« La sélection du nouveau concessionnaire du port de Bujumbura accuse des failles et un vampirisme sans limite. C’est l’œuvre d’une poignée d’hommes qui veut avoir une main mise sur les richesses nationales », dénonce Faustin Ndikumana, président de la Parole et Action pour le réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (Parcem)
<doc6127|left>Pour cette dernière, le nouveau concessionnaire est fictif. Faustin Ndikumana avance que la société »Global port services Burundi », qui avait été retenue, n’a jamais été sélectionnée, ni postulé d’ailleurs. La Parcem se dit sidérée par le fait que le code des marchés publics ait été violé dans ses articles 43 (procédure de modification du document d’appel d’offres), 68 (obligation d’informer les soumissionnaires de l’Issue de l’analyse des offres) et 79 (processus de pré-qualification des candidats en matière de délégation du service public).
« Nous dénonçons également le contournement de la loi du 9 février 2012 sur l’organisation de la privatisation des entreprises publiques, alors qu’elle régit les affaires de privatisation d’une manière transversale », martèle le président de la Parcem qui fait savoir que la loi portant code de navigation et de transport est antérieure à celle sur la privatisation.
La Parcem trouve aussi que le processus d’évaluation du patrimoine de l’Etat a été entamé sans une expertise crédible. Ce patrimoine est mis en concession dans le projet du décret portant autorisation de la participation de l’Etat au capital de la nouvelle société concessionnaire du port de Bujumbura. « Ce patrimoine (équipement du port) avait été scandaleusement évalué à 150 millions de Fbu (valeur actuelle d’une jeep). Selon une autorité contactée, cette évaluation a été abandonnée », précise Faustin Ndikumana.
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Cette association dénonce, en outre, la léthargie du Parlement burundais, alors qu’il est doté d’instruments constitutionnels pour arrêter une telle gabegie. Le président de la Parcem propose que l’ombudsman enquête sur la mauvaise gestion puisque son organe a été mis sur pied par l’Assemblé Nationale.
Il regrette que l’Autorité de Régulation des Marchés Publics n’ait même pas osé réagir. Il fait savoir qu’après la conférence avec les donateurs à Génève, la société civile a rencontré le Parlement belge. Ce dernier l’a encouragé pour dénoncer toute entreprise, nationale ou étrangère, qui violerait le code des marchés publics. « Nous leur transmettrons des rapports », mentionne le président de la Parcem.
Selon lui, cette affaire du port est une paralysie des institutions publiques et de la bonne gouvernance. « C’est un pillage sans vergogne des deniers publics au vu et au su de tous les citoyens », regrette Faustin Ndikumana. Il demande au peuple burundais de rester serein et vigilant puisqu’un tel comportement ne peut pas faire long feu. « De tels dirigeants finissent par être vomis par leurs peuples. L’histoire nous donne raison (Tunisie) même si plusieurs politiciens restent aveugles et/ou amnésiques », conclut le président de la Parcem.