffrance  dont on ne connait pas la source. On trouve ceci dans beaucoup des psaumes et  écrits de l’ancien Testament, surtout ceux des prophètes. Il suffit de lire les prophètes pour voir comment Yahwé a provoqué des malheurs pour le peuple choisi en vue de lui faire du bien dans l’avenir.

{Est- ce le cas pour l’incendie du marché central de Bujumbura ?}

Cela dépend d’où on se situe au niveau de la Foi. Voilà pourquoi devant ce malheur qui nous est tombé dessus, nous pouvons aussi nous focaliser vers des explications qu’on trouve dans l’Ancien Testament indépendamment du statut et de son rôle  dans la res-publica.

{En d’autres mots, ce serait une leçon que nous ferait Dieu ?}

Il me semble que  le Dieu de Jésus Christ est normalement  un Dieu qui n’utilisent plus cette pédagogie pour éduquer son peuple. C’est un Dieu d’Amour qui est aux côtés des pauvres et des malheureux dont il est venu d’ailleurs annoncer la libération de l’oppression en vue du rétablissement d’un Royaume de paix, de Justice, de pardon et de réconciliation (Lc 4, 16-22).

{Devant un tel sinistre quelles sont les paroles du Christ ?}

Le Christ interpelle tous ceux et celles qui croient en lui à plus de solidarités et de compassions puisque nous formons nous tous un seul Corps et quand une des parties du Corps souffre c’est tout le Corps qui souffre.

{Le ministre de l’Intérieur avait-il besoin de recourir à cette tentative d’explication d’une origine divine de l’incendie ?}

Au point de vue sociologique, nous pouvons nous poser la question de savoir si ce phénomène a vraiment besoin des interprétations d’ordre mystiques ou théologiques. Il me semble que c’est non, puisque le principe d’Emile Durkheim qui énonce que le social explique le social reste d’actualité. Je suppose que c’est ce principe qui explique la mise en place d’une commission d’enquête pour donner une explication sociale à cet incendie qui a endeuillé tous les Burundais.

{Des penseurs ont souvent accusé la religion d’être "l’opium du peuple". Dire le sinistre est une volonté de Dieu n’est-ce pas justement une façon de contenir le peuple, de l’endormir ?}

Oui certains penseurs du courant marxiste ont identifié la religion comme "opium du peuple". Il s’agit d’un courant d’ailleurs qui comme vous le savez a fini par créer sa propre religion, le communisme-marxiste qui a été aussi plus que l’opium du peuple. La religion devient opium du peuple quand les interprétations des fondements de la religion sont manipulés pour valoriser la forme.

{Voulez-vous être plus précis ?}

A ce que je sache il me semble que le ministre n’a fait partie de ceux qui enseignent ni le fond ni la forme d’une religion quelconque, à moins que je me trompe.

{De tels propos ne peuvent donc pas endormir le peuple …}

Ce serait minimiser la maturité du peuple burundais et de ceux qui ont le pouvoir de disséminer le message du salut. 

{Comment vous, personnellement avez-vous interprété ces propos du ministre ?}

Comme quelqu’un de bonne foi,  d’un coup je me suis dit qu’il s’agit d’un lapsus ou probablement de sa vision de Dieu, et ceci est un droit dans un pays de liberté de religion. Je n’y vois donc pas de gravité. Au contraire, c’est une interpellation pour les professionnels de la religion de doubler d’effort pour former les fidèles en matière de la doctrine et pourquoi pas de voir comment ouvrir à tout le public à des formations  théologiques et la doctrine sociale de l’Eglise pour les catholiques.

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