La CVR (Commission Vérité et Réconciliation) a procédé ce lundi 27 janvier 2020 au lancement des travaux d’exhumation des restes humains tout près du pont de la Ruvubu en commune Shombo de la province Karusi. Il s’agit des victimes de la tragédie de 1972.
Provenant des communes de Gitega, Karusi, Ruyigi et Muyinga, ces suppliciés étaient achevés dans les enceintes de la prison de Gitega où ils transitaient. C’était avant que ces victimes soient acheminées non loin de ce pont de la Ruvubu et jetées dans des fosses communes creusées par des engins mécaniques pendant la nuit. C’est au moment où des camionnettes faisaient des navettes amenant des corps à cet endroit de triste mémoire.
Devant des dignitaires originaires de la province de Gitega et de Karusi, quelques diplomates dont des ambassadeurs du Burundi à l’étranger et quelques paysans des environs, le président de la CVR accompagné par les membres de sa commission a expliqué qu’il ne faudrait pas qu’un tel drame se répète au Burundi. C’était avant une visite guidée organisée par les membres de cet organe pour ces personnalités dont des orphelins de 1972.
«C’est un lieu de la tragédie, c’est un lieu de la mémoire blessée, un lieu d’un silence qui fait peur. D’après les témoins oculaires, des survivants, des orphelins et des écrit consultés, il y a plus de 14 fosses communes renseignées dont 7 confirmées où des ossements humains ont été déjà retrouvés», a fait savoir Pierre-Claver Ndayicariye.
L’abbé Michel Kayoya est dans une de ces fosses communes
Selon lui, parmi les victimes, des enseignants, des fonctionnaires, des militaires, des petits commerçants des paysans plus ou moins aisés, des élèves, des religieux, des Burundais de toutes les catégories et de toutes les ethnies.
D’après le président de la CVR, l’Eglise catholique confirme ces chiffres dans son livre sur la vie de l’abbé Michel Kayoya, également emporté par ces événements sanglants de 1972.
Selon Vénant Mpozako, curé de la paroisse Mugera et membre de la Commission du procès de canonisation de l’abbé Michel Kayoya, le Burundi a été blessé. «Il y a eu trop de souffrance, il y a beaucoup à faire pour panser les plaies afin d’amener les Burundais à cheminer vers la réconciliation. J’encourage la CVR à aller de l’avant, elle a un grand travail à accomplir ».
Pour ce curé de la paroisse Mugera, qui a également perdu des membres de sa famille en 1972, la classe politique burundaise doit s’atteler et s’inscrire dans le processus d’une véritable réconciliation. «C’est urgent, il ne faut pas que les Burundais retombent dans ces bêtises, dans cette animosité».
Signalons qu’après la visite guidée organisée par les membres de la CVR, la population des environs est venue en masse voir de ses propres yeux ces fosses communes, elles se trouvent au milieu des champs. Quelques ossements dont des crânes, des fémurs, des tibias étaient visibles de même que les habits que ces disparus portaient.