Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité a annoncé aux hauts responsables du ministère la tolérance zéro à quiconque se rendra coupable de la corruption et de la criminalité, priorité du gouvernement. Il a aussitôt joint l’acte à la parole. Le porte-parole de la police a indiqué que 19 policiers et quatre administratifs ont été révoqués, quatre policiers dont deux officiers sont sous interrogatoire. « Plusieurs autres présumés coupables ont été déjà appréhendés et leurs dossiers sont transmis à la justice. » La machine est donc en marche. C’est un bon signal, une initiative à encourager, à soutenir.
Toutefois, il paraît difficile de faire passer la pilule, de s’y accommoder. L’enquête qu’Iwacu vient d’effectuer sur le comportement de la Police de roulage face à la mesure le prouve. Une attitude de laxisme, de relâchement semble gagner ce corps. « Il ne suffit pas seulement de balayer devant la porte, il faut même entrer dans le salon… Sinon, le ver restera toujours dans le fruit », rétorquera un policier à un journaliste.
Pourtant, non seulement la police de roulage régule la circulation, mais elle fait rentrer des recettes dans le trésor public. Même si un pas reste à faire au niveau de la transparence. Une étude réalisée par l’Office burundais des recettes (OBR) en 2018 sur les montants d’amendes issus des infractions routières est plus qu’éloquente. A titre illustratif, sur l’axe Bujumbura – Muberure et Muramvya – Gatabo, ces amendes ont été successivement de 650.000 BIF et 730.000 BIF le jour de la mission conjointe OBR-Police pour chuter à 50.000 BIF partout un jour après la mission. « La différence est partout négative entre le jour du passage de la mission OBR-Police et d’autres jours où les policiers ne s’attendent à aucun autre contrôle. » Les autorités ont encore du pain sur la planche.
Les formes de corruption retenue par la Banque mondiale sont les dessous de table, la fraude, l’extorsion, le favoritisme, le détournement des fonds. Ces pratiques ne sont pas faciles à éradiquer, à décourager. Les auteurs pèsent parfois sur l’administration, la police, la justice. Entre autres mesures que proposent les experts pour lutter contre ce fléau, cette perversion, il y a l’indépendance des organes publics de contrôle et de régulation, la dépolitisation de la haute administration, l’accroissement de la transparence dans les marchés publics et l’accès à l’emploi public. Le combat ne fait donc que commencer. C’est un chantier qui nécessite un engagement politique sincère et une implication civique de toute la population. La lutte contre la corruption ne doit donc pas être perçue comme celle de quelques-uns seulement. C’est un combat collectif, tout le monde est responsable.