Les ressources minières peuvent être le moteur pour le développement d’un pays. Ou sa malédiction. Mal exploitées, mal gérées, les richesses minières peuvent être la source d’une terrible corruption. Le constat amer est que certains pays qui regorgent de minerais sont actuellement parmi les plus pauvres du continent. Et Dieu seul sait le nombre de guerres africaines attisées par un sous-sol généreux…
Il semble que notre nickel intéresse l’Afrique du Sud, « ce pays ami qui a tant fait pour la réussite du processus de paix ». La visite de Jacob Zuma a été placée sous le signe de « la coopération économique ». Tant mieux.
Seulement, il faut examiner en détail les clauses de tous les marchés en rapport avec l’exploitation des minerais et leurs conséquences sur l’économie nationale et la redistribution des revenus. Car on joue l’avenir du Burundi. Avec une bonne exploitation et une bonne gestion, tous les indicateurs économiques et sociaux pourraient être modifiés dans le sens d’un meilleur développement humain et durable : produit intérieur brut par habitant, taux de scolarisation, espérance de vie, pouvoir d’achat,…
Or, Samancor, la société sud-africaine qui va exploiter le nickel ne rassure pas. Enregistrée dans les Iles Vierges britanniques (longtemps considérées comme un paradis fiscal) , son patron a déjà été condamné dans son pays (Croatie) et il est en conflit avec Merlin Mineral Resources Ltd , une société britannique associée justement dans l’affaire du nickel de Musongati. Certains diraient que c’est mal parti…
Nos élus sont plus que jamais invités à la vigilance. La prudence doit être de mise pour passer à la loupe tous les contrats des sociétés, le passé, la personnalité de tous ceux qui veulent investir pour exploiter cette richesse sur laquelle nous fondons beaucoup d’espoir. Ce monde est peuplé de trop de requins.
Qu’une société du pays de Zuma remporte ce gigantesque marché n’est pas un problème. Seulement, cette société doit être « clean ». Avons-nous au moins cette garantie ?