Dans le cadre d’une conférence publique animée ce jeudi 17 Octobre 2019 à Bujumbura, la première dame du Burundi a exhorté les couples à privilégier les avis médicaux en matière de contrôle des naissances au détriment d’un certain discours religieux suranné sur le sujet.
La surpopulation a été la grande thématique du jour abordée à l’occasion d’un échange piloté par l’épouse du chef de l’Etat et dressant un état des lieux sur la santé reproductive et sexuelle dans le pays. Les vertus de la limite des naissances ont jalonné son propos à de multiples reprises : «La maîtrise de la fécondité au sein du couple est bénéfique d’abord pour les parents eux-mêmes qui pourront offrir de meilleures conditions de vie à leur progéniture et ensuite pour la société qui n’aura pas à gérer les défis occasionnés par l’abandon d’enfants issus souvent de familles nombreuses et qui finissent dans les bras de la mendicité de rue».Cependant, le poids d’un discours religieux qui encourage la surabondance des naissances a été désigné comme obstacle majeur étalé sur le chemin de la réussite de cette politique nationale de régulation de la démographie du pays.
Sur ce problème, le bal a été ouvert par la question d’une journaliste qui a rapporté les dires d’un responsable religieux qui assimile le planning familial à l’avortement. Plusieurs participants à ce débat public ont également dénoncé l’hostilité d’un discours religieux sur le contrôle des naissances couramment et savamment relayé au sein de la société «par beaucoup d’hommes et femmes d’églises». En sa qualité de pasteure d’église (Ce qu’elle a tenu à rappeler à un moment de son intervention), la première dame a fustigé le charlatanisme qui imprègne un certain discours religieux contre la limitation des naissances et dont elle a rassuré qu’il tient une place ultra-minoritaire chez de nombreux hommes et femmes de religion : «Beaucoup de religieux sont aujourd’hui sensibilisés sur les bienfaits du planning familial et y sont favorables».
Interrogée sur le verset biblique de la Genèse dans lequel Dieu invite Adam et Eve «à se multiplier comme le sel de la terre», l’épouse du président de la République a soutenu que, pris dans le contexte actuel, ce verset divin n’a plus à être pris en compte: «les hommes et femmes d’églises qui abordent ce passage de la bible sans le placer dans son contexte spatio-temporel induisent leurs ouailles en erreur». Au vu de l’investissement de Mme Bucumi sur le sujet de la limitation des naissances et étant par ailleurs elle-même mère de famille nombreuse (Ce qu’elle a mentionné dans son discours), Cela sonne comme une mise en garde contre l’esbroufe religieuse répandue dans le pays.