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Pierre Buyoya assume son œuvre

05/05/2013 Commentaires fermés sur Pierre Buyoya assume son œuvre

Après {Mission possible}, l’ancien président vient de présenter son 2ème ouvrage, {Les négociations interburundaises, la longue marche vers la paix.} Pierre Buyoya avoue que "faire cet ouvrage a été un exercice difficile."

<doc3463|right>« Ce livre n’est pas un ouvrage d’histoire, c’est un témoignage d’un des acteurs du processus de paix interburundais. » C’est sur ces mots que l’ancien président et sénateur commence la présentation de son 2ème ouvrage.
Institut Français de Bujumbura, mardi, 27 février, 18 heures. Devant son épouse, ses anciens collaborateurs dans le processus de paix, des membres du corps diplomatiques et consulaires, un public varié, l’auteur est posé. Le président Pierre Buyoya brosse rapidement les trois parties de son livre.

La première partie présente le contexte historique du conflit burundais. L’auteur de {La Longue marche vers la paix} montre le rôle de la colonisation, des leaders dans tout ce qui s’est passé en terme de gouvernance, ou tout simplement de mauvaise gouvernance, etc.
La deuxième partie de son ouvrage insiste sur le processus de paix. Pour le président Buyoya, ce processus a été une œuvre collective des Burundais : les partis politiques d’abord et plus tard la société civile nationale et internationale. Il souligne aussi le rôle des acteurs extérieurs.
Dans la troisième parti, il insiste sur le processus de négociation depuis la convention de gouvernement, passant par les pourparlers de Mwanza et leurs effets, Sant’ Egidio, les négociations et l’Accord de paix d’Arusha, les Accords de cessez-le –feu entre les différents groupes rebelles, etc. Le peuple a lui-même défini son conflit à Arusha même s’il a fallu dix ans pour achever les négociations.

Arusha, plein de souvenirs

Deux médiateurs ont marqué cette phase des négociations. Feu président Julius Nyerere, décrit par M. Buyoya comme « un médiateur efficace qui voulait réellement la paix au Burundi, paradoxalement pas neutre. » Ensuite le président Nelson Mandela « un bulldozer en action avec sa fameuse thérapie de choc.» Le sénateur se rappelle que M. Mandela abordait le conflit burundais dans des termes crus avec un ton dur.

Des leçons aussi

L’Accord d’Arusha, le président Buyoya y croit vraiment. A Arusha, confie-t-il, les Burundais ont bâti leur propre démocratie. Là, souligne-t-il, est née la culture du dialogue. Le dispositif Arusha, écrit M. Buyoya, a été une solution pour sortir de ce long conflit qui a endeuillé la société burundaise : « Dix ans après, la majorité des Burundais des deux camps Hutu et Tutsi sont satisfaits des retombées pacificatrices de ces longues négociations. » Il estime que l’Accord d’Arusha est un compromis historique : « Il sera ce que les Burundais en feront. »
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[" Les négociations interburundaises ", Pierre Buyoya (Préface de Louis Michel), Édition L’Harmattan, janvier 2012, 254 pages, 25 Euros->http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=35845]
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La lumière aux journalistes

<doc3462|left>Trois journalistes Innocent Muhozi de Radio-TV Renaissance, Elyse Ngabire du groupe de presse Iwacu et Serges Nibizi (RPA) avaient lu le livre. Ils ont été choisis pour interroger l’auteur. Quelques questions posées…

{Vous fustigez l’embargo. Est-ce qu’il aurait été possible de continuer le processus de paix sans ce moyen de pression ?}

C’était une pression extrême. Je peux comprendre que pour obliger des gens à négocier on prenne des mesures. Mais cet embargo était quelque chose de non pensé, non suivi, non géré.

{Vous qualifiez le Coup d’Etat de 1993 d’un putsch imbécile alors que d’autres le trouvent intelligent. Pourquoi ?}

La façon dont il s’est passé m’est difficile à comprendre. Pourquoi des gens qui, soi-disant, voulaient sauver les Tutsi d’un pouvoir hutu qui les menacerait, mettent en danger les populations tutsi d’une façon extraordinaire.

{Une certaine opinion vous accuse d’avoir précipité le processus démocratique et d’avoir traîné les pieds pour commencer les négociations. Qu’en dites-vous ?}

Pour porter des jugements de ce genre, il faut se rapporter au contexte. Rentrer dans le multipartisme, c’était un passage obligé auquel aucun pays africain n’a pu résister. Le choix était de résister ou de conduire les événements. Notre choix c’était d’aller dans la démocratisation et orienter les choses comme nous le pouvons. Sinon, la démocratisation allait se faire contre nous.
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<doc3464|left>Antoine Kaburahe : « C’est un document pour notre histoire »

Le journaliste a collaboré avec l’ancien président dans la rédaction de ce livre. Il nous livre son appréciation.

{Comment avez-vous été appelé à collaborer dans la rédaction de cet ouvrage ?}

Le président Buyoya a voulu s’entourer de quelques personnes avec certaines compétences. Je n’étais pas seul. Il y avait notamment un historien, le professeur Mukuri, un politologue, Sentamba, un journaliste, moi-même. Mais comme il l’a dit, c’est son livre. Notre assistance a été strictement technique.

{Que pensez-vous de ce livre ?}

La rédaction de ce livre a pris deux ans. L’ancien président a pris son temps. C’est un ouvrage, à mon avis, très bien structuré, bien documenté. Cela étant, et j’insiste là dessus, c’est son témoignage. Avec sa force et ses faiblesses. M. Buyoya assume le contenu. C’est un document pour notre histoire. Le livre sera certainement beaucoup lu, analysé, disséqué, critiqué et c’est bien ainsi. C’est comme ça que l’on fait avancer le débat. J’espère aussi que d’autres acteurs politiques importants vont sortir de leur silence.

Comme journaliste, qu’elle expérience en tirez-vous ?

Écrire c’est mon métier. Comme journaliste, j’ai envie de mieux comprendre mon pays, son histoire, sa politique. En travaillant avec un acteur politique de cette catégorie, on apprend beaucoup. Il faudrait que les journalistes burundais écrivent plus, fassent parler des témoins et acteurs de notre histoire. En écrivant, les journalistes peuvent contribuer à enrichir le débat. C’est très important.

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