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Pour qui roulent tous ces « libérateurs » ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Pour qui roulent tous ces « libérateurs » ?

Des mouvements armés naissent et périssent depuis un an au Burundi, tous se disant libérateurs d’une population opprimée. Leur existence éphémère semble arranger le pouvoir.

Y a-t-il déjà eu un pays qui a connu autant de déclarations de mouvements armés que le Burundi d’aujourd’hui ? Dès la fin de l’année 2011, des tirs sporadiques se font entendre à l’Ouest du pays et dans la plaine, venus surtout de la réserve de Rukoko ou de la RDC. Parfois, des hommes en armes sont également signalés dans la Kibira. Très souvent, les forces de l’ordre viennent à bout de ceux qu’ils appellent des bandits et tranquillisent la population avec un slogan : « Il n’y a pas de mouvements amés au Burundi. » Faute de revendications, c’est le FNL et Agathon Rwasa qui sont pointés du doigt.

Plus de trois mouvements en un an …

En novembre 2011, le scénario change. [Un colonel Kabirigi, chef du mouvement armé FLD-Abanyagihugu->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2495], se présente comme le libérateur du peuple burundais maltraité par un pouvoir corrompu. Après un affrontement de deux jours à Cankuzo, son aventure s’arrête. D’abord appelés bandits, ces combattants deviennent des terroristes, donnant l’occasion au pouvoir de régler ses comptes avec ceux qu’il juge comme leurs complices.

En juin 2012, un autre mouvement armé surgit. Il s’agit du FPM-Abatabazi, branche armée de l’Alliance Divine pour la Nation (ADN). Dans un communiqué cosigné par son porte-parole, le major Fidel Nzambiyakira et le colonel Jean Claude Mutoni, chef d’état-major, ce mouvement déclare vouloir " lutter contre l’insécurité, l’injustice, la corruption, la pauvreté, le mensonge, … installés par le pouvoir Cndd-Fdd ". Lançant leurs attaques à partir de la RDC, ces nouveaux libérateurs opèrent surtout dans la province de Cibitoke. A coups de déclarations, ce mouvement revendique des faits d’armes au Burundi et même en RDC où il infligerait de sérieux revers aux militaires de Pierre Nkurunziza. Info ou intox ? En tout état de cause, des militaires burundais sont effectivement morts en RDC et à Cibitoke.

Un autre libérateur a également fait parler de lui. Il s’agit [du général Aloys Nzabampema, du FNL-Ubugabo burihabwa->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3601]. Comme les autres, il vient " combattre le régime Cndd-Fdd caractérisé, par les assassinats, les persécutions, la corruption, le mensonge, … " Des revendications qui ont un air de déjà vu. De ce général, on retiendra surtout l’attaque d’une position militaire de Karagara dans la commune de Mutimbuzi, sans faire de victimes.
Et enfin, le MNB – Abiguruburundi dont les tracts auraient été retrouvés dans la zone Ndava, en commune Buganda de la province Cibitoke, au matin du 4 octobre dernier.

Des libérateurs qui arrangent le pouvoir …

Seule la voie de la lutte politique peut conduire au changement dans ce pays que d’aucuns appellent de leurs vœux. Ces mouvements ne devraient pas entraîner les jeunes Burundais dans des combats qui n’ont pas beaucoup de chances d’aboutir. D’abord, parce qu’ils ne trouveront pas de soutien auprès d’un peuple usé par des années de guerre, ensuite parce que ces mouvements n’ont apparemment aucun leadership. Mais surtout parce qu’ils manquent de crédibilité puisque leur existence semble faire les affaires du pouvoir. En effet, après quelques jours d’affrontements, après lesquels, très souvent, on n’entend plus parler de ces mouvements, le pouvoir en profite pour faire la chasse aux sorcières en enfermant des opposants politiques pacifiques sous l’accusation de soutien aux mouvements armés. Consolidant au passage l’arrogance de certains membres du parti au pouvoir, comme les Imbonerakure, qui trouvent là une justification à leurs agissements décriés.

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