Le discours activant la haine en se basant sur le passé conflictuel, surtout en période électorale, conduit à la violence de masse. Chartier Niyungeko, consultant et spécialiste en transformation des conflits, appelle les leaders politiques à viser la réconciliation.
Que peut-on comprendre par discours activant la haine en se basant sur le passé conflictuel ?
Ce discours est tenu par les leaders politiques ou membres des communautés chaque fois qu’il y a un problème, désaccord ou un conflit qui survient. S’ils échouent à trouver des solutions effectives sans passer par la violence, ils rappellent les évènements douloureux qui ont marqué le pays. Ils font recours à la manipulation de l’histoire. Ils reviennent souvent sur la violence qui a créé des blessures et cicatrices, car des gens gardent des douleurs intérieures. Les membres des groupes concurrents ou d’autres catégories sont considérés comme des diables, origine de tous les maux. Des gens indignes qu’il faut exterminer à tout prix. Ils sèment et poussent les gens à vivre la haine. Ils développeront une aversion.
Quand et pourquoi ces discours sont tenus ?
Quand les individus ou groupes ont des objectifs incompatibles. Chaque partie prenante essaie d’user de la force, par tous les moyens, pour atteindre ses intérêts. Ce langage est souvent utilisé pour arriver à leurs intérêts égoïstes avec facilité. C’est surtout quand les échéances électorales approchent. Ils jouent sur les émotions de leurs partisans qui peinent à pouvoir se libérer de leur passé douloureux, qui a laissé des cicatrices dans leur esprit. Les leaders essaient de motiver les membres des groupes qui sont derrière eux. C’est à ce moment qu’on remarque que ce sont des discours de manipulation qui sèment la haine entre différents groupes sociaux. C’est l’intolérance de la diversité d’idée.
Quelles sont justement les conséquences de tels discours?
Le discours activant la haine en se basant sur le passé conflictuel crée un cycle de violence infernale. Plus vous utilisez un discours de haine, étant un leader, plus vous manipulez vos partisans. Vous semez, enracinez la haine et poussez les gens à vivre la haine. Ils développeront une aversion envers l’autre groupe et tout ce qu’ils feront sera motivé par cette manipulation dont vous êtes initiateur. Les membres des différents groupes développent un esprit de vengeance. La finalité, c’est se rentrer dedans et s’entretuer. C’est la violence de masse. Il y aura des fuites, des destructions matérielles.
Que peut-on faire pour prévenir de tels discours pendant le processus électoral ?
Le passé est une partie de la vie. Ce qui est important, c’est d’en tirer une leçon pour que les évènements passés ne se reproduisent plus. Il est toujours possible de donner la place à l’adversaire, de s’adapter et de s’exercer à vivre dans la diversité. Dans chaque être humain il y a du bien. Il faut toujours chercher un bien qui est dans l’individu. Cela nous amènera à vivre la tolérance comme gage de la paix.
Il faut que les leaders politiques essayent de se libérer de ce passé douloureux qui, malheureusement, ne passe pas. Avoir un cœur ouvert, donner la place à l’adversaire. C’est une voie pour la guérison. Adopter et intérioriser la culture du dialogue. La diversité d’idée est une richesse. Les élections sont une compétition où le gagnant et le perdant restent des citoyens à part entière.