Selon le rapport annuel de la Banque Mondiale sur les perspectives économiques mondiales, le Burundi devrait enregistrer un taux de croissance de 2% en 2021 contre 0,3% en 2020. Le Burundi est classé 5e sur les six pays de la Communauté est-africaine, et il occupe la 41e place sur les 48 pays sub-sahariens qui figurent dans le même classement.
La Banque Mondiale a présenté son rapport, en janvier dernier, sur les perspectives économiques mondiales. Selon ce rapport, l’économie mondiale devrait progresser de 4% en 2021 et de 2,7% dans la région sub-saharienne.La croissance est partout au ralenti et va sans doute le rester. En cause : la pandémie de la Covid-19 qui secoue le monde depuis le début de 2020.
La reprise risque de demeurer modeste si les responsables politiques ne parviennent pas à contrôler la propagation du virus et organiser des campagnes de vaccination. L’économie mondiale pourrait ne progresser que de 1,6% en 2021 contre 4% si la pandémie est mieux maitrisée.
Le taux de croissance du Burundi lent et faible
Le Burundi devrait enregistrer un taux de croissance de 2% en 2021. Sur les 48 pays de l’Afrique sub-saharienne, il est classé 41e et avant-dernier de l’Afrique de l’Est. Trois pays de cette même région, à savoir le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie se classent respectivement 2e, 5e et 7esur les 48 pays de l’Afrique sub-saharienne. Ceux-ci devraient enregistrer un taux de croissance de plus de 5% en 2021, selon le rapport de la Banque Mondiale.
Le sud Soudan est le dernier du classement, avec un taux de « croissance » négatif de -3,4%, Il est aussi forcément le dernier de l’Afrique de l’Est. Les crises politiques interminables que connait ce dernier seraient la cause majeure de son faible taux de croissance. L’Ouganda occupe la 32eplace du classement, avec un taux de croissance de 2,8%, et occupe la 4e place des pays de l’Afrique de l’Est.
Comme le graphique le montre, le Burundi enregistre donc un taux de croissance très faible, comparativement aux autres pays de la communauté est-africaine,à la seule exception du Sud-Soudan.L’année 2020 est un cas à part, en raison de la crise sanitaire, les économies fortes (Kenya et Rwanda) sont plus atteintes que les économies faibles (Sud-Soudan et Burundi) par le virus.
Les économies du Kenya et du Rwanda reposent essentiellement sur l’industrie et le tourisme, ces secteurs ont été gravement touchés par la pandémie. Par ailleurs, le confinement imposé dans ces pays est une autre cause de ce faible taux de croissance en 2020. Tandis que le Burundi et le Sud-Soudan n’ont pas imposé de confinement et leurs économies reposent sur le secteur minier et agricole.
Les chiffres pour 2021 sont forcément prévisionnels et peuvent donc changer si la pandémie, qui est la principale cause du faible taux de croissance en 2020, est maitrisée. La pandémie a sévèrement touché l’économie des pays du monde entier et ceux de la CEA n’ont pas été épargnés. La plupart ont enregistré des taux de croissance très faibles par rapport aux années antérieures à cause de la pandémie, selon le rapport de la Banque mondiale.
Des causes multiples, dont les crises politiques à répétition
Pour Faustin Ndikumana, président de l’ONG locale PARCEM (Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités), le Burundi n’a jamais enregistré un taux de croissance suffisant pouvant lui permettre de décoller économiquement, de récupérer le manque à gagner perdu pendant la guerre (1993-2003). Il a eu un taux de croissance moyen de 4% alors que les experts escomptaient 7%. Pourtant, d’autres pays, au lendemain de la guerre, ont enregistré des taux de croissance à deux chiffres.
A titre d’exemple, le Rwanda a obtenu une moyenne de 15,7% (1995 –1999), la Sierra Leone 13% (2000 –2005) et l’Ouganda 11%(de 1986 –1990), selon les données de la Banque Mondiale.
Pour Ndikumana, ce faible taux de croissance s’explique par plusieurs facteurs, notamment : la faible mobilisation des ressources pour l’investissement et le développement ; les secteurs porteurs de croissance mal exploités : agriculture, tourisme et mines ; l’environnement des affaires en régression, la corruption et les crises politiques à répétition.
Selon toujours Ndikumana, ces crises politiques (1993-2003,2015) seraient la principale cause du faible taux de croissance qu’enregistre le Burundi. Il donne l’exemple de la crise de 2015 où le taux de croissance a chuté de 8,1% passant de 4,2% en 2014 à -3,9% en 2015.
Le décollage économique encore possible
Notre interlocuteurestime, cependant, que le décollage économique est encore possible : il suffirait de renforcer la cohésion sociale et enterrer la hache de guerre, pour un retour au pays des réfugiés.Ceux-ci pourraient contribuer à l’édification de leur pays. Mais il faudrait aussi, indique-t-il, une classe politique responsable proposant une vision à plus long terme, et mobiliser les ressources pour le développement en tablant sur les trois secteurs porteurs de croissance identifiés dans le CSLP(Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté),en particulier dans l’exploitation et la vente des minerais où davantage de transparence devrait êtrede mise.
Le pays a encore besoin d’infrastructures de base, tellesque les routes et les barrages, car l’insuffisance énergétiqueconstitue aussi un frein aux investissements.
La diversification de l’économie nationale est la meilleure voie de solution
Pour le professeur Leonidas Ndayizeye, enseignant à l’université du Burundi à la Faculté des Sciences économiques, le Burundi vient de passer plusieurs années dans une situation de suspension des appuis financiers, et même techniques, de la part de ses principaux bailleurs, dont l’Union européenne. Il a alors été obligé de compter principalement sur les ressources internes. Ce qui, à court terme, contribue à déstabiliser son économie. Surtout, la rareté des devises, pour un pays qui dépend fortement des importations, a eu des effets négatifs sur l’économie et a contribué à la hausse des prix, précise-t-il.
Il dit enfinqu’avec le temps, la situation pourrait évoluer favorablement et que ces prévisions de la Banque Mondiale pourraient donc ne pas se vérifier à la fin de l’année, car ses hypothèses peuvent changer :« elles ne sont pas toujours vraies et réalistes, il faut les considérer avec beaucoup de précautions », ajoute-t-il.
Plusieurs facteurs expliquent l’écart de la croissance entre le Burundi et les autres pays
Pour François-Xavier Mureha, enseignant à l’université du Lac Tanganyika à la Faculté des sciences de gestion et d’économie appliquée, les perspectives de la Banque mondiale pour l’année 2021 montrent que les taux de croissance seront, en général, faibles pour les pays de l’Afrique-subsaharienne y compris ceux de la Communauté est-africaine.
Mureha estime que ces faibles taux de croissance sont la conséquence des perspectives de croissance des principaux partenaires commerciaux et financiers de l’Afrique (les pays développés), eux-mêmes handicapés par le contexte morose lié à la pandémie de la covid-19. Cela va se traduire par une baisse des exportations et des investissements directs de ces partenaires classiques des pays africains.
Pour éclairer cette situation, Mureha souligne que ce choc négatif dû au covid-19 ne devrait pas être, de toute évidence, ressenti de la même manière par tous les pays de la CEA. En effet, certains pays de la Région comme le Kenya, la Tanzanie et le Rwanda ont une base industrielle nettement plus étouffée par rapport à celle du Burundi, une offre touristique bien développée et la capacité d’attirer les investissements directs étrangers bien meilleure que la nôtre. Ces 3 facteurs expliquent l’écart entre les perspectives de croissance du Burundi et des autres pays de la CEA, estime ce professeur des universités.
Mureha estime que, pour remédier à cette situation, le Burundi devrait d’abord développer le tissu industriel, asseoir un bon climat des affaires pour attirer des investissements directs étrangers massifs, développer le tourisme sans oublier de capitaliser sur l’économie minière qui présente, aujourd’hui, un réel potentiel pour le pays.
Tout compte fait, le Burundi devrait aussi tout faire pour juguler les crises socio-politiques à répétition, puisque ces dernières sapent tout effort d’investissement et mettent à mal le climat des affaires, toutes choses de nature à hypothéquer la croissance économique et le développement dans notre pays.
Je suis tenté de lier cette dégringolade de l’économie burundaise au constat du Ministre Ndirakobuca à propos des taxes et impôts détournés au vu et au su de tout le monde. On voit bien que certains fonctionnaires (privilégiés) sont beaucoup plus occupés à utiliser les moyens de l’état pour construire leur propre maison ou villa à Gasekebuye ; construire la maison commune qu’est le Burundi est le moindre de leurs soucis. Il ne faut pas espérer que les indicateurs de l’économie passent au vert aussi longtemps que la corruption et la gabegie persisteront. La balle est dans le camp des autorités, si elles veulent bien siffler la fin des malversations et inaugurer une ère nouvelle.
Le Burundi, UN pays ? Ou un assemblage de groupes rivaux ou ennemis ?
JerryCan, penseur simpliste, estime que les tensions internes et les crises dans lesquelles elles s’épanouissent ne facilitent pas le développement du pays.
Donnez-lui tort, s’il vous plaît …