Les journalistes se disent préoccupés de la rétention de l’information de la part de certains porte-paroles des institutions publiques. Ils l’ont dit ce lundi 29 octobre en province Muramvya, lors d’une séance de moralisation à l’endroit des journalistes et ces porte-paroles. Ils ont plaidé pour la mise en place d’une loi sur l’accès à l’information.
«Il faut qu’il y ait une loi qui exige des détenteurs de l’information à la donner», a suggéré Jacques Bukuru, l’un d’eux. «Aujourd’hui, l’autorité qui retient l’information n’est passible d’aucune peine». D’après ce journaliste qui a fait l’exposé sur ‘‘le droit à l’information’’, cette loi est déjà en vigueur dans plusieurs pays. «En régime démocratique, de telles lois qui contraignent les gens à nous donner accès aux documents publics doivent exister».
Prenant la parole, Nestor Bankumukunzi, président du Conseil national de la communication (CNC), n’y est pas allé du dos de la cuillère. Pour lui, le porte-parole qui refuse de livrer une information alimente la suspicion. Il a tenu à souligner qu’il est au courant d’un porte-parole qui a décidé de ne jamais donner l’information à un media.
M. Bankumukunzi soutient que donner l’information est un devoir : «Même le président de la République prend au moins une séance par an pour répondre aux préoccupations de la population». Il souligne que le manque d’accès à l’information entraîné le colportage des rumeurs.
Des propos aux antipodes de l’appréciation de pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la Sécurité publique. Il indique qu’il n’y a pas une loi qui oblige les porte-paroles de donner l’information. « Même si elle devait être promulguée, je ne pense pas qu’elle pourrait être exécutoire». L’information au sein d’un ministère n’est connue qu’à l’intérieur de ce ministère. Une loi qui exigerait l’accès à l’information risquerait d’accoucher d’une souris.
M. Nkurikiye soutient que c’est «son droit» en tant que porte-parole de retenir l’information s’il n’y pas de franche collaboration entre lui et les journalistes. Il insiste sur le respect du professionnalisme. «Au cas contraire, le journaliste peut porter plainte auprès du ministre dont je suis le porte-parole et lui demander de me limoger ou de m’infliger des sanctions». Avant de lâcher : «Je ne reçois pas des ordres ni des medias ni du CNC mais plutôt du ministre».
La rencontre de ces journalistes avec le ministère de la communication et des porte-paroles des institutions se clôture ce mardi par une séance qui va être animée par le président de la République.