<img7102|left>New Génération, l’association que Dieudonné Nahimana porte à bout de bras, a déjà formé et scolarisé plus de 5000 jeunes. C’est le père Noël des enfants de la rue.
<doc7024|right>Né à Gasorwe dans la province Muyinga, Dieudonné Nahimana, 37 ans, est le fondateur du mouvement des jeunes leaders en réveil, New Génération. Très influencé par son père, qui a lutté pour l’indépendance au sein du Parlement royal, Dieudonné résume en une phrase le fil conducteur de son parcours : « Petit, mon rêve était de devenir Rwagasore. »
Très affecté par l’assassinat de son père en 1993, Dieudonné se penche sur les problèmes sociopolitiques du Burundi. Il étudie la question, la triture, la dissèque,la retourne dans tous les sens. « Je ne comprenais pas comment et pourquoi cela avait pu arriver à un homme aussi intègre que mon père. Il s’est toujours battu pour la liberté et la justice », souligne-t-il avec tristesse.
Mais pas question pour lui de céder au désespoir, de vivre en permanence avec des points d’interrogation.
Il fréquente les centres culturels français et américain, s’inspire de la philosophie de Martin Luther King et de Gandhi. Un jour, l’idée jaillit, comme une évidence: créer un groupe de jeunes, pour lutter contre la violence. « Pendant que d’autres s’engageaient dans des mouvements musclés tels que les « Sans défaites », les « Sans échecs », nous, nous organisions des débats, des formations, et des sensibilisations médiatiques pour la non-violence active. »
C’est en 1998 que New Generation prend son envol. Son objectif : rassembler des jeunes leaders en éveil spirituel, culturel et socio économique. L’association s’occupe, entre autres, des jeunes en situation difficile, des jeunes de la rue, dans un cadre d’écoute, d’encadrement et de réinsertion. Elle organise aussi des formations en informatique, des débats politiques avec la société civile. New Generation va à la rencontre des jeunes refugiés en Tanzanie, se montre active dans les négociations à Pretoria (Afrique du Sud) et même aux Nations unies.
Dieudonné Nahimana est invité partout, donne des conférences aux quatre coins du monde. Toutes ces actions lui vaudront en 2004 à la Haye aux Pays-Bas, le prix de la meilleure initiative des jeunes en Afrique (Think Thank Award Africa).
A ses côtés, Silvestre Manirakiza qui lui voue une reconnaissance éternelle. « Je vivais dans la rue depuis 12 ans. Puis un après-midi, à Noël, j’ai rencontré Dieudonné. Après m’avoir offert un Fanta et parlé de Dieu, il m’a proposé d’aller vivre aux palais des arts avec les autres enfants qu’il avait placés là », se rappelle-t-il. Et d’enchaîner : “Il m’a demandé si je voulais aller à l’école. J’ai répondu oui bien sûr ! Je suis entré en primaire à l’école Notre dame. Cela n’a pas été facile. J’étais dans un autre monde. Mon univers, c’était la rue. En plus j’étais le plus vieux de la classe ! »
Mais Sylvestre s’est accroché. Au bout du chemin et des efforts, la récompense suprême : un diplôme de fin d’études secondaires décroché en 2010 avec tous ses copains de l’époque, encadrés par New Generation.
Aujourd’hui plus 5.000 jeunes ont été formés par cette association. Les anciens enfants de la rue ont pris le relais, et s’occupent à leur tour des plus défavorisés. Bientôt, direction le Brésil. L’équipe des enfants de la rue, encadrée par New Generation, a été élue pour représenter la région des Grands Lacs dans le Street children world cup (la coupe du monde des enfants de la rue), qui aura lieu en 2014 à Rio de Janeiro. Un nouveau challenge pour le coach Dieudonné Nahimana !