Elle est la moins préférée des méthodes contraceptives. Certaines femmes pensent qu’elle fait grossir, d’autres ont peur d’oublier de la prendre. Un médecin explique.
La pilule n’est pas très prisée par les Burundaises. Les chiffres parlent : « Seulement 14.202 femmes prennent la pilule. Plus de 200.000 Burundaises qui utilisent la méthode injectable et 19.000 le stérilet », précise Dr Gahungu Georges, directeur du Programme National de la Santé de Reproduction (PNSR).
Selon le médecin, la plupart ignore que la pilule est gratuite et qu’on peut la trouver dans tous les centres de santé du pays. Mais, malgré cette disponibilité, les Burundaises l’utilisent peu: « En occident, chaque femme, et même des adolescentes, ont dans leurs sacs à main les plaquettes et les amènent partout. Ici, nous avons encore du pain sur la planche. » , reconnaît le docteur Gahungu.
Le directeur du PNSR indique qu’il existe deux sortes de pilule. Les COC (Contraceptifs Oraux Combinés qui contiennent de molécules progestatives et œstrogènes) : « Pour cette première méthode plus de 12mille femmes l’ont utilisée en 2010. C’est très peu si l’on considère l’effectif qu’on voulait atteindre. » Le PNSR veut atteindre 40 % de taux de prévalence contraceptifs, toutes les méthodes contraceptives confondues, alors qu’il est à 20% seulement.
Concernant les COP (Contraceptifs Oraux et Progestatifs), il précise que seulement 1800 femmes l’ont utilisée. « Ce type de pilule est adapté aux femmes qui allaitent néanmoins toute femme peut l’utiliser. Toutefois, la première, donc COC, est interdite à celles qui allaitent », explique-t-il.
La plupart ne connaissent pas une prise de poids
Pour ce qui est des effets indésirables, comme la prise du poids, pour le premier type, selon toujours le Dr Gahungu, il peut y avoir une prise de poids de 1 à 2 kg sur une période de 10 ans mais qu’il juge insignifiant.
Concernant, la deuxième, une prise de poids lente mais considérable de 4 à 5 kg peut s’observer chez certaines femmes: « On conseille de prendre des mini-dosés de COP et cela marche très bien ou d’utiliser d’autres méthodes non hormonales. » La plupart de femmes ne prennent pas de poids, rassure le médecin.
Pour ceux qui pensent que la pilule peut causer une infertilité, le Dr Gahungu est catégorique : il n’existe aucun lien. « La pilule procure un bien-être. Celles qui l’utilisent ont moins de stress et ne risquent pas d’avoir une grossesse non désirée. Il suffit de régler par exemple une petite alarme à la même heure pour ne pas l’oublier », conseille-t-il.
Témoignages…
Lorsque E.S., la trentaine, mère d’un petit garçon de deux ans, a voulu utiliser une méthode contraceptive pour espacer les naissances, elle raconte avoir opté pour celle de l’injection. Pour elle, la pilule est contraignante : « En cas d’oubli, tu commences à te stresser attendant la fin du cycle menstruel pour voir si tu n’es pas tombée enceinte. » E.S. est une femme d’affaires, avec un temps chargé, elle reconnaît qu’elle ne peut pas se hasarder à prendre la pilule contraceptive au risque de l’oublier.
L.S., mère de deux enfants, elle affirme que c’est grâce à la pilule qu’elle est épanouie sexuellement, n’ayant aucun souci de tomber enceinte : « Auparavant, j’utilisais le stérilet mais je suis tombée enceinte. Après mon accouchement, j’ai fait recours à la pilule, il y a de cela deux ans. » Néanmoins, elle admet que les premiers jours, elle peinait de la prendre à la même heure. Elle a adopté une stratégie : la prendre tous les jours à 7h15 du matin, au moment de prendre son petit déjeuner. L.S. assure qu’elle l’a très bien supportée.