Alors qu’on parle de la quatrième génération des pilules contraceptives, Iwacu s’est intéressé au sujet : qu’en est-il de l’utilisation du médicament au Burundi ? Qu’en pensent les églises ? Et les médecins ? Détail : nous en somme encore à la 2ème génération.
<doc6976|right>« Il n’y a pas de risques mais seulement des effets secondaires, comme tout autre médicament », explique la gynécologue obstétricienne Isabelle Moreira. Elle indique que certaines femmes peuvent supporter telles sortes de pilules, d’autres pas. « Cela dépend de plusieurs facteurs. Avant qu’une femme n’utilise la pilule, il existe des critères d’éligibilité », précise-t-elle. Selon elle, s’il était prouvé que la pilule contraceptive comporte des risques, on l’aurait retiré sur le marché.
« Par ailleurs, les patientes se plaignent seulement d’une prise de poids, aucune n’a jamais signalé de maladies liées à la prise de la pilule », renchérit Berchmans Barumbanze, prestataire à l’ABUBEF. Avant de proposer la pilule comme méthode contraceptive, signale-t-il, on s’informe sur les antécédents familiaux comme des problèmes cardiaques, de l’hypertension, varice, de l’hépatite. Pour éviter au maximum que la femme en question ne sente des effets secondaires.
Au Burundi, on utilise exclusivement des pilules contraceptives de la 2ème génération. Elles ne sont pas parmi celles mises en cause. « Les Burundaises peuvent dormir sur les deux oreilles », lance la gynécologue Isabelle Moreira, réfutant les informations divulguées sur le net à propos des risques liés à l’utilisation de la pilule contraceptive. Et de préciser : « C’est une information qu’il faut prendre avec des pincettes. Divulguer de telles informations peut semer la panique.»
La gynécologue Isabelle Moreira souligne que les gens doivent comprendre que la pilule contraceptive est une hormone dont l’action est d’empêcher la survenue d’une grossesse non désirée. Elle est habituellement constituée de deux hormones : œstrogène et progestérone ou plus rarement de la progestérone seule.
Au Burundi, elles sont 21.437 utilisatrices dont 15.901 sous pilules orales combinées et 5.536 sous pilules orales progestatives (statistiques de 2011).
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Quelles sont les pilules utilisées au Burundi ?
« Les pilules contraceptives de la deuxième génération sont utilisées depuis plus de 40 ans. Au Burundi, depuis une vingtaine d’années», précise Dr Georges Gahungu. Elles diffèrent de celles dites de la 1ère génération par leur composition. Les premières contenaient de fortes doses d’œstrogène. Elles ont été retirées sur le marché. Celles de la 2ème génération contiennent des progestatifs qui ont permis de baisser les doses d’œstrogène afin de combattre certains effets secondaires liés à l’utilisation de la 1ère génération. Il s’agit notamment de Microgynon 30. « Dans les pays développés, ils sont à la 4ème génération. Cela ne signifie pas pour autant que celles que nous utilisons, sont dépassées », précise-t-il.
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Pas de consensus des « guides spirituels »
Les confessions religieuses divergent sur l’utilisation de la pilule contraceptive.
Haruna Nkunduwiga, représentant de la communauté islamique du Burundi (COMIBU), affirme que l’Islam prône les méthodes naturelles. « Nous encourageons les femmes d’allaiter le plus longtemps possible (plus de 2ans) pour espacer les naissances. Car, l’utilisation de la pilule n’est pas sans risque. Cela a été prouvé par les scientifiques. » Et d’expliquer : « Les musulmans doivent accroître leur progéniture, selon leurs capacités, car c’est ce qui a été ordonné par le Prophète. En plus, c’est la bénédiction d’Allah. » Il estime aussi que l’utilisation de ces pilules peut entraîner une irresponsabilité : « Une régulation des naissances ne se fait qu’avec l’accord des époux et cela demande un dialogue entre eux. » En outre, il indique que l’autre méthode permise par l’Islam est le coït interrompu.
<doc6979|left>L’Eglise Catholique, contre
Sa position reste inchangée quant aux méthodes contraceptives. « En matière de planning, seules les méthodes naturelles sont acceptables. Que les époux s’abstiennent des rapports conjugaux dans la période féconde de la femme ». C’est ce qui a été réaffirmé dans un message que les évêques catholiques du Burundi ont adressé aux Burundais lors de la Saint Sylvestre.
L’Eglise Catholique reste convaincue que les méthodes naturelles sont les seules, dans le cadre du mariage chrétien, qui puissent aider les époux à réguler les naissances sans ternir la dignité de l’acte conjugal qui doit garder unies ses deux significations : l’union et la procréation. Elle interpelle les Burundais et les Burundaises à assumer leur paternité et maternité de façon responsable en mettant au monde le nombre d’enfants qu’ils sont capables d’éduquer convenablement.
L’Eglise Catholique accepte seulement les méthodes naturelles comme le Billings ou autorégulation (un allaitement exclusif apporte une efficacité contraceptive) pour réguler les naissances.
L’église Abundant Life, pour
« Nous recommandons les méthodes de contraception qui ne tuent pas l’œuf fécondé. De ce fait, la pilule contraceptive n’est pas interdite puisqu’elle empêche seulement la fécondation », affirme Aline Ndihokubwayo, pasteur de l’église Abundant Life (Vie en abondance). Elle ajoute que les fidèles sont aussi appelé à utiliser les méthodes naturelles pour réguler et espacer les naissances. Pour ce qui est des effets secondaires liés à l’utilisation de la pilule, la pasteure indique que c’est le travail des médecins de savoir si une femme supporte telle ou telle autre sorte de pilule. En tout état de cause, selon elle, il y va de la responsabilité des conjoints.