Patrouille militaire renforcée, rondes nocturnes de la population, les habitants de la colline Nyamitanga de la province Cibitoke ne sont pas pour autant rassurés. Ils craignent l’incursion des groupes armés venant de la RDC.
« Nous avons peur qu’ils reviennent, » racontent des habitants de la colline Nyamitanga, commune Buganda de la province Cibitoke.
« Ils », ce sont les groupes d’hommes armés non identifiés venant de la RDC qui ont attaqué la base militaire de cette localité le 20 octobre.
Située à 50 km de la ville de Bujumbura, la localité de Nyamitanga est séparée des hauts plateaux de la République démocratique du Congo par la rivière Rusizi. Depuis l’attaque, cette localité est en proie à des rumeurs et des suspicions.
« Il paraît qu’ils ont laissé un écrit disant qu’ils vont revenir récupérer leur les armes que l’armée burundaise leur a prises durant l’affrontement, » indique Joselyne, 30 ans, une mère de 3 enfants.
Pierre, la vingtaine, indique de son côté pourquoi la population dit avoir peur. « Les nouvelles qui circulent indiquent qu’ils vont revenir et que cette fois-ci, ils vont s’attaquer à la population comme ce qui s’est passé à Ruhagarika. »
Pour rappel, le massacre de Ruhagarika qui reste dans les mémoires a causé la mort de 26 personnes lorsqu’un groupe d’hommes armés venus de la RDC a attaqué ce le 12 mai, cette colline de la province de Cibitoke. « Difficile dans ces conditions de garder son calme face à ces rumeurs glaçantes, »estime Joseph, un habitant de la zone Ndava.
Par ailleurs un climat de suspicion s’observe dans cette colline. Concilie, la trentaine, fait savoir que depuis l’attaque, les habitants sont méfiants. Pour eux, cela ne fait aucun doute, les hommes armés sont informés par des personnes sur place acquises à leur cause. « Nous pensons qu’ils ont tout planifié à l’aide des gens d’ici. Ils sont venus en sachant quand, où et comment frapper. »
Selon un autre habitant sous couvert d’anonymat, les habitants de la région se suspectent les uns les autres et il est difficile de se faire confiance. « Les militaires nous ont d’ailleurs annoncé qu’en cas d’attaque, ils ne seront pas les seuls à mourir cette fois-ci. Ils disent qu’ils vont se mêler aux habitants parce que ce sont des informateurs des groupes armés. »
L’armée en renfort
Les autorités semblent avoir pris la menace au sérieux En témoigne des mesures de sécurité mises en place. L’armée burundaise a renforcé sa base dans la région. Trois tentes militaires toutes nouvelles ont été mises en place.
« Avant il n’y avait que des jeunes militaires, des recrues Ils ont été remplacés par des militaires expérimentés, plus nombreux et plus aguerris au combat, » indique un administratif à la base.
A la tombée de la nuit, des patrouilles nocturnes sont effectuées par les habitants de la colline, en plus des forces de l’ordre.
« Nous multiplions des réunions pour sensibiliser la population à veiller sur sa sécurité, à lancer l’alerte et à transmettre toute information utile en cas de menace, » a indiqué Emmanuel Bigirimana, administrateur de la commune Buganda.
Un cadre rencontré dans les bureaux de la commune indique par contre que cela n’est pas suffisant. Selon lui, toute la province de Cibitoke restera en danger aussi longtemps que les groupes rebelles pullulent dans la région du Sud-Kivu. « Il y a de quoi avoir peur, vu les armes lourdes que ces hommes ont amené avec eux lors de la dernière attaque. »
Ce cadre de la commune lâche : « Arrêtons de nous voiler la face, ce sont des groupes rebelles entraînés au Rwanda, qui attaquent depuis la RDC. »
Un autre cadre demande le renforcement du service de renseignement au-delà de nos frontières. « L’alerte peut venir des Congolais qui vivent le long de la rivière Rusizi. Il suffit de leur donner des téléphones. »
Interrogé à cet effet, le porte-parole de l’armée burundaise réfute les allégations selon lesquelles, des rebelles burundais seraient au Sud-Kivu. Selon lui, il s’agit de groupes de voleurs armés basés en RDC qui investissent le territoire burundais pour piller les maisons. Floribert Biyereke tranquillise la population burundaise et indique que la situation sécuritaire est sous contrôle.