Dans un entretien accordé à Iwacu, l’ancien Président burundais indique que sa démission au poste de Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel est une « décision personnelle », prise en son « âme et conscience ». Désormais, il veut laver son « honneur terni », dit-il.
Très détendu, dans cet entretien Pierre Buyoya explique qu’il ne veut pas « gêner ceux qui lui ont fait confiance » pour ce poste prestigieux au sein de l’UA .« C’est un poste qui demande de l’énergie, de la concentration » et il estime qu’avec le combat pour son « honneur » qu’il veut mener, il ne serait plus suffisamment concentré sur son travail.
Pour lui, c’est aussi une manière de respecter les institutions, il ne veut pas « être une source d’embarras » pour l’Union Africaine. Désormais l’ancien président dit qu’il va pouvoir se consacrer pleinement à sa défense et « laver son honneur terni » avec cette condamnation pour l’assassinat du Président Ndadaye. Il estime que c’est une « parodie de justice » et il pointe plusieurs dysfonctionnements : « Le tribunal a dressé tout un tas d’obstacles pour nous empêcher de faire valoir nos moyens de défense : refus de visa à nos avocats étrangers, refus à nos avocats burundais d’accéder au dossier, refus de la greffe de réceptionner nos dossiers d’appel, bref tout a été orchestré pour nous condamner à huis clos », regrette l’ancien président. Pour lui, c’est un procès qui a enfreint « les droits élémentaires de la défense tels que prescrits par les lois burundaises et internationales ».
Interrogé s’il ne redoutait pas « une extradition vers le Burundi », l’ancien président dit n’avoir aucune crainte dans ce sens. « Il y a des lois internationales et les autorités burundaises ne peuvent pas faire tout ce qu’elles veulent ».
Pierre Buyoya se dit « très serein », c’est la troisième fois qu’il prend lui-même « la décision de quitter de hautes fonctions ». Un brin philosophe, l’ancien président confie qu’un « homme politique doit pouvoir faire face à toutes les situations , il ne doit pas avoir peur d’une traversée du désert s’il le faut ».
Pierre Buyoya n’a pas précisé le pays dans lequel il va s’installer, il dit qu’il n’est pas pressé. « Je prends le temps de réfléchir », conclut-il.