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Société

Peste caprine : Les communes pleurent leurs chèvres

16/09/2019 Commentaires fermés sur Peste caprine : Les communes pleurent leurs chèvres
Peste caprine : Les communes pleurent leurs chèvres
A Tangara, province Ngozi, les éleveurs touchés par la peste bovine ne sont pas encore indemnisés.

Des administrateurs qui ont été touchés par la peste caprine, début 2018, réclament l’indemnisation pour leurs communes. Ils avancent des pertes énormes, au niveau des recettes communales, suite à ce fléau. Pour le ministère de l’Elevage, des doléances non fondées.

Ces doléances font suite au lancement, mardi 27 août à Bugendana, des activités de réhabilitation des ménages touchés. Une indemnisation de 100 mille BIF par chèvre morte suite à cette peste.

Denis Niyomuhanyi, administrateur de la commune Mutaho déplore que les communes ne soient pas concernées par l’indemnisation. Car, justifie-t-il, ces dernières tiraient beaucoup de taxes, d’impôts du commerce des chèvres. Or, neuf mois se sont écoulés sans qu’aucune chèvre ne soit abattue. Les marchés des caprins étaient fermés.

M. Niyomuhanyi souligne que chaque dimanche, au marché de Mutaho, les taxes sur le commerce des chèvres faisaient entrer 250 mille BIF dans la caisse communale. Et mercredi, ces recettes encaissées variaient entre 100 mille BIF et 130 mille BIF. Par ailleurs, sur chaque peau vendue, il y avait une part qui entrait dans la caisse communale. Pendant neuf mois la commune Mutaho a perdu plus de 15 millions BIF. Elle enregistre des pertes mensuelles de plus de 1.500.000 BIF.

Pour cet administratif, une telle somme aurait aidé à achever des travaux de construction de beaucoup de salles de classe, à assister des vulnérables, etc., En raison de cette peste, la commune a perdu plus de 30 millions BIF sur le budget communal préalablement prévu. « Raison pour laquelle il faudrait tout faire et indemniser aussi les communes ».

Les caisses communales affectées

Même son de cloche à Tangara, province Ngozi. D’après Mme Marguerite Mpabonimana, administrateur communal, le commerce des chèvres constituait la première source de recettes communales. Les taxes issues de cette activité renflouaient les caisses de la commune. « Nous collections au moins, par semaine, 800 mille BIF».

La commune Tangara, dit-elle, a ainsi fortement besoin de ces indemnités. « Cela nous aiderait grandement ». Pour elle, il serait question de réajuster l’enveloppe budgétaire. La suspension du commerce des caprins, pendant environ deux mois, ayant occasionné un déficit au niveau du budget communal. « Cette indemnisation de la commune aiderait à récupérer les pertes ».

Elle déplore d’ailleurs que les éleveurs de sa commune n’aient pas encore bénéficié de ces indemnités. « Nous ne savons même pas si nous les aurons », se soucie-t-elle. Et de rappeler que « la peste s’est pourtant déclarée pour la première fois à Tangara». Selon elle, ce fléau a emporté autour de 500 chèvres.

Désiré Nsabimana : « Suite à ce manque à gagner, la commune Muramvya a été obligée de réviser son budget annuel. »

Désiré Nsabimana, administrateur communal de Muramvya, abonde dans le même sens : « Même si notre commune n’a pas été directement touchée, elle a enregistré des pertes importantes durant les neuf mois. »

En effet, motive-t-il, Muramvya étant proche de Bujumbura, beaucoup de bouchers venaient s’y approvisionner en caprins. Ce qui faisait entrer dans la caisse communale une somme importante. Sans préciser le montant exact des pertes, il estime que les communes devraient aussi être dédommagées. « Suite à ce manque à gagner, la commune Muramvya a été obligée de réviser son budget annuel ».

Interrogé, Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, balaie du revers de la main les réclamations des administrateurs. « Elles ne sont pas fondées », assure-t-il, arguant que « c’est l’Etat qui dédommage sa population ». Et l’administrateur, poursuit-il, est un représentant de l’Etat dans sa commune.

Grande satisfaction chez les éleveurs indemnisés

 » Mon étable était restée vide. J’ai perdu trois chèvres. Et voilà, on m’a accordé 300 mille BIF « , se réjouit Gaspard, un éleveur de la colline Gitongo, commune Mutaho, province Gitega. Content, il avoue qu’avec cet argent, il est prêt à repeupler son étable.

Joseph, un autre éleveur de Masango, même commune, apprécie aussi cette action : « On était déboussolé. Tout mon troupeau avait été décimé par la peste. Je n’avais plus où trouver du fumier pour mes champs.» Se gardant de dévoiler la somme reçue, il affirme qu’il compte redynamiser son élevage : « En plus des petits ruminants, je vais utiliser l’argent pour me lancer dans l’élevage des volailles aussi. »

A Mutaho, Denis Niyomuhanyi, administrateur communal indique que quatre collines ont été touchées par la peste des petits ruminants. Il s’agit de Mwumba, Masango, Gitongo et Muyange. En tout, annonce-t-il, 65.350.000BIF ont été distribués aux ménages touchés. Il rejette tout reproche d’une opération émaillée d’irrégularités : «  Je n’ai pas encore reçu de plaintes de ce genre. Seulement, tout le monde voulait être servi. Même ceux dont les noms étaient mal écrits sur les listes, la question a été vite résolue.»

Il annonce d’ailleurs que prochainement, une enquête sera menée pour vérifier si cet argent n’a pas été gaspillé. «Il doit être utilisé pour le repeuplement du cheptel caprin».

Un appel lancé également par Emmanuel Ndorimana. Une façon, selon lui, de contribuer au développement de l’élevage caprin ou des volailles très utiles aux ménages moyens.

7820 chèvres provenant de 4201 ménages répartis sur 101 collines et 18 communes de huit provinces ont été emportées par la peste. L’opération d’indemnisation des ménages victimes se fait sur financement de la Banque mondiale.

Edouard Nkurunziza & Rénovât Ndabashinze

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