Nombre de femmes exerçant le commerce transfrontalier sont dans la désolation totale. Elles ne peuvent plus subvenir aux besoins de leurs familles. L’AFRABU appelle l’Etat et les ONG à mettre en place des programmes de résilience à leur endroit.
Suite à la fermeture des frontières, des centaines de femmes qui pratiquaient le commerce transfrontalier ont perdu leur unique source de revenus.
«Avec l’irruption de la Covid-19, le ciel m’est tombé sur la tête. Mon commerce était ma seule source de revenus», témoigne Clarisse Baricako, une commerçante transfrontalière entre le Burundi et la RDC.
Chaque matin, cette dernière quittait Gatumba pour vendre des glaçons à l’Est de la RDC. Cette activité faisait vivre sa famille. Son chiffre d’affaires variait entre 50 et 100 mille BIF par mois. Grâce ce business, elle parvenait à subvenir aux besoins de sa famille. Et d’ajouter : « Je pouvais économiser un peu d’argent.»
Cette commerçante confie que son plan B s’est soldé par un échec : « Je n’ai pas croisé les bras, je me suis lancée sur le marché local. Mais cela n’est pas rentable.» Mme Baricako fait savoir qu’elle n’a quasi pas de marge bénéficiaire, faute de clients. Mais au Congo, elle gagnait parce que ses clients payaient en dollars.
En outre, cette mère de cinq enfants déplore avoir perdu doublement : « La fermeture des frontières est tombée au moment où je venais de renouveler le laissez-passer à 32 mille BIF. »
Sa famille mène depuis une vie misérable. De surcroît, elle fait partie des victimes des inondations qui ont frappé la zone Gatumba. « Elles ont détruit ma maison. » se lamente-t-elle. Pour le moment, elle n’a aucune lueur d’espoir de sortir du tunnel.
Les conséquences sont désastreuses
Mwamvuwa Ntirumimpaye vendait des fruits en RDC. Son commerce rapportait un bénéfice entre 20 et 40 mille BIF par mois. Elle craint pour l’avenir de sa famille : « Mon mari n’a pas d’emploi. J’étais la seule à subvenir aux besoins de ma famille. »
Cette mère de sept enfants s’alarme du risque d’abandon scolaire de sa progéniture : « D’ici peu, la rentrée scolaire va débuter. Mais je n’ai pas assez d’argent pour acheter les fournitures scolaires de mes enfants.»
Les conséquences de l’arrêt du commerce transfrontalier des femmes sont également ressenties par leurs maris. « Depuis la fermeture des frontières, le commerce de ma femme est au point mort. Nous menons une vie pénible. Il nous est impossible de manger à notre faim », se lamente Justin Ngenzahayo, l’un des époux des femmes exerçant le commerçant transfrontalier.
« Notre salut viendra de l’Eternel », lâche Fidélise, mère de six enfants. Découragée, elle ne voit pas comment leur situation pourra s’améliorer.
Pour elle, la coopérative « Tushirikiwote » des femmes commerçantes transfrontalières peut relancer ses activités grâce au soutien de l’Etat. Mais elle se dit déçue : « La commune ne soutient que la coopérative ‘’Sangwe’’. »
Cette commerçante tient à préciser que seule la coopérative « Sangwe » a bénéficié d’un prêt de 10 millions de BIF. Elle signale que sa coopérative a soumis un projet au niveau de la commune. La raison du rejet de leur projet ne leur a pas été communiquée.
L’Association des Femmes Burundaises Rapatriées (AFRABU) confirme que des centaines des femmes exerçant le commerce frontalier ont été touchées. « Cette pandémie a arrêté le business de 600 commerçantes transfrontalières que nous encadrons », précise Godelive Manirakiza, représentante légale de ladite association.
Ces femmes, explique cette responsable, ont consommé leur capital. Désormais, ces commerçantes et leurs familles vivent au jour le jour. « Le petit commerce alimentaire constituait une source vitale de revenus pour ces ménages». La majorité d’entre elles disposait d’un capital variant entre 5 et 50 mille BIF. Aujourd’hui, elles l’ont consommé.
Qui plus est, une grande partie de ces commerçantes est victime des récentes inondations. Leurs maisons ont été détruites.
Mme Manirakiza tient à souligner que même après la Covid-19, ces femmes ne seront pas en mesure de relancer leurs activités. Elle appelle l’Etat et les ONG à préparer des politiques de résilience pour ces femmes en détresse.