Depuis ce 1er avril, le Rwanda assure la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations Unies. Pour le Pr Pascal Niyonizigiye, même si un mois ne suffit pas pour s’imposer, le Rwanda est plus que jamais bien placé pour participer dans la résolution de la crise congolaise.
<doc7660|left>{Que faut-il attendre de la présidence rwandaise ?}
Je ne pense pas que le Rwanda puisse faire quelque chose de spécial. Cependant, il pourra continuer à apporter sa contribution comme partenaire incontournable dans la résolution du conflit en RD Congo. De surcroît, c’est un voisin qui a un rapport avec ce qui s’y passe. Ne fut-ce qu’au niveau des relations qui se sont tissées entre les deux peuples de par l’histoire. Il est vrai qu’un mois ne suffit pas pour s’imposer. Mais, le Rwanda peut toujours montrer qu’il n’est pas aux côtés du M23 comme il l’a toujours déclaré en proposant certaines voies de sortie de la crise.
{Quelle est la marge de manœuvre du Rwanda ? }
Le Rwanda va bénéficier d’une certaine visibilité sur la scène internationale en assumant la présidence d’un organe aussi important que le conseil de sécurité des Nations Unies. Il est plus que jamais mieux placé pour participer dans la résolution du conflit à l’est du Congo.
{Comment appréhendez-vous l’arrestation de Bosco Ntaganda à quelques jours seulement de la présidence rwandaise de ce conseil ?}
Personnellement, j’estime qu’il n’y a pas de corrélation directe entre les deux événements. C’est une coïncidence qui peut avoir des effets.
{Lesquels ?}
J’ai l’impression qu’au niveau des procédures dans la résolution du problème congolais, il y a des choses qui se font que ce soit au niveau des négociations ou au niveau du déploiement de la brigade d’intervention onusienne. Cette dernière est une grande innovation dans l’histoire onusienne en ce qui est du maintien de la paix. Le jugement de Bosco Ntaganda, l’adoption de la résolution 2098 mettant en place cette brigade, la scission du M23… combinés, peuvent donner en quelque sorte une certaine impulsion.
{Pensez-vous que l’option militaire soit la mieux indiquée pour la crise congolaise?}
La guerre congolaise figure parmi les guerres les plus compliquées au monde. Des sources dignes de foi font état de plus d’une vingtaine de mouvements rebelles. Si on essaie de voir ce qui se passe en Afghanistan, en Irak et ailleurs dans le monde, l’option militaire est l’une des voies, mais elle n’est pas déterminante. Un problème comme celui du Congo devrait être résolu par voie politique à travers des négociations entre les partenaires politiques en vue d’améliorer la gouvernance.
{Des troupes du M23 sont tenues éloignées de la frontière congolaise, mais à l’intérieur du territoire rwandais. Ne risque-t-on pas d’assister à une sorte de pression sur Kigali ?}
Je ne le pense pas. Cela procède de la logique de résolution des conflits. C’est la norme du droit humanitaire : quand il y a un flux de gens armées qui arrivent, la première chose, c’est de les désarmer et les cantonner le plus loin possible de la frontière commune. Le Rwanda a toujours déclaré qu’il n’est pas derrière le M23. Donc, il n’y aura pas de pression outre mesure à son encontre. En apposant officiellement sa signature à la résolution 2098 du 28 mars 2013, le Rwanda accepte la mise en place de la brigade qui pourrait contribuer à la neutralisation et au désarmement des forces négatives.
{Un espoir de paix est-il permis avec cette brigade ?}
Apparemment, cette résolution ne sera pas facile à mettre en oeuvre parce qu’il y a même des membres permanents du conseil de sécurité à l’instar des Etats-Unis qui sont sceptiques quant à son efficacité. Mais c’est une expérience qu’il faut tenter.