Certains policiers menacent de quitter la Socabu. Ils estiment que leurs cotisations ne servent pas leurs intérêts. Cependant, Serges Ntakagura, chef du bureau « Action sociale » à la Police Nationale du Burundi, en appelle à leur compréhension.
<doc5214|left>Des policiers s’opposent à la mesure de cotiser à la Socabu (Société d’assurance du Burundi) pour la pension complémentaire, la couverture décès et invalidité. D’après K.J., un agent de la police, depuis 2005, le ministère de la sécurité publique a décidé de faire assurer tout le corps de police à la Socabu pour l’assurance vie. Selon notre source, une convention a été signée entre l’administrateur directeur général de la Socabu et Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la sécurité publique de l’époque.
« Nous n’avons pas été consultés avant la prise de cette mesure. La direction générale et notre ministère nous ont mis devant un fait accompli », témoignent d’autres policiers. D’après eux, sur le salaire de chaque policier, leur assureur fait un retrait de 10% à la fin du mois. Tandis que dans les conventions, il est prévu que tout policier a droit à une avance équivalente à 90% de son épargne, nos sources affirment qu’ils remboursent avec un intérêt de 110%. « Pourquoi une société d’assurance peut-elle exiger des intérêts alors que de telles opérations sont faites par les banques seulement ? »
En outre, se lamente un autre policier, cette avance n’est pas donnée quand un bénéficiaire le souhaite et selon ses besoins. Pour calmer la colère de ces hommes en uniformes, il soutient que la direction générale de ce corps aurait seulement promis des parcelles aux officiers : « C’est notre argent qui sera utilisé pour la viabilisation. Nos cotisations n’avantagent que les policiers supérieurs.» Ces policiers demandent à leur hiérarchie de leur fournir des explications. Leur souhait est que chacun choisisse sa société d’assurance. « Nous avons déjà de la peine à joindre les deux bouts du mois, pourquoi cotiser à la Socabu, alors que nous le faisons à l’Institut National de Sécurité Sociale ? », soupire cette policière, mère de six enfants. Et d’ajouter qu’une somme de 6 milliards de Fbu aurait été versée par la Socabu à la police, mais que cet argent aurait été donné au gouvernement pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance du Burundi.
« Les banques ne gèrent plus les pensions »
Une source autorisée à la Socabu ne nie pas que, ces derniers jours, des policiers viennent massivement au siège de cette société pour s’enquérir de leur situation. Néanmoins, elle rassure que leurs cotisations sont toujours entre les mains de son institution : « Quiconque veut savoir la situation de son compte, n’a qu’à venir à la Socabu. » En outre, elle assure que la pension complémentaire est exonérée de l’IPR : « C’est pourquoi ces cotisations doivent rester dans la circulation économique pendant au moins trois ans. » Selon notre source, cette avance est une possibilité que la Socabu leur offre afin de subvenir à quelques besoins. Elle fait savoir que c’est un crédit remboursable avec intérêt parce qu’à la retraite, chaque bénéficiaire devra avoir sa pension avec intérêt. Elle nie, cependant, que la Socabu tire des profits en plaçant ces cotisations dans une institution financière : « Dans le système d’assurance-vie actuel, les banques ne gèrent plus les pensions. »
Quant au retard enregistré dans l’octroi de cette avance, notre source explique que pour des raisons de coordination, la Socabu fixe certaines périodes. Surtout que, fait-elle remarquer, la Socabu se doit de rester vigilante pour que tous les crédits soient remboursés dans les délais.
<doc5215|left>« C’est pour leur bien-être »
Serges Ntakagura, chef du bureau « Action sociale », avoue que des séances de sensibilisation ont bel et bien eu lieu dans tous les commissariats de police. Il constate que ces policiers exagèrent et ne comprennent rien du tout à l’assurance-vie : « Nous agissons pour le bien-être des policiers, le temps viendra où ceux qui n’y croient pas reviendront à la raison.» Il insiste : « Cette avance est un crédit et non une épargne. C’est pourquoi la Socabu nous donne ce crédit à 2% d’intérêt et non à 110%. »
D’après lui, la Socabu va rémunérer tout policier qui atteint l’âge de la retraite, 8% de ses cotisations. Et quand un décès survient, Serges Ntakagura indique que les ayants droits reçoivent l’indemnité selon la formule : cotisation mensuelle x 12 (mois) x 10 ans. Par exemple, pour un policier qui cotise 150.000 Fbu, soit 30%, sa famille recevra 150.000 Fbu X 12 x 10.
M. Ntakagura nie toute attribution de parcelle aux officiers. Toutefois, il précise qu’un projet de crédit logement avec la Socabu est en cours : « En dépendront les cotisations de chacun ».