A la prison de Ngozi, les détenus se choisissent eux-mêmes leurs représentants appelés capitas, des fois au suffrage universel. Il y a un capita général hutu et son adjoint tusi. Les batwa sont aussi représentés. Mais des fois, ils profitent de la confiance des autorités pour s’évader.
Ndegeya, ex prisonnier témoigne : « C’est une tradition. Les prisonniers ne choisissent que le candidat qui leur distribue plus de billets de 100fr que les autres ». Il poursuit : « C’est donc un secret de polichinelle qu’une fois élu, le capita chef de chambre ou le capita général fera tout pour récupérer l’argent qu’il a engagé. Gare au détenu qui a l’audace de contester un tant soit peu son autorité !».
Les capitas administrent les détenus d’une main de fer
Hassan, un autre ex-détenu explique que pour une moindre revendication, le capita chef de chambre a la latitude de transférer un détenu de sa chambre à une autre. Le détenu transféré est accueilli comme un nouveau. Pour être membre à part entière de la chambre d’accueil, il doit payer « les frais de bougie ». Ces frais varient de chambres en chambres (entre 5.000 et 8.000 Fr Bu, une fortune pour un détenu !). En cas de non payement, le capita chef de chambre fait coucher le détenu à même le ciment, sous le lit (« akaneke » dans le jargon des prisons). Il peut user d’autres méthodes plus dures pour le faire plier.
Les capitas généraux servent aussi d’intermédiaire entre la direction et les détenus en matière d’octroi de billets de sortie, des mémorandums (autorisation de passer 5 jours renouvelables dans sa famille). Pour être admis dans « une équipe » (jargon signifiant une activité de la prison mais qui accorde un avantage même petit au détenu), les détenus sollicitent aussi l’intercession des capitas. L’ex détenu Hassan affirme que, sauf quelques exceptions, les intermédiaires n’offrent leur service qu’après avoir empoché quelques billets de mille francs. « Quand le service demandé ne vient pas rapidement, les prisonniers commencent à se lamenter. Des fois l’affaire éclate au grand jour ».
Les frustrations culminent des fois dans des révoltes où les capitas sont limogés, des fois avec violence (« Kubaterura » dans le jargon des prisons).
Même en prison on applique les accords d’Arusha? Pauvre pays!
moi aussi je suis capita dans ma petite cabane.
même les détenus en prison se rappellent de leurs ethnies !
faites nous la même analyse…enfin presque …pour la restauration et les services aux étudiants de l’UB.