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Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh : « Le SNR veut brouiller les cartes, comme il en a l’habitude »

05/05/2013 Commentaires fermés sur Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh : « Le SNR veut brouiller les cartes, comme il en a l’habitude »

Le président de l’[Aprodh->http://www.aprodh.org/] ne mâche pas ses mots. D’après lui, c’est le SNR qui facilite [les évasions->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4573] des personnes impliquées dans les dossiers d’assassinats et autres. Pour fausser toute piste d’enquête.

<doc6684|right>{Comment avez-vous accueilli l’évasion de Nzarabu ?}

Je m’y attendais. Il n’y a pas longtemps, j’ai appris que des agents du SNR, notamment un certain Bibona persuadait Nzarabu de le faire sortir de la prison. Toutefois, ce dernier est resté réticent, mais à notre grand étonnement, il a fini par accepter.

{Qu’est-ce qui vous pousse à accuser le SNR ?}

D’après nos enquêtes, deux véhicules du SNR sont partis de Bujumbura pour accomplir cette mission. De plus, deux agents du même service et proches du pouvoir sont pointés du doigt. Le moment venu, nous allons les communiquer au peuple burundais et à la communauté internationale.

{Pour quels mobiles le SNR s’impliquerait dans cette évasion ?}

Des autorités policières et hauts cadres du SNR ont été cités dans le dossier du carnage à Gatumba. De peur d’être un jour ou l’autre poursuivis, ils ont alors facilité l’évasion de Nzarabu, qualifié aujourd’hui par le pouvoir de principal acteur.

{Craignez-vous pour sa sécurité?}

Ses bourreaux avaient tenté de l’éliminer depuis longtemps. Quand Nzarabu était encore à la prison de Bubanza, ils ont exigé du directeur général des affaires pénitentiaires son transfert. Bien avant, deux autres officiers de police étaient allés le chercher, mais nous avons été alertés et son transfert n’a pas eu lieu. Ils avaient l’intention de le tuer en cours de route pour, ensuite, l’accuser d’avoir tenté de s’évader. La tentative d’assassinat de Nzarabu ne date pas donc d’aujourd’hui.

{Ce n’est pas pour la première fois que des gens impliqués dans des dossiers parfois liés aux assassinés s’évadent. Qu’est-ce que cela traduit ?}

Qu’il y a des institutions qui pèsent sur les autres. On dirait que le SNR est au- dessus de tous les autres corps de police et de la magistrature. Plus grave, il donne même des ordres au procureur général de la République. Au lieu que des présumés coupables soient conduits dans des prisons reconnues, on les achemine directement au SNR. L’exemple le plus récent est celui de Désiré Uwamahoro qui était gardé dans les cachots du SNR. Il était sous mandat d’arrêt du procureur près la Cour d’appel de Bujumbura. Cependant, il a été relaxé par décision de l’administrateur général du SNR. Cela ne se fait pas.

{Le SNR est géré à la présidence de la République. Pensez-vous que le numéro est au courant de ces évasions ?}

Il n’y a pas à douter. Le président est informé sur toutes les décisions prises au SNR et à la magistrature surtout quand il s’agit des dossiers à caractère politique comme celui de Gatumba et autres.

{Quelles peuvent être les conséquences de ces évasions ?}

Ce sont ces cas d’assassinat, d’exécution extrajudiciaire, d’enlèvement et de disparition… que vous entendez ici et là. Dans la plupart des cas, s’il advient que ces gens ne parviennent pas à accomplir les missions qui leur sont confiées, ils sont tués.

{Une sorte de cadeau empoisonné …}

Exactement. Je peux jurer que même Nzarabu ne vivra pas longtemps après l’interrogatoire.

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