Mardi 04 mars 2025

Économie

Plus de 2 mois après l’ultimatum présidentiel, pas de rapport de la commission de stabilisation des prix

Plus de 2 mois après l’ultimatum présidentiel, pas de rapport de la commission de stabilisation des prix
Marie-Chantal Nijimbere : « Nous n’avons pas encore abouti à une politique viable à présenter au Conseil des ministres »

Cinquante-deux jours après l’expiration de l’ultimatum du chef de l’État au ministère du Commerce pour stabiliser les prix, la situation reste inchangée. La commission chargée de proposer une politique de stabilisation des prix n’a toujours pas rendu son rapport.

La ministre du Commerce, Marie-Chantal Nijimbere, peine à fournir des explications convaincantes aux députés. Pendant ce temps, sur le terrain, la plupart des commerçants affirment qu’ils continuent à faire jouer la loi de l’offre et de la demande.

Ce lundi 12 janvier marquait la fin de l’ultimatum présidentiel. Aujourd’hui, mardi 4 mars 2025, près de deux mois plus tard, la situation n’a guère évolué. Les prix des denrées alimentaires restent élevés et fluctuent en fonction des lieux et des périodes d’approvisionnement.

Lors de son audition devant les députés, le jeudi 27 février, la ministre du Commerce, Marie-Chantal Nijimbere, a tenté de justifier ce retard. « Le travail qui nous a été confié a bien commencé, mais à ce jour, nous n’avons pas encore abouti à une politique viable à présenter au Conseil des ministres », a-t-elle expliqué.

Elle a précisé que la fixation des prix ne pouvait être imposée sans une étude approfondie des différents facteurs influençant le marché. Selon elle, « l’article 4 du Code du commerce stipule que les prix des denrées alimentaires sur le marché sont fixés en fonction du jeu de la concurrence et de la loi de l’offre et de la demande ».

La ministre a souligné que l’élaboration d’une politique de stabilisation des prix nécessitait de larges consultations avec les parties prenantes, y compris les producteurs, les commerçants et les importateurs.
« Il faut tenir compte des coûts de production, des frais d’importation et des coûts de transport, car ces éléments influencent directement les prix appliqués par les commerçants », a-t-elle insisté.

Face aux critiques des parlementaires qui dénoncent l’inaction du ministère, la ministre Marie-Chantal Nijimbere a assuré que des avancées avaient été faites.
« Nous avons réalisé une étude préliminaire pour mieux élaborer cette politique de fixation des prix. Nous avons aussi mené des consultations pour impliquer tous les secteurs, qu’ils soient publics ou privés, dans cette démarche », a-t-elle affirmé.

Cependant, aucun calendrier précis n’a été communiqué quant à la présentation du rapport de la commission chargée de la stabilisation des prix.

La situation inchangée sur le terrain

Sur le terrain, la situation n’a pas évolué, notamment concernant les produits de la Brarudi. Certains bars sans licences d’exploitation, continuent de fixer les prix à leur guise.

Ainsi, la petite bouteille de Primus, souvent appelée « Bajou », se vend entre 2 500 et 3 000 FBU, alors que son prix officiel est de 1 800 FBU. La bouteille de Primus classique s’achète entre 3 000 et 4 000 FBU, alors que son prix normal est de 2 500 FBU.

Quant aux bières Amstel et Amstel Royal, leur prix varie également, c’est selon la disponibilité. La bouteille d’Amstel, achetée à 3 500 FBU, est revendue entre 4 500 et 6 000 FBU, tandis que l’Amstel Royal, dont le prix d’achat est de 3 300 FBU, se retrouve sur le marché à des prix pouvant atteindre 6 000 FBU.

Même les boissons gazeuses ne sont pas épargnées par cette inflation. Une bouteille de Fanta, achetée à 2 000 FBU, est normalement vendue à 1 600 FBU, mais les commerçants imposent des prix plus élevés dans plusieurs quartiers de la capitale.

Cette situation est observée notamment à Rohero, Bwiza et Nyakabiga, dans la commune de Mukaza, ainsi qu’à Mutanga Nord, situé dans la commune de Ntahangwa.

Concernant les produits alimentaires, le riz de qualité inférieure s’achète entre 5 200 et 5 400 FBU selon les quartiers et les commerçants. « Quand on remarque que les clients achètent, on maintient ces prix », confie A. N, un commerçant opérant au marché de Kanyosha. Il précise que ce riz est de qualité inférieure.

Le riz de qualité moyenne, quant à lui, est vendu entre 5 800 et 6 000 FBU. Pour l’huile de coton, conditionnée en bouteille de cinq litres, les prix oscillent entre 21 000 et 23 000 FBU. L’huile de palme, se vend entre 12 000 et 13 000 FBU. Ces tarifs varient en fonction des commerçants et des quartiers.
D’autres produits de première nécessité, tels que les haricots, la farine de manioc et de maïs, subissent également ces fluctuations de prix selon les commerçants qui évoquent toujours le manque de carburant.

Pour rappel, lors d’une émission publique tenue à Bujumbura le 27 décembre 2024, le président de la République, Evariste Ndayishimiye, avait fixé un délai de quinze jours au ministère du Commerce pour mettre un terme à la spéculation sur les prix. « Si d’ici deux semaines la situation n’est pas corrigée, il va falloir dissoudre le ministère », avait-il averti.

Le 30 décembre 2024, le ministère avait mis en place une commission chargée d’élaborer des stratégies de régulation des prix. Pourtant, deux mois plus tard, cette commission n’a toujours pas livré ses conclusions.

Le 4 janvier 2025, lors d’une visite en commune Mbuye, de la province de Muramvya, le président avait encore durci son ton : « S’ils ne respectent pas ce délai, qu’ils s’apprêtent eux aussi à être démis de leurs fonctions ».

Le chef de l’Etat avait insisté sur le fait que la fixation des prix devait se faire sur la base des coûts de production réels, sans prétextes liés à la pénurie de devises ou aux taxes.

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