Vendredi 22 novembre 2024

Editorial

Pour les états généraux du secteur des produits pétroliers

15/09/2023 8

Le prix du carburant poursuit son envolée au Burundi, le prix à la pompe va croissant avec une deuxième hausse en moins de deux mois. Le 21 juillet, le gouvernement avait déjà revu à la hausse le prix du carburant : à Bujumbura, le prix d’un litre pour l’essence super vient de passer de 3 985 BIF à 4 550 BIF, celui du gasoil de 3 795 BIF à 4 250 BIF.

L’onde de choc de la hausse du prix du carburant se fait sentir directement. Le coût du transport monte autant à Bujumbura qu’à l’intérieur du pays.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Selon les économistes, il est prévisible que les conséquences de cette décision ne tarderont pas à toucher tous les domaines de la vie au grand dam du citoyen lambda. Pour le ministre de l’Energie, le Burundi subit des chocs exogènes liés aux variations du prix sur le marché international.

Il dédouane même le gouvernement « qui n’a cessé de prendre des mesures convenables en vue de faire face à ces augmentations des prix au niveau international en abandonnant certaines taxes et droits de douane sur le carburant. »

Les arguments avancés par le ministre semblent ne pas convaincre les intervenants dans ce secteur. Selon un importateur des produits pétroliers, en analysant les structures des prix des produits pétroliers, l’Etat effectue beaucoup de prélèvements sur ces produits, ce qui augmente aussi ces prix à la pompe. L’Etat gagne plus que les importateurs et les détaillants.

Le président de l’Olucome estime également que les arguments du ministre ne sont pas convaincants. Il se demande plutôt pourquoi le gouvernement n’utilise pas la voie maritime qui est moins chère, préférant « le corridor nord. » L’association burundaise des consommateurs déplore un manque de transparence dans la structuration des prix. Les réactions sont légion.

Les spécialistes estiment que les autorités politiques devraient être plus proactives et précéder les événements, notamment en mettant à profit toutes les opportunités d’investissement dans ce domaine et toutes les ouvertures en matière de coopération et de politiques étrangères.

Pour lui, le marché d’approvisionnement en produits pétroliers a une configuration qui ne répond pas aux nécessités stratégiques du pays. Les différents intervenants dans le système d’approvisionnement ont un pouvoir limité qui ne parvient pas à couvrir tous les besoins en stock stratégique du pays. « Le gouvernement devrait favoriser l’émergence, le développement ou l’entrée sur le marché burundais de groupes pétroliers pouvant répondre aux besoins stratégiques du pays. » Ce point de vue est partagé par plusieurs observateurs qui œuvrent dans le secteur pétrolier.

En un mot comme en cent, les prix des produits pétroliers sont un système tout à la fois complexe et multidimensionnel regroupant les interventions de plusieurs services étatiques et d’autres acteurs étrangers à l’Etat. A l’instar d’autres initiatives, il est impérieux d’organiser des états généraux du secteur des produits pétroliers pour proposer des solutions adéquates à tous les défis auxquels il fait face.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Karabadogomba Melchior

    Le monde pétrolier englobe plusieurs acteurs. L’État ne devrait pas faire cavalier seul quand il fixe les prix, c’est aune question de transparence, de bonne gouvernance. S’associer aux autres limiterait les suspicions et conduirait à trouver certaines solutions dans ce secteur miné de défis.

  2. Jean Pierre Hakizimana

    PCE,

    Voici la situation macro économique:
    1-La Chine, deuxième puissance économique est en recession, donc moins de consommation des produits pétroliers.
    2-La production du Pétrole aux USA est à sa capacité maximale: 13 millions de Baril/jour
    3-Les réserves de pétrole de sécurité nationale des USA sont au plus bas possible, donc il faut les remplir.
    4-L’Arabie Saoudite et la Russie ont décidé de baisser leur production pétrolière pour soutenir le prix du baril.
    Afin Bref, le point 1&2 auraient conduit le prix du baril entre $(60-70) mais on est a $91 (WTI) et $93(Brent). Alors si on suppose une reprise de la croissance Chinoise, Le Baril ne sera plus jamais sous $100. On a même des projections du Baril dans les $150+. Le Dollar qui devient de plus en plus fort pour un pays comme le Burundi avec un déficit de balance commerciale, si le Baril arrive au prix que l’on projette, je craint que même Mr le President se deplacera sur un cheval ou avec un cortège très bien réduit. Burundi un pays très surpeuplé!

    S’il y a un pays pour lequel la transformation d’énergie électrique en energy mécanique c’est bien, en général les pays Africains sans pétrole et en Particulier, Le Burundi un pays bien enclavé et sans pétrole. Par contre, je pense que le Bdi n’est pas du tout encore au point de penser à l’énergie nucléaire civile pour des raisons de sécurité. Par contre, il faut pas oublier que le Burundi a des capacités hydroélectriques pour au moins faire une grande majorité du travail.

    Je pense aussi que il faut essayer de travailler avec la chine pour les voitures et les trams & train. Je dis ceci car la Chine est très avancé dans la voiture électrique que l’Europe & les USA. Encore plus important, la Chine est à la recherche des marchés en dehors de L’Europe et les USA car ces derniers, pour des raisons de protectionism idéologique , ne permettent pas la technologie chinoise. Il ne faut pas oublier que qui dit Voiture électrique , dit l’internet 5G. Dans tous les cas, les offres Chinois sont presque plus de deux fois moins chers que celles de l’Europe et les USA.

    J’espère que l’Afrique ne vas devenir un depotoire Européen de veilles voitures qui carburent aux énergies fossil quand ils auront électrifié tous leurs réseaux.

  3. PCE

    Cher Léandre
    J’aurais aimé que vous poussiez plus loin votre réflexion . Votre fameuse idée d’états généraux sur le secteur pétrolier – encore que je ne parviens pas vraiment à en saisir le contenu réel – ne peut aboutir à rien. Voici mes raisons .
    Vous pouvez toujours demander à l’Etat d’abandonner certaines taxes ou les réduire , il ne pourra jamais les supprimer , le Burundi n’en a pas les moyens , aucun Etat du monde n’en a les moyens sauf on dispose des forages pétrolifères et là je n’en suis même pas sur . L’Etat Burundais compte sur les taxes sur les hydrocarbures pour alimenter son budget de fonctionnement ,les abandonner c’est comme si on demandait au Burundi de détaxer les produits de la Brarudi : plus de 60% de revenus en termes de budget de l’Etat. Les pays comme les Pays Bas par exemple subsidie le secteur pétrolier car il est incontournable ici en raison des intérêts des acteurs du secteur pétrolier , ce n’est pas en termes de besoin . Les Pays Bas peuvent se passer facilement au moins pour certains types de transport , des hydrocarbures . Ici il y a des trains électriques , des voitures électriques etc . Mais permettez moi de rester de parler un peu du secteur des voitures électriques . Les Pays Bas ne peuvent pas se passer totalement de voitures fonctionnement aux combustibles fossiles , il leur faut encore de multiplier au moins par 50.000 le nombre de stations de charge electrique , aujourd’hui les Pays Bas en disposent de 145.000 seulement , trop peu pour servir tout le monde. De plus la voiture électrique n’est pas encore accessible ( à partir de 30.000 euros pour le bas de gamme). Voici donc ma proposition. Il faut savoir tourner les défis en opportunité en préparant directement le Burundi à l’avenement de la voiture électrique .
    Et comment ?
    – electrifier le système de transport en commun : trams et trains , bus électriques
    – avec la brouille entre l’occident et la Russie , il faudrait que nous puissions nous engouffrer directement dans la brèche , en accélerant l’acquisition du nucléaire civil , ce n’est plus un tabou aujourd’hui , mais il faut aller vite , très vite même . Si non les choses peuvent changer dans un avenir proche . De cette manière nous pourrons alimenter nos véhicules électriques , nos bus et nos trains . Vous me direz ou trouver nos trains ? C’est aussi cela le défit , notre diplomatie doit être à l’oeuvre mais aussi savoir utiliser notre potentiel au sein de la diaspora en Europe et aux USA , beaucoup d’enfants partis en Europe vers les années 1990 sont des adultes , ils travaillent à la Deutsche Bahn ( chemin de fer allemand) à la Nederlandse Spoorwegen ( NS- Pays Bas ) à la SNCB Belge et ailleurs à la NASA . Pourquoi ne pas recourir à ces jeunes intellectuels ? Ndavuga simvura.

    • Stan Siyomana

      @PCE
      Hari umuntu ahumuye, yitonda cane aturuka mugihugu kibanyi c’Uburundi kandi akora/yakora muri industries de pointe zo muri Amerika, aho yahora anagenda no muri Inde kugendera amahinguriro yaho. Twariko tuganira hanyuma ambwira ati: « Pour moi retourner dans mon pays, ce serait aller m’abrutir… »
      Kandi iyo muri iyo myaka ataha, ubu ingwano iri mugice c’igihugu avukamwo yoba yaramwomoye.

      • Pce

        Je pense que c’est à l’Etat Burundais de savoir attirer ceux qui peuvent compter pour son économie, de véritables managers .
        Je sais que ces jeunes managers travaillant en Europe ou aux usa et touchant autour de 5.000 ou 6000 euros net ne vont pas accepter de se localiser pour des broutilles . Le seul patriotisme ne suffit pas

        • Jean Pierre Hakizimana

          Je ne sais pas si vous avez eu la chance de voir la video de Mr Le président devant les membres de la diaspora Burundais cet été, à Gitega, je pense. C’était vraiment triste d’entendre le ton, les propos sur l’intellectualism(Science sans ame), etc… devant des potentiels investisseur. C’est son droit de dire ce qu’il veut, par contre voir des gens payer des tickets d’avions, le peu de temps de vacances qu’ils ont s’assoir pendant des heures pour se faire plumer me dit bcp sur notre état mental! A moins que c’était des employés des ambassades Burundais ou des étudiants boursiers!

          Pendant ce temps, on lit dans la revue de la presse régionale que Le Rwanda signe un accord sur la production d’énergie nucléaire

          Bientôt le citoyen Burundais qui veut de l’électricité aura besoin d’aller le chercher au Rwanda

          • PCE

            Je pense que c’est un discours pour le moins inacceptable . Je pense qu’en matière d’investissement et d’implication des citoyens dans la politique de développement du pays il faudrait au moins une combinaison de deux choses :
            – un effort d’explication et de conviction : ca ne suffit de dire aux gens que les intellectuels qu’ils ne servent à rien il faut le démontrer . Mais surtout il faut leur donner les moyens d’agir . Il est compliqué de dire à quelqu’un d’abandonner un boulot de 4.000 ou 5.000 euros par net en Europe pour aller troucher 2 millions de Fbu , le seul patriotisme ne suffit pas à changer la donne . Par contre le President Burundais a la possibilité de demander à la diaspora de partager ses connaissances avec les jeunes burundais encore sur les bancs de l’école ou au sein des universités .
            – si le Burundi veut changer la donne en matière de développement il faudrait d’abord nommer des responsbles dignes de leur nom au sein des sociétés et des administrations au lieu de se facher devant l’auditoire en dénoncant qui les juges , les magistrats etc. Autrefois il était facile de nommer et dégommer certains responsables sans qu’on puisse le crier . Aujourd’hui cela est visiblement compliqué. Ou bien le système burundais est corrompu jusqu’à la moelle il n y a plus moyen de faire quoi que ce soit.

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