Le Burundi tient son premier Forum National sur le développement. Et ce, durant deux jours. Quelles sont les attentes des uns et des autres ? Quelles sont leurs demandes pour l’après Forum ? Entretien avec Pierre Claver Nahimana, participant et président du parti Sahwanya Frodebu.
Comment appréciez-vous l’organisation d’un Forum national sur le développement ?
C’est une très bonne initiative que le gouvernement a prise. Nous espérons que cette initiative va être pérennisée parce qu’à travers des initiatives du genre, on le sait très bien, les experts, les professionnels qui s’expriment, donnent leurs observations, leurs conclusions, leurs recommandations sur l’économie nationale, c’est important.
Ce sont des gens qui connaissent ce que c’est le développement. Ils ont beaucoup d’expériences. Alors, ces initiatives qui permettent de partager des expériences sont à encourager.
Quelles sont vos attentes ?
Pour ce premier pas, bien entendu, c’est le début. Il y a des améliorations à faire. Parce qu’on le sait très bien, les années antérieures, il y a eu des Etats généraux de l’agriculture, de l’élevage, de la justice, dans plusieurs secteurs de la vie nationale.
Mais, on voit que les recommandations qui viennent de ces fora-là ne sont pas très bien évaluées. On espère qu’avec cet exercice qui commence et qui est soutenu par le président de la République, va perdurer, qu’il y aura un très bon suivi.
Que devraient être les domaines prioritaires pour atteindre la croissance économique ?
Si vous maîtrisez les problèmes de bonne gouvernance, les problèmes politiques qui sont la base essentielle, le pays peut être développé. Car, vous ne pouvez pas par exemple développer un pays lorsqu’il y a la guerre civile, l’insécurité, lorsque la justice ne fonctionne pas très bien.
A côté de cela, il y a d’autres leviers de développement de l’économie notamment les secteurs comme l’agriculture et l’élevage. Parce que nous savons tous que le Burundi est un pays agricole.
Avec des exportations agricoles qui commencent à baisser, c’est un très mauvais signe. Cela veut dire qu’il faut investir davantage pour qu’effectivement, l’agriculture puisse se relever et permettre qu’il y ait des grandes exportations agricoles.
D’autres domaines moteurs de la croissance sont les mines. Effectivement comme le pays est très riche en termes de minerais, c’est un secteur, une fois développé, permettrait au Burundi d’accroître sa production.
Il faut investir beaucoup dans la formation des cadres, des techniciens et dans la gouvernance. Il faut développer la transformation agricole, l’agro-industrie, etc. Donc, il n’y a pas de raison que le Burundi soit pauvre.
Pourquoi ?
Naturellement, le pays est riche. On ne demande qu’à exploiter et gérer ces richesses naturelles de façon efficiente. Il faut investir dans le potentiel humain. Si vous combinez tous ces secteurs-là, il est sûr que le pays va commencer à approcher les autres pays émergents.
Ce n’est pas un pays désertique. Nous avons le lac Tanganyika, les sources d’eau dans les collines, c’est un grand potentiel qui peut permettre que le pays se développe.
Donc, le tourisme peut-être aussi être développé ?
Absolument avec le lac Tanganyika, vous pouvez faire de l’écotourisme. Les forêts, les circuits, les routes, il y a beaucoup de choses à faire à ce niveau. Si vous avez la bonne gouvernance, la sécurité, vous pouvez faire de l’écotourisme. Il n’y a aucune raison que le Burundi n’émerge pas.
Il y a beaucoup de pays qui nous entoure pour lesquels nous avons plus davantage de façon naturelle. Mais, encore faut-il maîtriser la gouvernance.
Quid du développement du commerce ?
Si vous regardez l’Afrique de l’Est et au milieu de l’Afrique Centrale, nous sommes au milieu. Donc, une position stratégique. Nous sommes à côté du lac Tanganyika. Le Burundi peut devenir un carrefour pour tous les pays.
Je me souviens dans le temps, il y avait des projets régionaux africains de faire passer un chemin de fer qui va du Nord au Sud en passant par le Burundi. Mais, il faut savoir profiter de cette position.
C’est-à-dire ?
Il ne suffit pas que le Bon Dieu vous donne des richesses naturelles pour que vous soyez riches. Non. Non. Il faut travailler pour que ces richesses soient mises en valeur.
Pourquoi il est pauvre alors ?