Lundi 04 novembre 2024

Politique

« Il faut des politiques agricoles qui encouragent l’investissement à long terme, pas nécessairement l’aide d’urgence »

L’agrobusiness était au centre de l’atelier des médias organisé mercredi le 11 septembre 2013 par l’IFDC (Centre International pour la Fertilité du Sol et le Développement Agricole), à l’hôtel Pearl Residence de Bujumbura. Notamment le projet nommé Catalist 2. Entretien avec le représentant a.i de l’IFDC, Alexis Ntamavukiro.

Bananeraies ©Iwacu
Bananeraies ©Iwacu

En quoi consiste le projet Catalist ?

Acronyme de « catalyser l’intensification agricole accélérée pour la stabilité sociale et environnementale », le projet vise l’intensification agricole dans la région des Grands Lacs avec une agriculture orientée vers le marché. Avec la première phase de l’initiative, environ 117.000 agriculteurs ont été touchés au Burundi pour adopter les nouvelles techniques de gestion de la fertilité des sols, sur environ 532.000 producteurs au total, en incluant ceux du Rwanda et de la RDC. La première phase a commencé en 2007 jusqu’en 2012, la deuxième prendra fin en 2015.

Des chiffres sur l’amélioration de la productivité ?

Avant Catalist, les agriculteurs avaient des rendements moyens suivants par ha : riz : 1, 5 tonnes, haricot : 400 kg/ha, blé : 300 kg/ha, pomme de terre: 3,2 tonnes/ha. Grace au projet, les rendements moyens sont passés à 3,6 t /ha pour le riz, soit une augmentation des revenus de 400 $ /ha, 15, 9 t/ha pour la pomme de terre (augmentation de revenus de 2.200 $/ha), 1,6 t/ha pour le haricot (300 $/ha de revenus de plus), et 2,2 t/ha pour le blé, soit une majoration de revenus de 500 $/ha.

Quels ont été les résultats de la première phase ?

Catalist a permis aux producteurs d’augmenter les revenus grâce aux techniques de gestion intégré de la fertilité des sols. Pour la deuxième phase, nous mettons l’accent sur les marchés. Quand les paysans produisent sans viser les marchés, ils ne sont pas motivés à investir davantage. Les marchés sont des stimulants pour la croissance. On doit faire une analyse des chaines de valeur, étudier quels facteurs il faut pour augmenter la productivité et la compétitivité.

Des pistes de réflexion ?

L’usage combinée d’intrants organiques (fumure, amendement) ainsi que les bonnes pratiques agricoles (semi en ligne, écartement, respect du calendrier agricole) doit être valorisé. Ensuite réduire le coût de production par des intrants de bonne qualité et moins chers. Pour la compétitivité, il faut surtout agir selon les besoins des marchés, les produits ciblés, mais aussi agir sur la valeur ajoutée, les techniques d’emballage, marketing, transformation, etc.

Quel est le nouveau de compétitivité du Burundi dans la région ?

Très faible, à cause des petites superficies, et du coût élevé de production (1/4 à ½ hectare par ménage en moyenne). Les produits locaux sont plus chers que les produits importés.

Que faire alors pour relever notre productivité ?

Il faut des politiques agricoles qui encouragent l’investissement, pas nécessairement l’aide d’urgence, mais l’investissement à long terme. Vaut mieux orienter l’aide au développement en favorisant l’investissement local. Il faut éviter les subventions à l’importation des produits finis qui détruisent les investissements locaux. Par exemple, au lieu de détaxer le riz importé, on devrait détaxer les intrants (engrais, semences, pesticides) qui servent à le produire ici au Burundi, ce qui permettrait une grande production à moindre coût.

Quels sont les secteurs agricoles prioritaires ?

Nous avons ciblé le riz, la pomme de terre, le haricot et le mais parce que ce sont des produits qui contribuent beaucoup à la sécurité alimentaire.

Quels sont les attentes à l’issue du projet Catalist 2 ?

Nous voulons augmenter le revenu des producteurs, la sécurité alimentaire ainsi que le taux d’utilisation des intrants au Burundi. Les pays des Grands-Lacs affichent un très faible taux de productivité agricole due notamment à la faible utilisation d’engrais (la moins élevée du monde) alors que les pays qui utilisent le grand taux d’engrais sont aussi ceux dont la productivité et l’espérance de vie de la population sont élevées.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. kaminuza

    Une petite success story : « Dans les années 80, le Père Henri de Laulanié, agronome français, aidés des paysans, met au point à Madagascar une méthode qui révolutionne la riziculture traditionnelle, le SYSTEME DE RIZICULTURE INTENSIVE (SRI). Le SRI repose sur plusieurs principes très simples : repiquage des plants très jeunes, repiquage en ligne, assèchement partiel des rizières… De plus, ce système est entièrement BIOLOGIQUE, permettant ainsi aux paysans d’échapper à l’endettement par l’achat d’intrants chimiques de plus en plus coûteux.

    Le SRI peut facilement doubler, voire tripler, d’emblée la production locale et est adopté à présent par plus de trente pays dans le monde. »

    La plaine de Bujumbura est apte à maximiser les rendements agricoles, sur de très grandes superficies facilement mécanisables, irrigables et avec moins de risques: il est encore temps d’exploiter la plaine de l’Imbo.

  2. Terimbereburundi

    Un burundi pauvre: c’est l’ignorance et la ventocratie de ses dirigeants sinon le Burundi peut être riche grâce à son agriculture.

  3. BV

    « Nous avons ciblé le riz, la pomme de terre, le haricot et le mais parce que ce sont des produits qui contribuent beaucoup à la sécurité alimentaire. »
    Comment pouvez-vous oublier la banane? Elle doit être une priorité aussi.

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