Le Pr Pascal Rwankara soutient [le contenu du rapport d’ICG->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4046] mais regrette qu’il ne fasse qu’ajouter le drame au drame. Le constitutionnaliste craint qu’il n’influence les bailleurs de fonds du Burundi.
<doc5829|right>{D’après le rapport d’ICJ, l’Accord d’Arusha est menacé. Quel est votre avis ?}
Si ICJ évoque, entre autres, des assassinats politiques, des violations des droits de l’Homme ainsi que l’exclusion politique, c’est parce que ce sont les conséquences de l’impunité occasionnée par l’absence des mécanismes de la justice transitionnelle, qui sont mentionnés dans l’Accord d’Arusha. De plus, il y a ce manque de dialogue entre différents acteurs politiques alors qu’Arusha préconisait une évaluation à mi-parcours pour voir comment redresser la situation. La Constitution actuellement en vigueur est une partie intégrante de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation. Malgré cette « accalmie », on ne doit pas ignorer la réconciliation qui suppose l’ouverture des procès pour arriver au pardon. Toutefois, il s’observe une réticence ou manque de volonté de la part des dirigeants.
{Selon des sources officielles, le rapport d’ICG prouve à suffisance qu’il roule pour l’ADC-Ikibiri et certaines organisations de la société civile. Qu’en dites-vous?}
Les faits rapportés par ICJ sont vérifiables. Si l’ADC et ces organisations ne sont pas écoutées quand elles dénoncent la même chose, il appartient aux gestionnaires de dire pourquoi. Dans tous les cas, ils n’ont pas raison de les déconsidérer, car cela est préjudiciable à l’image du pays.
{Ce rapport peut-il influencer les donateurs ?}
Sans doute. Un rapport négatif influe négativement sur l’aide. Lorsque le gouvernement prétend que le pays est pacifique, alors qu’on observe quelques escarmouches, les bailleurs de fonds peuvent s’interroger. Il y a des mécanismes pour mettre ces derniers en harmonie avec les institutions de la République, surtout quand on sait que d’autres acteurs, qui n’ont pas été associés, peuvent passer par d’autres canaux pour dire que rien ne va. C’est un problème que Bujumbura aurait pu résoudre avant de se rendre à Genève. On ne peut pas défendre une chose et son contraire. Dans ce genre de plaidoirie, il faut y aller en faisant comprendre que le pays va mieux et que tous les acteurs ont renoncé à toute revendication qui fâche. Surtout que la crise économique secoue le monde entier y compris les pays donateurs du Burundi.
{Que faut-il faire pour sauver Arusha ?}
Des gens doivent se mettre à la table des négociations pour débattre et définir les édifices qu’il convient de mettre en œuvre. La fuite en avant n’arrangera rien. Le parti au pouvoir – même s’il n’est pas signataire – devra associer ceux qui étaient à Arusha. Qu’il le veuille ou pas, cet accord doit faire l’objet de débats pour être appliqué à la lettre. Il a été conçu par des gens qui avaient compris qu’il fallait un pacte de bonne composition pour une gestion harmonieuse de ce pays. C’est pourquoi, il transcende même la Constitution.