Ses séances de formation, son appui ainsi que ses accompagnements aux victimes des violences basées sur le genre durant 12 ans, l’Approche psychosocial communautaire (APC) laisse derrière elle des impacts très significatifs dans les zones d’interventions. Initiée dans le cadre du programme psychosocial régional, l’approche a été financée par la direction suisse du développement de coopération.
Avec comme son approche psychosociale communautaire qui a été nommée ‘’guérir ensemble’’, le Programme psychosocial régional (PPR) a travaillé avec 170 mille personnes survivantes des violences basées sur le genre en provenance du Burundi, du Rwanda et de la RDC (République démocratique du Congo). Au Burundi, le programme avait comme principales zones d’intervention les provinces de Muramvya, Mwaro, Ngozi, Cibitoke et la Marie de Bujumbura.
Les communautés bénéficiaires, dont la majorité était des femmes ont témoigné des changements remarquables apportés par l’approche.
« Je vivais dans une violence extrême. Mon mari me frappait chaque jour », a confié Consolate Nciramunda, de la colline Rusororo dans la commune de Rugombo. De son retour, elle frappait ses belles-sœurs pour se venger de son mari. « Il y en a une de mes belles-sœurs que j’ai blessé à la jambe avec de la hache », a-t-elle regretté.
Mais grâce à l’approche APC, Mme Consolate se réjouit que son couple ait retrouvé la stabilité et l’harmonie. « Je me suis même réconcilié avec mes belles-sœurs, car j’ai été une victime qui était devenue une agresseuse ».
Odette Niyonkuru, une autre bénéficiaire, dit avoir dû abandonner son foyer pour échapper aux fouets de son mari et quelques fois de sa belle-famille. Le tort, elle avait donné naissance à des filles. « Ils avaient établi 10 consignes que je devais respecter scrupuleusement si je ne voulais pas passer la journée ou la nuit sous des coups de fouet », s’en est-elle souvenue, les larmes aux yeux.
Avec les différentes séances de formations sur l’APC, Odette Niyonkuru affirme avoir regagné son foyer et que son couple vit aujourd’hui dans une parfaite harmonie. « Un jour, je suis rentrée avec les documents de formation, j’ai vu mon mari versé les larmes en les lisant », une approche qui poussera son mari à la joindre dans ces formations.
En plus de l’harmonie et de la stabilité que leurs couples ont retrouvées, ces deux femmes se disent fières d’avoir regagné la confiance dans leur communauté. Aujourd’hui, Odette Niyonkuru est la présidente du Forum national des femmes sur sa colline et Consolate Nciramunda est membre des conseils collinaires sur sa colline. Toutes les deux avec leurs conjoints ont formé des sous-groupements pour partager les acquis. Une partie de leur engagement à pérenniser les acquis de l’APC.
Malgré ces engagements à pérenniser les acquis de cette approche, les bénéficiaires de ce projet déplorent des défis pouvant freiner cette volonté. Ils en ont cité plus particulièrement les problèmes financiers. « On avait aussi démarré des ateliers de formation à l’endroit des jeunes. Comment allons-nous les continuer si le programme s’arrête », a demandé Solange de la colline Ruvumera.
Une approche remède aux conflits conjugaux
Les autorités administratives sur les collines Ruvumera et Rusororo saluent les changements apportés par l’Approche APC. « Cette approche est venue comme un remède pour les conflits conjugaux qui étaient une de nos grandes priorités », a fait savoir Jean Marie Nduwimana, chef collinaire de la colline Kiramira. Il a fait savoir que les violences conjugales ont sensiblement diminué grâce à cette approche.
Ce chef collinaire a exhorté les bénéficiaires de cette approche de pérenniser ses acquis en s’en appropriant. « Je demanderais aussi aux bailleurs de cette approche d’élargir le projet dans d’autres collines et aussi de veiller à ne pas faire un sevrage durable pour rentabiliser les changements », a-t-il ajouté.
La question genre restera notre priorité
« Même si les résultats de ce programme sont satisfaisants, gardons à l’esprit que la prévention des violences basées sur le genre est un engagement quotidien », a fait savoir Boris Maver, directeur du bureau de la coopération suisse au Burundi. Pour rendre efficaces ses résultats, il a encouragé les bénéficiaires au niveau des communautés de continuer à organiser les ateliers de formation et les ONG ou organisations intermédiaires de suivre de près ces ateliers.
Le directeur de la coopération suisse a par la suite encouragé le gouvernement à s’approprier de ce programme en institutionnalisant l’approche psychosociale au niveau des communautés. « Nous plaidons pour ce fait pour une mise en disposition par le gouvernement d’une ligne budgétaire dédiée pour cette action pour accroître son efficacité », a-t-il ajouté en réitérant l’engagement de la Suisse d’appuyer le gouvernement burundais à lutter contre les VSBG même après ce programme psychosocial régional.
Le ministère chargé du Genre a salué les impacts apportés par ce dernier dans les zones d’intervention. Toutefois, Pontien Hatungimana, secrétaire permanent de ce ministère lui aussi a dénoncé la recrudescence des cas des VSBG malgré les efforts du gouvernement et ses partenaires.
« Le gouvernement fera de son mieux pour que cette approche psychosociale soit institutionnalisée au niveau du ministère et dans les communautés », a-t-il confié. Et de rassurer que le ministère soit suffisamment outillé en la matière.
Lancé en 2011 dans les trois pays des grands lacs, le programme psychosocial régional au Burundi a travaillé en collaboration avec le ministère chargé du Genre, les organisations de la société civile, dont l’Afrabu (Association des femmes rapatriées du Burundi), le Centre Seruka ainsi que l’association Nturengaho.