Samedi 17 août 2024

Editorial

Plus loin que le balai

16/08/2024 2

Une semaine à frotter, nettoyer, brosser, ramasser, lustrer, curer, ranger… Bref, à faire la propreté pour que l’espace de vie, et surtout les lieux de travail, fassent peau neuve. Une mesure prise par le chef de l’État, qui a même mis les mains présidentielles dans la gadoue.

Certaines personnes se sont adonnées à ces activités recommandées par le chef de l’Exécutif avec zèle, clamant haut et fort qu’il faut rééditer ce genre de travaux, voire les rendre obligatoires au moins une fois tous les trois mois. « Au vu des saletés qu’il y avait un peu partout dans nos bureaux, et surtout du côté des toilettes, cela en valait la peine. Il faut que périodiquement ces travaux de nettoyage soient instaurés. Il faut un décret ».

Puis, il y a les grognons, ceux qui prennent ces travaux comme une corvée, balayant en marmonnant qu’il y a des gens payés pour ce travail, des sociétés professionnelles. Ils blâment les services techniques publics chargés du nettoyage et du ramassage des ordures, les qualifiant de démissionnaires.

« Un coup de chiffon, ou de balai pour quelques minutes, d’accord, mais pas pour toute une semaine. S’acquitter de ces tâches après avoir marché sous le soleil de Bujumbura, faute de bus, n’est pas facile. Mais comme il y a le chef pour superviser ces travaux, avec un regard qui rappelle à l’ordre, on s’exécute ».
La leçon ? Elle est simple : sans un changement de mentalité, tout redeviendra vite comme avant. Sans une prise de conscience que la propreté est pour le bien de tous les citoyens, il y a peu de chances que les choses changent.

Dans un passé pas très lointain, des travaux communautaires ont permis, pour un temps, je dis bien, pour un temps, d’améliorer la salubrité de certains quartiers ou de certains bureaux. Récemment, les autorités s’étaient jurées de rendre « Bujumbura propre ». L’engagement n’a pas fait long feu. La ville s’était vautrée dans les détritus jusqu’à l’actuelle mesure du président de la République.

J’ai peur que le chef de l’État se retrouve encore une fois obligé à hausser le ton et à réitérer ses appels. Et telle cette image de la mythologie grecque du « tonneau des Danaïdes », ces filles condamnées aux Enfers, où elles devaient remplir sans fin un tonneau troué, il sera aussi question d’un éternel recommencement.

Sans oublier que le manque d’eau dans certains bureaux et autres espaces de travail risque d’annihiler tous les efforts consentis pour plus de propreté et de salubrité.

Balayer ? Très bien. Mais il va falloir aller plus loin, faire appel à des mesures d’accompagnement couplées à une sensibilisation tous azimuts. Et là, c’est un travail de longue haleine, titanesque, comme cette corvée imposée à ce héros mythologique, Hercule, de nettoyer les « écuries d’Augias », ce roi qui avait négligé, pendant 30 ans, d’assainir les bâtisses abritant ses troupeaux. Ce demi-dieu a dû détourner deux rivières pour cette tâche.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Georges

    Et les autorités de la Mairie de Bujumbura dans tout ça? Je ne sais plus quoi dire!!!!! Donc il faudra toujours attendre que le Président hausse le ton pour bouger et puis vite oublier comme d’habitude….jusque quand?
    La mairie devrait prendre les choses en mains afin d’assurer une certaine pérennité en la matière.
    Ce n’est pas aussi compliqué que cela. Bujumbura n’est pas une ville difficile à rendre propre et attrayante.

  2. Mafero

    Y’aurait-t-il une autre forme de faire un sondage de popularité plus professionnel que celle qu’on a utilise pour savoir si les decisions du chef sont justes ou coercitives?

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