Le 13 février de chaque année, le monde entier célèbre la Journée internationale de la radio, y compris donc le Burundi. Pour cette année 2024, les responsables des radios privées au Burundi ont reconnu un manque de moyens financiers qui handicapent leur fonctionnement. Ils demandent au gouvernement ainsi qu’aux différentes organisations et entreprises de soutenir la Radio, car elle a déjà montré et démontré son efficacité dans sa contribution au développement du pays.
« Les radios n’ont pas beaucoup de partenaires financiers dans ce pays », a réagi Gaspard Ndikumazambo, directeur de la radio communautaire Izere FM interrogé sur les obstacles auxquels les radios font face au Burundi.
Il fait remarquer que les radios burundaises travaillent seules dans leurs coins. Et pourtant la radio peut travailler avec des banques, des hommes d’affaires ou des organisations à travers un financement local.
Les banques peuvent par exemple financer la radio qui, à son tour, peut aider les banques à atteindre la population qu’elles veulent former sur comment décrocher un crédit et faire l’épargne. « On ne peut pas toujours attendre des financements extérieurs », a commenté le directeur d’Izere FM.
Le directeur Ndikumazambo demande à toute personne qui a des moyens financiers de s’associer avec la radio qui a cette force de porter la voix le plus loin possible. « Il faut rassembler nos forces. », insiste-t-il.
Il rappelle à tous les partenaires que la Vision d’un pays émergent en 2040 et d’un pays développé en 2062 n’est pas atteignable si la radio est écartée. Et pour preuve ; « La radio a déjà montré sa force dans l’incitation au changement dans le monde. »
Très endettées
« Nous sommes très endettés. Nous avons des sommes impayées, les équipements sont usés, d’autres ne fonctionnent pas », répond à son tour, Raymond Nzimana, directeur ai de la radio Bonesha FM, l’une des radios qui ont été brûlées et sommées de fermer lors de la crise de 2015.
En plus, il reconnait que sa radio fait face à des problèmes techniques et financiers. « Les journalistes seniors se comptent sur le bout des doigts. Nous avons dû former de nouveaux journalistes. » Et de regretter que le financement des médias via le Fonds d’appui aux médias prévu par la loi n’est pas encore effectif. « Son fonctionnement n’est pas clair. Tu peux exprimer un besoin d’enregistreurs, d’un faisceau hertzien et voir le ministère de la Communication vous donner un seul ordinateur »
Raymond Nzimana confie que l’autofinancement par la publicité, les annonces et les communiqués payés n’est plus comme avant. « Ceux qui apportent ces communiqués et ces publicités veulent exiger des commissions et les radios ne gagnent pas beaucoup », reconnaît Nzimana. Suite à cette situation et au contexte de financement extérieur très réduit depuis la crise de 2015, il indique que le fonctionnement des radios est difficile sur le territoire burundais.
Des paiements incompris
Ailleurs, rappelle le directeur ai de Bonesha FM, la presse constitue le 4e pouvoir après l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Ainsi, il estime que le gouvernement burundais devrait soutenir la radio, qui est le genre de média le plus suivi au Burundi afin de garantir ce pouvoir que doit inarner les médias. « L’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) ne devrait pas continuer d’exiger des sommes colossales d’argent de redevance pour tel site ou tel émetteur », plaide notre source.
Pour lui, elle devrait considérer que Bonesha travaille aussi pour le pays tout comme la Regideso ne devrait pas non plus classer sa radio dans le groupe des clients qui font du commerce. « Nous sommes tous les deux en train de travailler pour le même pays. » Il plaide aussi pour que les radios ne soient plus considérées comme de grandes entreprises de production. Si cela continue, avertit-il, le risque est grand que des radios ferment.
Même son de cloche chez Mitterrand Ndayegamiye, directeur de la radio Ijwi ry’umukenyezi. Il regrette qu’une radio puisse se voir exiger 1 500 USD de redevance pour un émetteur. Mitterrand trouve que le gouvernement devrait différencier les radios commerciales et celles communautaires. Or, indique-t-il, toutes les radios sont traitées de la même manière par l’ARCT.
« Si tu as plus d’émetteurs, tu ajoutes 500 USD pour chacun ». Il propose aussi au gouvernement de fournir d’autres efforts en alimentant le Fonds d’appui aux médias pour soutenir les radios. « Il peut par exemple installer des antennes où chaque radio qui naît ira mettre son émetteur gratuitement. »
Mathias Ntibarikure, rédacteur en chef de la radio Ejo heza FM déplore qu’à la suite du manque de moyens, une grande partie des radios traitent les informations de la ville de Bujumbura. À cela s’ajoute le manque de journalistes qualifiés depuis 2015. « Avec le départ en exil d’une centaine de journalistes, la Radio a été secouée. »
Quant à Elie Nibel Nibigira, rédacteur en chef de la radio Kazoza FM, il regrette que peu de radios soient capables de payer leur personnel faute de moyens. Il demande aux bailleurs de fonds de se rappeler qu’au Burundi, la radio reste une source fiable d’information et partant de refinancer les radios. Et de rejoindre ses confrères pour demander à l’ARCT de ne pas constituer un fardeau pour les radios.